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Le plaisir physique de faire un cadeau

La période des fêtes sensibilise à une expérience psychologique très courante, qui nous montre que nous sommes mentalement façonnés à éprouver une forme de contentement lorsque nous gratifions les autres, qui peuvent être nos proches mais aussi de parfaits inconnus.
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La période des fêtes sensibilise à une expérience psychologique très courante, qui nous montre que nous sommes mentalement façonnés à éprouver une forme de contentement lorsque nous gratifions les autres, qui peuvent être nos proches mais aussi de parfaits inconnus.

Cette idée a été illustrée avec simplicité dans une étude publiée dans une intéressante publication de la revue Science. Des passants étaient approchés un matin dans des lieux publics où l'on mesurait leur bonheur subjectif au moyen d'un court questionnaire. Puis, on remettait aléatoirement à certains d'entre eux la somme de 5 ou 20 dollars.

Dans chacun de ces deux groupes, on donnait pour instructions à la moitié des participants de les dépenser en les utilisant pour eux, et à l'autre d'en user pour offrir un cadeau à d'autres personnes ou faire un don à une œuvre caritative. En fin de journée, on leur téléphonait et leur bonheur subjectif était à nouveau évalué.

Les résultats ont montré que ceux qui avaient eu pour consigne de dépenser l'argent pour d'autres étaient plus heureux que ceux qui en avaient fait usage pour eux-mêmes.

L'entrain que nous éprouvons parfois lorsque nous contribuons au bien-être d'autrui est un indice éloquent de notre inscription sociale.

Renoncer volontairement à des ressources individuelles pour le bien de la société est un thème dont Émile Durkheim a analysé les linéaments il y a plus d'un siècle dans son livre l'Éducation morale. Le sociologue français n'aurait pas été surpris des résultats d'une autre étude montrant qu'une zone cérébrale du plaisir, le striatum ventral, s'active chez les individus lorsqu'ils versent de l'argent à un fonds destiné à la collectivité.

On utilise parfois l'expression "la douloureuse" pour désigner l'avis d'imposition. Cet usage n'a de sens que pour des personnes qui ne considèrent pas leur contribution fiscale comme une marque d'intégration sociale et de participation collective. Les autres se privent de ce plaisir physique.

Personne n'ira jusqu'à dire que les exilés fiscaux sont masochistes, mais chacun est d'accord pour leur faire cadeau d'un peu de pitié.

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Dunn, E. W., Aknin, L. B., & Norton, M. I. (2008). Spending money on others promotes happiness. Science, 319, 1687-1688.

Harbaugh W. et al., "Neural responses to taxation and voluntary giving reveal motives for charitable donations", Science, 2007, 316, p. 1622.

Psychologie du bien et du mal par Laurent Bègue

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Paris : Odile jacob - 2011

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