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De Fukushima à Gentilly: des leçons à tirer

Le 11 mars 2011, à 00:46 heure de Montréal, un tremblement de terre de magnitude 9 à l'échelle de Richter, le plus fort à jamais avoir frappé le Japon, soulevait une immense colonne d'eau qui allait déclencher un tsunami d'une ampleur jamais vue. En frappant la centrale nucléaire de Fukushima, une vague de 15 mètres déclenchait la plus grave catastrophe nucléaire de l'Histoire. Aujourd'hui encore, et pour des générations, les Japonais doivent vivre avec les répercussions de cette catastrophe. Alors que le Québec se questionne sur la réfection de sa seule centrale nucléaire, Gentilly 2, ce triste anniversaire devrait nous faire réfléchir.
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Le 11 mars 2011, à 00:46 heure de Montréal, un tremblement de terre de magnitude 9 à l'échelle de Richter, le plus fort à jamais avoir frappé le Japon, soulevait une immense colonne d'eau qui allait déclencher un tsunami d'une ampleur jamais vue. En frappant la centrale nucléaire de Fukushima, une vague de 15 mètres déclenchait la plus grave catastrophe nucléaire de l'Histoire. Aujourd'hui encore, et pour des générations, les Japonais doivent vivre avec les répercussions de cette catastrophe.

Alors que le Québec se questionne sur la réfection de sa seule centrale nucléaire, Gentilly 2, ce triste anniversaire devrait nous faire réfléchir.

Dans les journées qui ont suivi la catastrophe, c'est dans la confusion la plus complète que l'opérateur de la centrale et le gouvernement japonais ont géré la crise. Parce que la probabilité qu'un tel événement se produise était jugée pratiquement nulle, personne n'y était préparé. Que s'est-il passé au juste?

Dès que le tremblement de terre s'est produit, les systèmes d'urgence se sont activés et les réacteurs de la centrale se sont arrêtés de façon sécuritaire. Mais même une fois arrêtés, les réacteurs doivent continuer d'être refroidis avec de l'eau. Lorsque le tsunami a frappé la centrale, les murs de protection de six mètres de haut n'ont pas suffi. Les génératrices produisant l'énergie pour pomper l'eau de refroidissement se sont arrêtées, provoquant la fusion du cœur de trois réacteurs et la libération dans l'atmosphère d'une quantité phénoménale de radioactivité. Cette radioactivité continue d'être libérée encore aujourd'hui.

Premier constat : les risques d'accident nucléaires sont réels. Le risque zéro n'existe pas. Les impacts d'un accident sont extrêmement graves.

Devant une telle situation d'urgence, les autorités se sont employées à minimiser la gravité de la situation et à garder secrètes des informations d'une importance capitale pour les citoyens. Les personnes se trouvant dans un périmètre de 30 kilomètres furent évacuées. On élargira plus tard cette zone à 80 kilomètres. En tardant à élargir cette zone et en gardant les citoyens dans l'ignorance, on exposera ainsi des milliers de gens à une radioactivité dangereuse.

Le nuage radioactif poursuivit son chemin jusqu'au Canada. Un article de The Gazette révélait récemment qu'au mois de mars 2011 une station de santé Canada à Calgary mesurait des concentrations radioactives dans l'eau de pluie largement supérieures aux limites permises pour l'eau potable. Des concentrations anormalement élevées de radioactivité furent aussi mesurées à Vancouver, Winnipeg et Ottawa. À plus de douze mille kilomètres de Fukushima ! Personne n'en fut informé. La population canadienne a cru à tort être à l'abri en recevant l'assurance des autorités sanitaires qu'aucune radiation n'avait atteint le Canada. Pourtant, nous étions tous exposés.

Deuxième constat : Il n'existe aucun seuil d'exposition sécuritaire à la radioactivité. La culture du secret qui entoure l'énergie nucléaire vise à protéger l'industrie et expose les citoyens à des risques de contamination inutiles et dangereux.

À la lumière de ce qui précède, qui peut prétendre que la réfection de la centrale de Gentilly 2 ne comporte aucun risque pour la population du Québec? La centrale est située en zone densément peuplée, à une heure de route de Québec et à 160 kilomètres de Montréal. Elle est sise sur la rive du fleuve Saint-Laurent, source d'approvisionnement en eau pour près d'un Québécois sur deux.

Selon un rapport produit par le Centre for Spatial Economics pour Greenpeace, un accident nucléaire à la centrale de Gentilly 2 forcerait l'évacuation de 169 000 personnes et entraînerait une perte des biens individuels évaluée à 11 milliards de dollars dans un rayon de 20 km autour du réacteur. Un accident mettrait en péril l'approvisionnement en eau de 760 000 personnes dans le Centre du Québec et de centaines de milliers d'autres dans la région de la province. Il nécessiterait la fermeture pour une durée indéterminée de la voie maritime du Saint-Laurent et des autoroutes 40 et 20, paralysant ainsi l'économie québécoise.

Quels sont les risques d'accident à Gentilly 2? Nul ne peut le prédire avec exactitude. La centrale ne rencontre pas les normes sismiques les plus récentes et un tremblement de terre de forte intensité pourrait mener à la rupture de ses conduites d'eau et à la fusion du cœur du réacteur, comme à Fukushima et à Three Mile Island. Les conséquences seraient catastrophiques.

Que la probabilité soit d'une sur 1000 ou une sur 10 000, la question fondamentale est : souhaitons-nous nous exposer à de tels risques pour 3 % de notre production d'électricité alors que nous nageons dans les surplus? Poser la question, c'est y répondre. La seule décision responsable pour le Québec est de démanteler Gentilly 2.

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