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Les parents québécois sont-ils sur la corde raide?

Est-ce qu'assumer ses responsabilités parentales dans le rythme de vie actuel relève du domaine de l'exploit ?
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Devenir parent donne un sens singulier à la vie. Ce rôle, relevé par certains d'entre nous, est certes l'un des plus formateurs et significatifs. L'amour inconditionnel qui naît de ces relations uniques, qui s'enrichissent au gré des expériences et des apprentissages mutuels, est incomparable. Mais tout n'est pas si simple. Il faut tout de même admettre qu'être parent à notre époque comporte son lot de défis et de surcharge quotidienne. La surutilisation des dispositifs à écrans, le temps d'une bouffée d'air frais, ne saurait que pallier momentanément.

La sécurité et le bon développement des enfants sont tributaires de la capacité des parents à honorer leurs rôles et responsabilités quotidiens. Qu'advient-il alors lorsque les parents se sentent constamment « on the edge » ? Les stress et les tensions semblent s'accroître au sein des univers familiaux contemporains et préoccupent de plus en plus les divers milieux institutionnels. Les parents québécois sont-ils sur la corde raide ? Est-ce qu'assumer ses responsabilités parentales dans le rythme de vie actuel relève du domaine de l'exploit ?

Au cours des dix dernières années, des appels à l'aide semblent retentir de partout au Québec, alors que les téléphones ne dérougissent pas au sein des agences de protection de la jeunesse. Ce constat empirique pousse à croire à une détresse parentale en croissance, à une plus grande fragilité des milieux familiaux québécois et à des enfants qui se retrouvent en situation de vulnérabilité et davantage exposés aux risques de la maltraitance.

Lors d'une entrevue à Radio-Canada le 31 mai dernier, Sonia Hélie du Centre de recherche Jeunes en difficultés faisait état des résultats d'une étude publiée en 2017 par l'Observatoire des tout-petits sur la maltraitance de la Fondation Lucie et André Chagnon. L'étude révèle notamment qu'en 2015-2016, parmi les 27 946 signalements concernant des enfants de 5 ans ou moins, 7 700 ont été jugés fondés par les directeurs de la protection de la jeunesse (DPJ). Ces signalements étaient principalement liés à des motifs de négligence et de mauvais traitements. Les données recueillies font poindre que depuis 2007-2008, les signalements jugés fondés ont augmenté de 27% en province. Chaque jour, la DPJ compte 20 nouvelles situations de maltraitance chez les tout-petits de 0-5 ans.

Dans son entrevue, madame Hélie précise que « la maltraitance regroupe les situations d'abus, de négligence, qui menacent, qui compromettent la sécurité et le développement d'un enfant, son intégrité physique et psychologique. [La maltraitance] peut prendre différentes formes; la violence physique, l'abus sexuel et l'abus psychologiques. Ça peut être de la négligence ou de l'abandon aussi » (Extrait d'entrevue, 31 mai 2017).

La chercheure affirme également que la maltraitance est un phénomène complexe et plurifactoriel qu'elle explique par une combinaison de facteurs qui feront basculer la situation familiale vers la maltraitance. Selon ses propos, les facteurs le plus souvent associés à la maltraitance sont les conditions socioéconomiques défavorables, la pauvreté, la monoparentalité, le manque de soutien social, les diverses formes de vulnérabilités, dont la détresse psychologique, l'anxiété, la dépression, ainsi que les problèmes de consommation de drogues et d'alcool. Un cumul de ces difficultés crée un stress important chez des parents qui s'avèrent plus à risque de maltraitance à l'endroit de leur enfant.

Un cumul de ces difficultés crée un stress important chez des parents qui s'avèrent plus à risque de maltraitance à l'endroit de leur enfant.

Selon les données de l'étude traitée, les impacts de la maltraitance chez les tout-petits se situent sur le plan du développement de la motricité, du langage, du trouble d'apprentissage à l'école, de problèmes de comportement, d'estime de soi, de dépression et d'anxiété.

Dans ce contexte, comment est-il possible d'agir en amont des difficultés auxquelles certains parents et familles québécois sont confrontés ? À une époque où maintenir l'équilibre entre la conciliation travail-famille, les exigences d'une société de performance et de saines habitudes de vie représente un casse-tête d'envergure, comment est-il possible de garder le cap sur une parentalité responsable ? À ceci madame Hélie répond qu'il importe d'intervenir à plusieurs niveaux : « [soit au] plan individuel pour outiller les parents, développer leurs habiletés parentales, les informer sur les besoins de base d'un enfant. Il est encore plus efficace si on intervient avec des mesures collectives à plus grande échelle, renforcer le soutien économique aux familles, donner accès à des services de garde éducatifs, fournir des milieux de vie sains pour les enfants du quartier [...] » (Extrait d'entrevue, 31 mai 2017).

Sans être exhaustives, les données présentées sommairement dans cet article (issues d'une étude plus complète sur la question) permettent de faire état des difficultés familiales en hausse au Québec. Bien que certaines études québécoises récentes aient donné la parole aux parents et aux enfants en contexte de protection de la jeunesse, il est d'intérêt collectif de poursuivre la recherche et le dialogue avec tous ces acteurs au Québec.

Nous aimerions donc connaître vos opinions sur ces constats et réalités. Quel est selon vous le fardeau le plus lourd à porter dans le quotidien familial ? Quelles sont les pistes à suivre pour mieux soutenir les parents dans leurs rôles et responsabilités ? Le filet social québécois est-il suffisant et répond-il aux besoins actuels des parents ? À quelle préoccupation familiale spécifique doit-on s'attarder dans l'immédiat ? La parole est à vous. Interpellez nos élus politiques. Faites valoir vos opinions. Faites entendre vos voix. C'est l'avenir de nos enfants et de nos familles qui en dépendent.

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