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Le 20 mars, épargnons les animaux de nos assiettes

Ce jeudi 20 mars, comme chaque année depuis 1985, se déroulera la journée internationale sans viande. C'est l'opportunité pour nous, également, de s'interroger sur la pertinence de notre alimentation essentiellement composée de produits d'origine animale.
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Ce jeudi 20 mars, comme chaque année depuis 1985, se déroulera la journée internationale sans viande, relayée notamment en France par l'association International Campaigns. À cette occasion, des actions locales dirigées par plusieurs associations sont prévues dans toutes les grandes villes de la métropole afin de permettre de faire découvrir les alternatives à l'alimentation carnée. C'est l'opportunité pour nous, également, de s'interroger sur la pertinence de notre alimentation essentiellement composée de produits d'origine animale.

En effet, alors qu'une étude récente remet en cause la sacralisation des protéines animales dans nos assiettes, nos habitudes nous conduisent à n'imaginer que difficilement d'autres options qu'une alimentation reposant sur la consommation de produits d'origine animale. Cette question des habitudes alimentaires en dit beaucoup sur notre rapport aux animaux. Le Dr Melanie Joy, professeure en psychologie sociale à l'université du Massachusetts, a introduit un concept de plus en plus utilisé dans la langue française, bien que toujours absent dans nos dictionnaires, pour expliquer les mécanismes qui rentrent en jeu dans la banalisation de l'alimentation carnée: il s'agit du carnisme (1).

Imaginez-vous, lors d'un repas auquel vous avez été convié, que l'on vous serve un plat succulent à base de viande. Il vous vient alors à l'idée de demander à votre hôte la recette du plat tant apprécié. On vous répond élégamment : "Tu prends environ 220 grammes de golden retriever bien mariné et ensuite...". Attendez, un chien dans mon assiette? Vous semblez révolté, pourtant le sort des animaux qui finissent dans nos assiettes n'est pas différent de l'exemple du chien précité. Nos règles de distinction entre les espèces quotidiennement consommées n'obéissent à aucun fondement rationnel. En effet, lors de l'affaire du chaton Oscar projeté contre un mur, l'indignation générale est allée bien au-delà du raisonnable au vu des conséquences heureuses pour ledit chaton.

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Lorsque j'ai rédigé mon article sur ce fait divers en vue de dénoncer l'incohérence qu'il existe entre le fait de s'émouvoir pour le sort d'un chat finalement bien chanceux, et la légitimation permanente de l'extermination et l'exploitation massives des animaux pour la consommation humaine, il m'a été reproché de faire un amalgame douteux entre deux évènements strictement distincts. Farid de la Morlette aurait agi de manière cruelle pour s'amuser ou amuser son entourage. Lorsque nous consommons des animaux, nous le ferions soi-disant par nécessité, habitude ou bien par culture, mais non par cruauté.

Pourtant, quelques jours plus tard dans un zoo de Copenhague, le girafon Marius est dépecé devant le public composé en partie de jeunes enfants, les morceaux de chair étant destinés aux lions. Encore une fois, l'indignation est générale. Pourtant, la destination de ce pauvre girafon était bien la consommation. Alors, où était le problème? Hé bien oui, un girafon c'est mignon. De surcroît, il s'appelait Marius. Les animaux que nous ingérons n'ont pas de nom, d'identité ou d'histoire. Ce sont de simples marchandises destinées à agrémenter nos palais. Finalement, tous les animaux que nous consommons sont comme ce malheureux Marius. À la différence près que, alors qu'il est indispensable pour les lions de consommer de la chair animale, il nous est tout à fait possible de vivre sainement sans consommer de produits issus de l'exploitation des animaux. Pour quelle raison, donc, continuons-nous à favoriser, par notre indifférence générale, l'exploitation et l'extermination des animaux?

Pour expliquer cette idéologie "invisible" qu'est le carnisme, le Dr Joy introduit le système des "trois N" : manger des animaux serait "normal, naturel et nécessaire". Elle explique que ce système n'est pas exclusif à l'exploitation animale. En effet, pour légitimer l'exploitation des hommes à travers l'esclavage ou bien l'extermination d'individus à l'instar, par exemple, de l'holocauste nazi, le système des "trois N" a toujours été employé comme justification à l'horreur humaine.

Pourtant, les normes ne sont que des "constructions sociales" qui sont faites de telle manière que nous suivons le trajet prédéterminé d'un "pilotage automatique", sans se rendre compte toutefois qu'il s'agit, en fait, d'un chemin que nous n'avons pas consciemment choisi. Nous pensons avoir le choix alors que cette habitude de consommer des produits d'origine animale est inculquée depuis le plus jeune âge. Essayez, afin d'étayer ce raisonnement, de vous souvenir de l'instant où vous avez décidé de consommer des animaux.

Ce qui est naturel n'est pas non plus synonyme de moralité. Charles Darwin écrivait que "les animaux que nous avons réduit en esclavage, nous n'aimons pas les considérer comme nos égaux". A l'instar des hommes que nous avons par le passé réduit à l'esclavage, les animaux subissent aujourd'hui la supériorité autoproclamée des hommes. L'idéologie esclavagiste considérait d'ailleurs comme naturel d'exploiter des hommes pour les intérêts de la race supérieure. Pourtant, la légitimation sociale de l'esclavage est de nos jours, et heureusement, révolue. Ce qui semble naturel aujourd'hui pourrait prochainement paraître comme une ignominie.

Enfin, il est de plus en plus établi que la consommation de produits animaux n'est non seulement pas nécessaire, mais bien souvent à éviter. Rappelons que le désormais fameux rapport de l'Association Américaine de Diététique (ADA), la plus grande association de nutritionnistes avec près de 72 000 membres, approuve que "les alimentations végétariennes bien conçues (y compris végétaliennes) sont bonnes pour la santé, adéquates sur le plan nutritionnel et peuvent être bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies". À partir du moment où il nous est possible de vivre sainement tout en ne favorisant pas l'exploitation des animaux, pourquoi devrions-nous nous empêcher de devenir végétaliens?

Si la souffrance avait un poids, le monde s'écroulerait sous nos pieds. Le 20 mars, c'est l'occasion d'adopter une autre manière de vivre, en adéquation avec les valeurs morales de notre époque. Puisque rien n'explique l'injustice faite à l'encontre des animaux et puisque nous refusons la cruauté gratuite, il est temps d'intégrer tous les animaux, sans distinction d'espèce, dans le champ de notre communauté morale. Il est temps d'épargner les animaux de nos assiettes. C'est le moment pour nous de devenir végétaliens.

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(1) Melanie Joy, "Why we love dogs, eat pigs and wear cows - An introduction to carnism", 2010

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