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Votre postérieur à l'assaut des sites de rencontres?

Presque tous les profils que l'on peut observer sur les sites de rencontres comportent au moins un égoportrait, communément appelé. Mais attention, il se peut très bien que le «» - c'est-à-dire une photo de votre cul - soit la prochaine tendance à s'emparer des médias sociaux.
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Presque tous les profils que l'on peut observer dans les sites de rencontres comportent au moins un égoportrait, communément appelé selfie. Mais attention, il se peut très bien que le « belfie » - c'est-à-dire une photo de votre cul - soit la prochaine tendance à s'emparer des médias sociaux.

« Le belfie est le nouveau selfie », a proclamé ironiquement le gourou numérique d'AOL David Shing lors de la plus récente édition de C2 Montréal.

Assise dans l'auditoire de cette conférence portant sur la créativité et le commerce, je me suis mise à imaginer à quoi pourraient ressembler les photos de profil de l'avenir. Il va sans dire que les « belfies » porteraient le vieux débat fesses-poitrine à un tout autre niveau. Mais contrairement aux photos de visage, l'anonymat qu'ils procureraient aurait un certain mérite.

En tant que conseillère de rencontres en ligne, la transparence est le concept qui ressort le plus souvent des discussions avec mes clients célibataires. La plupart se disent fatigués des partenaires éventuels qui mentent au sujet de leur âge ou de leur revenu annuel. Les interlocuteurs qui cherchent à gagner du temps en fournissant des réponses vagues n'ont guère la cote eux non plus. « S'il est membre de ce site dans le but de trouver une conjointe, pourquoi hésite-t-il à répondre à mes questions ? », m'a déjà demandé une cliente.

Pour donner lieu à des conversations plus franches et authentiques, je crois que les sites de rencontre gagneraient à devenir plus anonymes.

La quête virtuelle d'un partenaire a donné naissance à ce que David Shing appelle « broadcasting ». Il s'agit d'un type de communication où les participants racontent ce que le public veut supposément entendre en dressant un portrait calculé et peu authentique d'eux-mêmes. À vrai dire, les sites de rencontres demandent à chaque personne de se décrire en quelques paragraphes, et ce modèle n'a jamais évolué. Même les nouvelles applications comme Tinder contiennent un espace à cet effet. Si les profils mensongers sont moins fréquents qu'autrefois, nous sommes encore loin de la véritable transparence.

En tant que dépisteur de nouvelles tendances technologiques, Shing a remarqué que les adolescents utilisent de plus en plus les avatars pour communiquer de manière honnête dans les réseaux sociaux. Leur comportement rappelle la belle époque du clavardage, lorsque notre surnom AIM était notre seule forme d'identité.

« Les ados agissent ainsi non pas pour cacher leurs mauvais coups, mais parce que leurs univers physique et virtuel ne font qu'un », affirme-t-il. L'avatar leur permet de dissocier leurs idées de leur identité. Il leur permet d'établir des liens plus profonds sans crainte que leur apparence physique n'influence les perceptions de la communauté - c'est-à-dire leur statut de personne cool ou non, le cercle d'amis auquel ils devraient normalement appartenir, etc.

Shing qualifie de « narra-casting » cette discussion intime propre aux adolescents. « Les gens ont les échanges numériques les plus riches lorsque leurs intérêts mutuels prennent le dessus sur la notion d'engagement. »

Appliquer cette forme de communication narrative aux sites de rencontre donnerait aux célibataires une opportunité d'aller au-delà des questions et réponses conventionnelles. Lorsque les adolescents d'aujourd'hui auront l'âge de s'inscrire à des réseaux de rencontres, ils exigeront un environnement dans lequel ils se sentent confortables. Or, les adultes ont besoin de transparence dès maintenant, et les sites et applications actuels doivent trouver un moyen de les accommoder.

Il n'est pas nécessairement question de tomber dans des échanges ennuyeux. Après tout, la quête d'un partenaire doit aussi être amusante ! Or, je constate que les interfaces actuelles privilégient la popularité et les expériences accrocheuses au détriment des véritables intentions de leurs membres. Avec pour résultat que les célibataires en quête d'une relation sérieuse ne se retrouvent pas dans les outils créés à leur intention.

Les choses doivent changer. Malgré la profusion de nouvelles applications disponibles, nous n'avons pas encore franchi l'étape de l'écrémage (une autre belle analogie de David Shing), qui consiste à consommer et rejeter de l'information rapidement. Je vois des clients et des amis glisser des photos à gauche ou à droite en une fraction de seconde, de manière très arbitraire; or il me semble que la lenteur serait bien plus efficace.

Je crois qu'il est vraiment possible de rencontrer l'âme sœur en ligne et que les réseaux conçus à cet effet sont là pour rester. Même l'amour en 140 caractères existe, puisque mon mari et moi nous sommes rencontrés sur Twitter ! Cela dit, les sites et applications devront trouver le moyen de privilégier les interactions du cœur plutôt que les interactions visuelles. Est-ce que cela implique de remplacer votre égoportrait par un « belfie » ? L'avenir nous le dira.

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