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La légalisation de la prostitution, un enjeu de la campagne électorale?

Ce n'est pas une question de décider si c'est bien ou mal de vendre des services sexuels. C'est une question de sécurité.
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Écrire un article sur le travail du sexe et, plus précisément, la légalisation de la prostitution est, selon moi, audacieux. Je suis consciente que les plus puritains d'entre vous ne pourront pas imaginer rendre la prostitution légale, car probablement votre vision est d'ordre moral.

D'emblée c'est possible que vous ne considériez qu'un côté de la médaille: les femmes qui s'adonnent à vendre des services sexuels comme des victimes. Que pensez-vous de celles qui le font de plein gré, en toute liberté et pour des raisons personnelles qui leurs appartiennent?

Il y a aussi les mentalités qui voient uniquement dans le travail du sexe, «les escortes, les masseuses, les danseuses, les dominatrices, les filles qui travaillent directement dans la rue», des personnes immorales qui n'ont aucune valeur. Elles sont souvent carrément traitées de «pute» ou autres titres les stigmatisant.

Je les appellerai «les travailleuses du sexe» par respect humain, et pour éviter de réduire la pratique de leur travail à une étiquette.

Le travail du sexe existe depuis que le monde est monde, la prostitution fait partie de notre société. En étant illégale, nous fermons les yeux sur une réalité qui continuera d'exister. Nous la maintenons dans des conditions exposées au VIH, à l'hépatite C, à la violence. Nous stigmatisons ces travailleuses et travailleurs, nous les exposons à des risques de toutes sortes, nous les rendons vulnérables en les obligeant à la clandestinité.

En écrivant cet article, je souhaite susciter votre ouverture d'esprit et peut-être, vous inspirer à voir, au-delà de l'acte sexuel, la personne.

Cette personne qui mérite d'être traitée avec respect et dignité, peu importe le métier qu'elle choisit aujourd'hui. Avant tout, j'aimerais parler au nom de toutes les femmes qui un jour, ont été jugées et exclues pour des choix qu'elles avaient faits. Nul besoin d'avoir travailler dans l'industrie du sexe pour avoir vécu la violence, la discrimination, le rejet ou de la stigmatisation devant des choix que nous pouvons faire: pensons au mariages gai et au racisme, entre autres.

Connaissez-vous la loi C-36? Savez-vous pourquoi il est avantageux pour les travailleuses du sexe de décriminaliser la prostitution?

Je vous résume très brièvement. Avant, la loi pénalisait les travailleuses du sexe qui s'adonnaient à des activités d'échanges de services sexuels. La sollicitation constituait un crime. Ceci avait pour conséquences de mettre en péril la vie des femmes, car étant donné le caractère criminel de son travail, la violence, les endroits où travailler, le droit à des soins de santé dignes et respectueux, d'être traitée comme une vraie personne par les policiers et les médecins, étaient souvent bourrés de discrimination et d'exclusion et, surtout, de dangers variés.

Avec la loi C-36, les travailleuses du sexe ne sont plus considérées comme des criminelles si elles travaillent, mais tout ce qui entoure la pratique de leur métier l'est: l'endroit, l'agence, la réceptionniste, le client, etc.

Donc sa pratique reste encore à risque car tout ce beau monde peut être inculpé de crime s'ils sont impliqués dans des services avec la travailleuse du sexe. Le gouvernement doit donc réviser la loi pour la rendre constitutionnelle afin que les femmes travaillent en toute sécurité.

En décriminalisant la prostitution, les travailleuses du sexe pourront bénéficier d'une reconnaissance pour leur travail, car c'est un vrai travail.

Elles pourront travailler dans des endroits plus sécuritaires. Les personnes qui gravitent autour d'elles, comme leur chauffeur, leur gérant, la réceptionniste, le client, ne seront plus des criminels, et elles pourront aussi recevoir des soins de santé par des professionnels respectueux, exempts de stigmatisation comme toute personne normale.

Les clients vont moins abuser d'elles, car ils sauront qu'elles peuvent être mieux protégées et oseront davantage porter plainte si des agressions étaient commises.

Ce n'est pas une question de décider si c'est bien ou mal de vendre des services sexuels

Ici, c'est une question de sécurité, de veiller à ce qu'une personne qui a choisi de pratiquer le «plus vieux métier du monde» puisse le faire dans des conditions de vie et de travail adéquates.

C'est une affaire personnelle à chacun. Une personne peut bien faire ce qu'elle veut de son corps tout en étant une bonne mère de famille, en payant ses impôts et en pratiquant son métier en toute sécurité.

Une femme ayant une relation sexuelle avec un homme consentant satisfaisant un besoin sexuel ou affectif contre rémunération n'est pas un crime. Ils sont libres de faire ce choix. Si une femme et un homme sont à l'aise avec cette pratique, de quel droit les juge-t-on? Si nous légalisons le travail du sexe, les personnes qui l'exercent auront de meilleures conditions de travail et de vie, et c'est là toute la pertinence de la question.

Le Parti libéral (PLC) promet de réviser la loi C-36. Le Bloc québécois reste vague sur ses projets et voit davantage les femmes qui font profiter d'elles, et non celles qui le font de plein gré. Pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), la question est en lien avec la pauvreté, et il semble dire qu'ils réviseront aussi la loi C-36.

J'espère vous avoir un peu éclairés sur un sujet important de notre société, et que vous saurez un peu mieux vous positionner lors des élections prochaines.

Je vous invite à lire des articles supplémentaires pour approfondir votre connaissance sur la question ici, ici et ici

À bientôt !

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