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T'es belle, t'es bonne, t'es capable

J'ai cessé de dire à mes enfants quand quelque chose brisait dans la maison «on demandera à papa de le réparer», comme j'ai pu entendre petite. Non, maintenant je dis «maman va le réparer, je suis capable de le faire».
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Si vous avez été présents les dernières semaines au Québec, il est impossible d'avoir manqué, dans les médias, le nombre de tribunes où nous avons parlé de féminisme!

C'est assez intéressant dans mon cas, puisqu'il a fallu que je donne naissance à une petite fille pour que la féministe en moi prenne toute sa place. À présent, je me bats quotidiennement (contre moi surtout), pour que ma petite fille puisse avoir tous les outils qui feront d'elle une femme confiante et épanouie.

Avant même de crier haut et fort que je voulais que les droits des femmes soient reconnus et entendus, j'ai vite compris, que c'était à la maison que ça se passait. Il était surtout là le premier combat. En effet, je devais porter le message de l'égalité homme femme dans mes petits gestes au quotidien, ceux que ma fille et mon garçon imitent tous les jours de leur vie... Certains diront que je me suis mis de la pression pour rien...moi je sais que dès l'enfance, notre conception du rapport homme/femme vient s'ancrer profondément dans notre subconscient.

J'ai été élevée par un père qui me considérait comme une fille très intelligente et me répétait tous les jours que je pouvais faire ce que je voulais dans la vie. Je sais aussi que j'ai grandi avec des parents d'une autre génération, où les modèles hommes/femmes traditionnels étaient très présents à la maison. De façon très caricaturale, mon père coupait la dinde et ma mère la cuisinait, d'une merveilleuse façon, mais tout de même. Mon père était aussi un homme dominant, un mâle alpha, si je peux dire sans que cela soit péjoratif.

Malgré le fait que ma mère est une femme de caractère, j'ai tout de même grandi avec cette idée que l'homme était plus dominant que les femmes, que je devais les respecter un peu plus, que quand il parlait un peu plus fort, je devais les écouter davantage...si mon père était toujours en vie, il serait très surpris de ce témoignage...

Cela m'a pris plusieurs années pour comprendre que j'avais une forme de complexe face aux hommes, que je les laissais parler davantage, les confrontais un peu moins, que je n'avais pas le même rapport d'autorité lorsque j'avais des patrons hommes que des patrons femmes...j'ai beaucoup travaillé à améliorer ce côté de ma personnalité, forgé par mon éducation.

À 37 ans, je dois encore développer cette confiance en moi, de ne pas être intimidée lorsque je suis majoritairement avec des hommes autour d'une table, lorsque je participe à un débat et que je dois dire ce que je pense. Surtout, de ne pas avoir peur des jugements des autres...et surtout ceux des hommes.

C'est pourquoi je me suis juré que ma fille saura dire à son père et à son frère qu'elle est capable de tout faire aussi bien qu'eux (et si non, cela ne sera pas basé sur le fait qu'elle soit une fille) et je me suis aussi juré qu'elle aura cette confiance en elle et en ses opinions. Pour ce faire, je dois moi Krystel, lui montrer l'exemple.

J'ai cessé de dire à mes enfants quand quelque chose brisait dans la maison «on demandera à papa de le réparer», comme j'ai pu entendre petite. Non, maintenant je dis «maman va le réparer, je suis capable de le faire». J'ai aussi cessé de dire à mes enfants lorsqu'ils avaient peur avant de dormir, puisque leur père n'était pas à la maison, «papa va revenir bientôt mes amours». Non, maintenant je dis «maman est là et elle est capable de vous défendre avec ses coups de karaté supers puissants, je suis forte moi aussi!».

Ce sont des petits détails vous direz, mais depuis, mon fils ne me dit plus qu'il va demander à papa de réparer son jouet et mes enfants n'ont plus peur quand leur père n'est pas à la maison...

Pour m'assurer que mes enfants aient les bons outils, je me bats aussi tous les jours pour que mon fils fasse à manger à la maison, qu'il mette la table, range ses vêtements et que ma fille ait la confiance de réparer un jouet brisé, de jouer au hockey et de grimper où elle le veut bien (comme j'autorisais son frère à le faire).

Je me donne aussi l'obligation de reprendre son grand-frère à propos de phrases que j'entends ou de mots qu'il lui dit que je n'accepte pas.

Ma fille avait ce matin son petit sac à dos léger comme une plume et son frère lui a dit «tu n'es pas capable de le porter, tu n'es pas assez forte». «Oui, elle est capable tu sauras!», me suis-je surprise à lui répondre du tac au tac! Je sais que mon fils ne comprend pas encore l'impact de ces mots, mais il est surtout important qu'il comprenne que sa soeur peut faire autant de choses que lui, et ce, dès son plus jeune âge.

Cela est aussi une autre façon, pour moi, de m'assurer d'élever mes enfants dans le respect d'autrui, mais aussi dans le respect des femmes, le respect de leurs capacités, de leurs prises de parole, de leurs décisions, de leurs corps, il y a tout ça aussi dans le féminisme que je veux inculquer à mes enfants.

En cette Journée internationale de la femme, je me dis qu'il est à notre tour de nous «laisser parler d'amour», chères femmes. Soyons dignes, soyons surtout confiantes en nos capacités et ayons moins peur du jugement des autres. Cela permettra à nos enfants de nous regarder fièrement et de croire à un monde égalitaire! Bonne fête !

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