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Les selfies sexy

Ce comportement risque de devenir compromettant pour notre couple si nous jouons à ce petit échange avec une tierce personne. Cela devient-il une infidélité?
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En surfant sur le net, j'ai constaté qu'il y aurait plus d'un million de selfies envoyés chaque jour à travers la planète. J'ai fait une recherche sur Google en tapant le mot «porn»: 391 000 000 résultats explosifs sur le sujet sont apparus.

Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est un selfie, je vous partage la définition de Maud Hagelstein dans son article scientifique «Mises en scène de soi dans les médias sociaux». Je la cite: «Un selfie est un autoportrait photographique visant la promotion de soi - éventuellement narcissique - sur les médias sociaux».

Mon lien avec la popularité du mot «porn» sur Google et le selfie sexy est la tendance pornographique sous-jacente et/ou à caractère sexuel qui rôde dans les téléphones autant de jour que de nuit.

Faisons un petit historique de l'évolution du SMS (Short Message Service). Au départ, nous avons rencontré le texto, nous familiarisant avec ce mode de communication high-tech dernier cri. Puis vient ensuite le sexto, ce petit dernier conçu pour stimuler notre chakra sacré caractérisé par des messages chauds envoyés entre amants intimes pour stimuler le désir ou s'exciter virtuellement. Et pour les plus audacieux, les selfies sexy sont venus combler la place de l'ennui, car nous savons tous qu'une image vaut mille mots; beaucoup plus explicite en effets visuels. C'est justement pour cette raison que l'application Snapchat pour les téléphones a été créée, soit de prendre un autoportrait intime en ayant au préalable décidé dans quel délai (1 à 10 secondes) notre hôte le verrait s'effacer de son téléphone; ainsi pas de trace de notre penchant exhibitionniste.

Ce qui me porte à écrire un article sur le sujet du selfie sexy, c'est le caractère pernicieux de cette nouvelle tendance. Jusqu'à quel point ce comportement risque de devenir compromettant pour notre couple si nous jouons à ce petit échange de selfie sexy (à la limite pornographique) avec une tierce personne. Cela devient-il une infidélité? Ce besoin de séduire par une photo de notre décolleté ou de montrer notre fessier en leggings ajustés est-il rendu la normalité parce que plein de monde le fait? Cette forme d'attention ne devient-elle pas maladive et ne servirait-elle pas à valider une estime de soi plutôt fragile? Ne cacherait-elle pas un besoin admiratif démesuré pour réassurer une identité diffuse?

Ce texte se veut avant tout un moment de réflexion. Jusqu'où va aller cette glorification de l'image, du moi égocentré? Dans un autre article relatant la hausse du nombre des chirurgies esthétiques en 2014, les médecins citaient que les gens voulaient une rhinoplastie car leur nez paraissait trop gros sur leur selfie. Je me sens tout de même assez consternée devant cela. Oui, si la personne est complexée pour son nez proéminent qui lui cause des malaises, mais pour paraître mieux sur les selfies?

Je discutais avec une collègue dans la fin vingtaine à propos de cette tendance des selfies sexy et comment je lui exprimais ma désapprobation concernant l'abondance de ceux-ci sur les médias. Ce n'est pas une question que de jalousie, je n'ai simplement pas besoin de cette surabondance d'attention tournée sur mon corps. Elle me répondit le plus banalement possible: «tout le monde fait cela maintenant!». Euh, non, pas tout le monde. Où est la limite entre le faire pour stimuler notre désir entre adultes consentants sur notre cellulaire un soir de pluie, et se prendre en photo plusieurs fois par jour pour publier notre œuvre sur le net et attendre la montée des pouces en l'air se multiplier pour nous admirer? Où est la limite entre la tenue sexy pour allumer notre amoureux et envoyer des photos de nous complètement nu à quelqu'un que nous connaissons à peine, rencontré sur un site de rencontres? Où est la limite entre l'intimité et la visibilité? Entre santé et insanité?

J'ai envie de nourrir des valeurs plus importantes comme l'humilité, la discrétion, la sobriété dans les images que je publie sur les réseaux sociaux. Je crois même que les médias ne devraient être utilisés que pour envoyer de l'amour et des belles pensées, mais ça c'est mon côté idéaliste-sentimentaliste qui parle. Je ne critique pas les personnes en quête du rehaussement de leur ego mal aimé. Je peux comprendre parfois la subtilité de tomber dans le piège de cette glorification narcissique. Selon moi, les personnalités de type névrotique à tendance obsessionnelle-compulsive pourraient être susceptibles d'utiliser des selfies plus fréquemment que les autres. Les personnalités narcissiques et histrioniques aussi. Mais comme dirait la sagesse, il y a du bon dans tout.

Réfléchissons: est-ce une infidélité d'envoyer des selfies sexy à une autre personne que notre amoureux ou amoureuse? Est-ce un comportement qui satisfait réellement un besoin d'amour et de reconnaissance que de publier une photo de soi à moitié nu sur Instagram ou Facebook? Ne devrions-nous pas nourrir notre estime de soi par des actions plus significatives?

Je le souhaite à notre société, notre société qui parle peu souvent de ses déviances à caractère obsessif. Gardons-nous donc une petite gêne. Peut-être grandirons-nous un peu en sérénité et laisserons-nous la place à des valeurs beaucoup plus cimentées, comme d'être aimé pour autre chose qu'un corps bien dessiné. Peut-être que les personnes que nous attirerons dans notre vie nous aimerons mieux, et avec plus d'authenticité...

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