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Le 8 mars, c'est toute l'année

Aujourd'hui, du Pakistan à Paris, en passant par Ottawa, les pays développés aussi bien que les pays en voie de développement ont un besoin de plus en plus pressant d'accélérer les efforts pour la protection des droits des filles et des femmes, de promouvoir l'égalité des sexes et de réaliser des progrès concrets pour les filles et les femmes.
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People hold signs during a demonstration to protest violence againt women on the occasion of International Women's Day in Hollywood, California on March 9, 2013. The Vatican, Iran and other religious states are resisting efforts by a UN conference, which started on March 8, to demand tougher global standards to prevent violence against women and children. AFP PHOTO / JOE KLAMAR (Photo credit should read JOE KLAMAR/AFP/Getty Images)
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People hold signs during a demonstration to protest violence againt women on the occasion of International Women's Day in Hollywood, California on March 9, 2013. The Vatican, Iran and other religious states are resisting efforts by a UN conference, which started on March 8, to demand tougher global standards to prevent violence against women and children. AFP PHOTO / JOE KLAMAR (Photo credit should read JOE KLAMAR/AFP/Getty Images)

Lindsey Nefesh-Clarke est une des contributrices du réseau TEDxParis.

TEDxParis est un événement sous licence TED et l'une des conférences éditées par l'agence Brightness. Retrouvez l'actualité des conférences sur brightness.fr.

"C'est une fille : les trois mots les plus meurtriers au monde." En 2013, on pourrait espérer qu'il s'agisse d'une hyperbole. C'est une fille est le titre du film d'Evan Grae Davis sur le "gendercide" (génocide des femmes), sorti en 2012, qui relate la façon dont "en Inde, en Chine et de nombreuses autres régions du monde aujourd'hui, des filles sont tuées, avortées et abandonnées, simplement parce qu'elles sont des filles." A cela s'ajoute le phénomène de "discrimination à mort", selon l'expression du journaliste Nick Kristof, du New York Times. Dans son livre, coécrit avec Sheryl WuDunn, La moitié du ciel: les femmes vont changer le monde, Kristof écrit : "Davantage de filles ont été tuées dans ce 'génocide des femmes' en une seule décennie qu'il n'y a eu de victimes dans tous les génocides du XXe siècle."

Malheureusement, ce n'est pas une hyperbole.

"Regardez les femmes qui vous entourent. Pensez à celles que vous aimez, dans vos familles, dans vos communautés. Sachez qu'il est statistiquement probable qu'une grande partie d'entre elles ont été victimes de violences au cours de leur vie" a souligné le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, dans son discours pour marquer la journée internationale de la femme lors de la 57ème Commission de la condition de la femme, qui s'est achevée la semaine dernière. Le thème de la journée internationale de la femme, cette année, était "Une promesse est une promesse : il est temps de passer à l'action pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes." Ban Ki Moon faisait référence aux statistiques selon lesquelles 7 femmes sur 10 à travers le monde ont signalé avoir été victimes de violences sexuelles et/ou physiques à un moment de leur vie.

En 2013, aussi incroyable et révoltant que ce soit, la violence contre les filles et les femmes reste une pandémie mondiale. C'est la forme de violation des droits de l'homme la plus répandue à travers le globe. La violence envers les femmes traverse les frontières géographiques, ethniques, culturelles et sociales. Les femmes vivant dans une extrême pauvreté ou dans des situations de guerre ont certes tendance à être plus exposées à la violence. Mais celle-ci détruit des vies jusqu'ici, à nos portes, dans des pays riches, épanouis, libérés. En Europe, on estime que 20 à 25% des femmes ont connu des violences physiques au moins une fois dans leur vie. Les femmes et les filles sont les victimes évidentes - mais en réalité nous souffrons tous des violences faites aux femmes. Elles nuisent aux familles, aux communautés entières. En plus de la souffrance humaine, elles ont des conséquences économiques directes - en termes de perte de productivité par exemple - qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars par an.

L'an dernier, l'attentat à la vie de Malala Yousafzai, une écolière de 14 ans au Pakistan, et le viol en réunion qui a entraîné la mort d'une jeune étudiante indienne, ont fait l'actualité à travers le monde. Bien qu'il ne s'agisse hélas en aucun cas de faits isolés, le retentissement médiatique et les nombreuses manifestations provoqués par ces crimes sont, malgré tout, un signe de progrès. L'ampleur du phénomène destructeur de la violence contre les femmes et les filles mériterait d'être à la une tous les jours. Il nécessite de toute urgence une action concertée de la part des gouvernements, du secteur privé et du secteur civil. "Nous n'avons pas le luxe du temps: nous devons atteindre davantage de femmes et de filles, avant que la violence ne les atteigne" a insisté Ban Ki Moon qui, en 2008, a lancé la campagne globale "Tous unis pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes."

