Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Rona Hartner à Montréal: la Roumaine qui aime les Roms

Rona Hartner à Montréal: la Roumaine qui aime les Roms
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

C'est avec enthousiasme que j'ai eu la chance de rencontrer la fameuse Rona Hartner. Célèbre pour son rôle dans le film Gadjo-Dilo, elle est aussi chanteuse et a participé à plus de 11 albums et joué dans 21 films. Très connue en France et en Roumanie, elle est de passage à Montréal, jusqu'au 19 janvier pour effectuer une série de prestations avec le quartet de l'Orchestre tzigane de Montréal sous la direction du violoniste Carmen Piculeata.

Son premier concert à Montréal s'est déroulé jeudi soir à la Maison de la culture Ahuntsic-Cartierville. La salle de spectacle était remplie, la ligne d'attente était longue, une trentaine de personnes sont même venues sans billets pour avoir la chance de prendre une place vide.

Dans la salle de spectacle, on entend un public peu informé sur la culture rom : «Les gitans... je pensais qu'ils se pendaient dans les arbres et vivaient dans les caravanes en plastique». Une autre femme raconte à ses amis : «Je connais beaucoup de Roumains, mais ils ne s'assument pas en tant que Roms». Ce que cette femme venait de dire est très courant. Plusieurs personnes ne font pas la différence entre les Roms et les Roumains. Jusqu'à un point où en Italie et en France, les Roumains vivent souvent la même stigmatisation que les Roms.

L'idée d'une Roumaine qui aime la culture Rom est donc plutôt rare: Rona Hartner par contre en est un exemple. Connue comme étant l'icône de la musique rom, une danseuse de la musique tzigane, Rona est une Roumaine qui chante de la musique rom, pratique la danse rom, joue le rôle d'une Rom dans le film Gadjo-Dilo, mais elle n'a aucune origine tzigane.

Rencontrée dans sa loge avant son concert, elle me raconte son expérience avec cette culture.

Je pensais que vous étiez tzigane, mais vous ne l'êtes pas?

R.H Non je ne suis pas tzigane, dans ma famille on a des origines roumaines et allemandes. Je suis Roumaine, mais chez nous, il n'y a jamais eu un langage raciste envers les Roms, et j'ai une ouverture naturelle envers cette culture, on à toujours écouté la musique rom, elle fait partie des Balkans, pour nous c'est une richesse.

D'ou vient votre connexion à cette culture?

R.H J'ai grandi dans une maison bourgeoise de Bucarest, mais avec le communisme, on devait éliminer toutes les classes sociales, j'ai donc dû déménager dans un bidonville près de Bucarest à l'âge de dix ans, on s'est donc retrouvé avec des Roms... Et bien sûr c'est là que j'ai commencé à apprendre la danse rom et à avoir des amis roms. Nous ne sommes pas restés très longtemps, mais je suis restée avec se sentiment mélancolique.

Quelle est votre perception de ce peuple?

R.H Pour moi les stéréotypes positifs des Roms sont vrais, mais quant aux stéréotypes négatifs, je ne suis absolument pas d'accord. C'est complètement faux, les Roms sont des gens qui ont bon cœur et ils ont un cerveau qui n'est pas exploité, car personne ne veut leur donner un emploi. En France, ils n'ont souvent d'autres choix que la mendicité. Il y a une peur générale du Rom, qui est totalement fausse et alimentée par la presse. Je connais des gens magnifiques qui sont Roms et je n'ai pas peur de leur donner la clé de ma maison. Les Roms que je connais me parlent aussi de leur propre ségrégation, de certains groupes de Roms. Il y a des castes qu'ils évitent, car ils représentent le stéréotype négatif de leur culture, mais je suis certaine qu'il y a de bons arbres qui poussent dans ses familles aussi. Mettre tous les Roms dans le même paquet, c'est faire du mal à toute la population Rom.

Étant donné votre rôle dans Gadjo-Dilo, on vous a prise pour une Rom, avez-vous vécu la stigmatisation?

R.H Ah oui! J'ai beaucoup vécu la stigmatisation. J'ai osé m'habiller comme une Rom en Roumanie, et je recevais des insultes, des jurons, on me traitait de sale tzigane. Je suis entrée dans un magasin et on a fermé la caisse le moment où je suis rentré et ce sous mes yeux. Je suis allée dans un café que je fréquentais depuis longtemps avec la jupe tzigane et on a refusé de me servir. On m'a dit "Sortez d'ici, parce que maintenant c'est clair que vous êtes tzigane, tout ce temps on pensait que vous étiez Allemande, mais là on voit que vous êtes tzigane, sortez de là tout de suite.'' Tout le monde avait un avis sur moi sans même me connaître. En France lorsque je porte la jupe longue, les policiers me suivent. Je suis donc «guérie» de la jupe tzigane en publique, je la porte que sur scène.

Et c'est vraiment sur scène que l'on ressent sa fougue. Rona est à couper le souffle, une voix passionnée, une énergie bouillonnante. Si vous avez la chance, elle sera à Montréal jusqu'au 19 janvier.

17 janvier - ESPACE - 64 rue Prince Arthur (coin Wellington) - à 20h

18 janvier - MAISON VANDART - 5800,Grand Allée St-Hubert,Longueuil - à 19h

19 janvier - Master class - res.514-849-1327 - à 13h, place limitée

19 janvier - ROBIN DES BOIS - 4653 ,Boul. St-Laurent - à 15h

19 janvier - École de musique Wilfried Pelletier - 3545 rue Bélanger - à 18 h

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.