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Non, mon mari ne s'est pas «contenté» d'une grosse

On nous inculque bien souvent dès le plus âge que pour avoir une vie de rêve, il convient de rester aussi mince que possible. C'est sans doute pour cela que l'on voit peu d'hommes au bras de femmes rondes dans les médias.
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On nous inculque bien souvent dès le plus jeune âge que pour avoir une vie de rêve, il convient de rester aussi mince que possible. C'est sans doute pour cela que l'on voit peu d'hommes au bras de femmes rondes dans les médias. Selon les canons de notre société, les types minces et beaux ne doivent être qu'avec des femmes minces et belles. Dans les dessins animés, les princesses qui s'enfuient à cheval avec leur prince charmant sur fond de soleil couchant n'ont jamais des formes très généreuses, et les Rebel Wilson de ce monde ne jouent pas les petites copines de Brad Pitt au cinéma. Les gros vont avec les gros, les minces avec les minces. Point barre.

La plupart d'entre nous sommes d'accord pour dire que, dans les pays développés, les personnes rondes sont plutôt considérées comme des citoyens de seconde classe, censés détester leurs corps. On nous bombarde de publicités sur les régimes, les pilules amincissantes ou la chirurgie esthétique, et des collectifs anti gros, comme Project Harpoon et Thinner Beauty, nous harcèlent. C'est triste à dire, mais certaines personnes rondes ont du mal à croire qu'elles puissent plaire à des types "séduisants", dans la vie ou à l'écran. Je sais d'expérience que les compliments d'un copain potentiel m'ont bien souvent parus suspects. Mais je sais aussi que le dégoût de soi est incompatible avec une relation, surtout la relation à soi. C'est mon mari - sexy juste comme il faut - qui me l'a appris.

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Image via Kat Stroud/House Of Winter

Durant les premiers mois de ma relation avec ce bel homme, je doutais de tout. Il était beau à se damner, pas seulement à mes yeux, mais aussi aux yeux de la société, et je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi il restait avec moi. Qu'est-ce qui lui avait pris de me proposer de sortir avec lui? Est-ce qu'il voulait juste savoir ce que ça faisait d'être avec une grosse? Est-ce que c'était comme dans ce film où le beau mec demande à la "grosse truie" de sortir avec lui pour se moquer d'elle? J'avais envie de croire que j'étais "à la hauteur" pour être avec lui, que je l'attirais vraiment. Mais les doutes que notre culture avait fait naître dans mon esprit persistaient, détruisant au passage le peu de confiance en moi que j'avais pu avoir.

Je n'arrivais pas à me dire que j'étais assez bien pour lui, même quand nous avons commencé à sortir ensemble pour de bon. Était-il en train de mater cette blonde longiligne, juchée sur ses hauts talons? Étais-je sa copine la plus grosse? Ce flot de pensées négatives n'était alimenté que par les regards auxquels nous avions droit lors de nos sorties en public. Je sentais la désapprobation rien qu'en voyant l'expression des gens que j'entendais murmurer sur notre passage. Ils trouvaient clairement notre couple étrange.

Finalement, j'ai trouvé le courage de lui poser toutes ces questions qui me torturaient. Le mélange de rage, de surprise et d'indignation qu'il a ressenti était bien réel, car il ne lui était jamais venu à l'esprit que les gens nous jugeaient, et il était sidéré de constater que je ne me trouvais pas très belle. Et vous savez quoi? Le fait que mes rondeurs ne lui posent pas de problème, et qu'il me voie comme une femme désirable, belle, attentionnée et indépendante, m'a fait comprendre que j'avais passé bien trop de temps à m'inquiéter du regard des autres, et pas assez à m'intéresser à ce que je ressentais, moi, pour mon corps. On sait bien qu'il est important de s'accepter tel que l'on est, sans avoir besoin de l'approbation d'autrui, mais il suffit parfois qu'une personne fasse taire nos remarques négatives pour que nous les voyions enfin pour ce qu'elles sont, dans toute leur absurdité.

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À mesure que je m'autorisais à prendre confiance en moi, je me rendais compte que je me sentais de plus en plus sexy. Sans lingerie, bijoux ni talons hauts. Je savais que j'étais belle, et que j'avais le droit de définir ce mot comme je l'entendais.

Dans cette société qui tire profit de nos doutes, choisir de s'aimer est un acte de rébellion. Quand des gens nous voient ‒lui, le "beau mec", et moi, la "grosse"‒ en train de nous embrasser ou de nous faire des compliments, ils sont confrontés à leurs stéréotypes. Certains sont mal à l'aise, mais quand votre partenaire et vous n'avez pas honte de votre corps, l'opinion des autres devient secondaire.

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Cet article initialement publié sur le Huffington Post États-Unis a été traduit de l'anglais.

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