Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
Aux victimes de l'attentat de Québec.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Aux victimes de l'attentat de Québec

Au jardin des êtres perdus,

Je cultive passions et tristesses.

Maudit soit le jour qui naît un dimanche.

À Québec le début est toujours une déchirure.

Les pieds noués dans un drap boudent la rouille et le béton.

Les pigeons sont chauves,

Ils manquent de plumes et de doigts.

Je les regarde pleurer sur les balcons,

Ils ont le bec usé comme un baiser de chien.

Le temps ne coule pas,

Il est lourd comme la glace.

Je plante mes doigts dans le bois.

Je coupe mes cheveux en mille adieux.

Je compte les mouches et les araignées.

Je délire comme on frappe la croupe des vaches.

Mon torse se fissure,

L'ami ne vient pas.

L'ennemi est tapi dans mes reins.

Maudit soit le premier mois du Nouvel An.

C'est dimanche et c'est déjà vieux.

Je défais la peau d'un lézard

Trouvé dans un cahier d'écolier.

Il me rappelle le désert et les ânes

Quand les ogres mangeaient les enfants

Chasseur de chimères,

Les grimaces du loup me poursuivent.

Je suis un enfant de nulle patrie

Je sais le deuil des abeilles stériles.

Je sais la plaie des barbelés kurdes.

Les aiguilles chinoises cognent ma tête,

À coups de hache et de baïonnette.

Les larves prêchent sur mon corps

La fin de l'âme et de la poésie.

Elles pénètrent mes os,

Boivent mon sang,

Répandent le poison sur mes cuisses.

Je connais les secrets de mon jardin

De passions de fourmis et de girafes.

La mort est plus juste que la vie,

Plus noble que la physique,

Moins dure que l'ennui.

Un cafard tombe de mon oreille.

Il simule des spasmes.

Il meurt dans un fou rire.

Misère du verbe.

Solitude des cœurs

Alcool café et moucherons.

Odeurs de bêtes crevées.

Carnaval de rats et de tournesols.

Je est toujours seul.

Qu'il est terne le dernier jour du Nouvel An.

On est assassin par fatigue.

Nous est mensonge et excès,

Le moi ne se conjugue jamais au pluriel

Dimanche, long jour de sang et de fureur.

À Québec, on tue pour ne pas aimer.

Je suis au jardin des regrets,

J'y cultive passions et fourmis.

Mes girafes ont soif,

Mon lit sent la solitude.

Un abîme se forme au loin.

Les hommes se jettent dans le néant.

La mort ne meurt jamais,

Elle sera encore là demain.

Elle se cache dans les corps,

Elle couve dans les têtes.

La mort est espionne.

Elle est complice du diable.

Elle est l'invention de Dieu.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Montréal se rassemble pour la communauté musulmane

Montréal se rassemble pour la communauté musulmane

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.