Heureusement, de bonnes nouvelles se dessinent dans le sombre tableau de la violence contre les femmes, comme l'a montré le message d'espoir de la journée internationale de la femme cette année : Michelle Bachelet, la directrice générale de l'ONU Femmes, a déclaré que le monde était à "un tournant" historique pour les droits des femmes.

De fait, le mouvement global pour la promotion féminine s'est considérablement amplifié ces dernières années. Ce mouvement est fondé sur la reconnaissance que l'égalité des sexes et la promotion féminine sont indispensables au développement durable. Ce constat fait consensus à travers tous les secteurs - public, privé et civil - et à tous les niveaux, de l'international au local.

Un vaste effort de recherche et d'innombrables études et initiatives - aux niveaux macro et micro, à la fois dans les pays en développement et dans les pays développés - montrent que la protection des droits des femmes et des filles et la promotion de l'égalité des sexes font partie des investissements les plus efficaces pour le progrès économique et social, partout dans le monde. La communauté internationale réalise progressivement que pour gérer les nombreux défis et transformations auxquels les sociétés d'aujourd'hui sont confrontées - la démographie, la pauvreté, la sécurité alimentaire, la durabilité environnementale et la sécurité - il est impératif de protéger les droits des femmes et des filles et de garantir la pleine participation des femmes dans les sociétés et les économies, à parts égales.

En France, cette année, la journée internationale de la femme a marqué le lancement de la campagne "le 8 mars, c'est toute l'année !", une initiative de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, qui s'inscrit dans le programme d'égalité entre hommes et femmes du gouvernement : "Pour une troisième génération des droits des femmes : vers une société de l'égalité."

Ce programme prévoit un "calendrier de l'égalité" : 12 mois d'événements visant à sensibiliser et à mobiliser tous les secteurs de la société en faveur des droits des femmes. En parallèle, le ministère a lancé la campagne Léa. "Vous avez sans doute fait la connaissance de la future Léa" annonce Najat Vallaud Belkacem dans son message de la journée internationale de la femme. "Comme toutes les jeunes filles de sa génération, elle va naître dans un pays où l'égalité femmes - hommes est encore à construire. Ce pays, c'est le nôtre."

Lors de la soirée d'inauguration de la campagne "le 8 mars, c'est toute l'année" à Paris, le Président François Hollande a présenté le plan du gouvernement et exposé ses actions passées et futures dans divers domaines en lien avec l'égalité homme-femme, de la lutte contre les stéréotypes sexistes dans l'éducation à la réduction de l'inégalité des salaires, depuis les efforts pour assurer aux femmes les mêmes opportunités professionnelles et la parité dans le domaine public jusqu'au renforcement des dispositifs de protection contre les violences faites aux femmes et le trafic humain, sans oublier les services essentiels aux femmes victimes de violences. D'après le site internet du gouvernement, "tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint."

L'objectif fixé par Najat Vallaud-Belkacem est très ambitieux, mais nécessaire: créer une "culture de l'égalité." Une des forces de la campagne "le 8 mars, c'est toute l'année" est de mobiliser un large spectre d'acteurs : collectivités, entreprises, associations, établissements scolaires et universitaires, artistes et médias. De plus, la campagne durera tout au long de l'année, "pour que pas une journée de l'année ne soit oubliée dans ce combat", d'après Najat Vallaud-Belkacem. Un autre atout de cette campagne est son objectif d'éliminer les stéréotypes, les normes et les discriminations sexistes qui sous-tendent l'inégalité des sexes et peuvent se manifester dans tous les aspects de la société. Ainsi, à la fin du mois d'octobre 2012, Najat Vallaud-Belkacem a organisé à Lyon une conférence intitulée "Le sexisme, c'est pas mon genre" pour traiter des stéréotypes sexistes - un problème qu'elle prend--et qu'elle encourage tout le monde à prendre--très au sérieux.

Aujourd'hui, du Pakistan à Paris, les pays développés aussi bien que les pays en voie de développement ont un besoin de plus en plus pressant d'accélérer les efforts pour la protection des droits des filles et des femmes, de promouvoir l'égalité des sexes et de réaliser des progrès concrets pour les filles et les femmes. Ceci pour sauver d'innombrables vies de femmes à travers le monde. Et pour amener des progrès socioéconomiques qui assureront à notre planète un avenir durable. C'est pour ces raisons que la protection des droits des filles et des femmes devrait toujours être une priorité, dans nos esprits et nos actions, chaque jour, partout. En d'autres termes, "le 8 mars, c'est toute l'année !"

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