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Parachèvement de l'autoroute 19: un gaspillage de fonds publics

Un demi-milliard $. C'est le prix de huit kilomètres d'autoroute que le gouvernement du Québec souhaite construire pour desservir 6600 véhicules entre Bois-des-Filions et Laval. À l'heure de l'austérité budgétaire, cette dépense est tout simplement scandaleuse.
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Un demi-milliard $. C'est le prix de huit kilomètres d'autoroute que le gouvernement du Québec souhaite construire pour desservir 6600 véhicules entre Bois-des-Filions et Laval. À l'heure de l'austérité budgétaire, alors que l'on s'apprête à hausser les tarifs de garderie, que l'on entasse nos enfants dans des écoles désuètes ou surpeuplées faute de financement, que l'on coupe dans les transports collectifs qui desservent plus d'un million de personnes au Québec, cette dépense est tout simplement scandaleuse. Québec doit revenir sur sa décision.

Le projet proposé pour l'autoroute 19 est non seulement exorbitant et en complète contradiction avec l'exercice de compressions budgétaires présentement en cours à Québec, mais il symbolise parfaitement la dernière vache sacrée au Québec : la gratuité des routes. Ainsi, alors que l'on privilégie désormais le concept d'utilisateur payeur pour la quasi-totalité des services de l'État, ce dernier continue de fournir gratuitement, et sans égard à l'utilisation, un réseau routier de plus en plus étendu. L'autoroute 19 est l'apothéose de cette logique : à 65 millions $ par kilomètre, ou 77 000 $ par usager, on vient de franchir une nouvelle limite dans l'escalade des coûts. Bien sûr on a prévu des voies réservées pour des autobus... mais aucun budget pour les acheter ou assurer que le service sera offert. Une absurdité totale.

Mais bien au-delà de ces huit kilomètres de route, c'est l'ensemble de notre système de transport qui est devenu un boulet pour l'économie québécoise. Le parc automobile québécois croît deux fois plus rapidement que la population. Pas étonnant puisque les routes sont gratuites et les alternatives de transport collectif insuffisantes, sinon inexistantes. Résultat : de 2003 à 2013, il s'est ajouté 785 000 véhicules au parc automobile du Québec. Et le Ministère des Transports du Québec continue de croire qu'il lui faut répondre à la demande en faisant de nouvelles routes alors que toutes les études démontrent que c'est justement la construction d'autoroutes qui cause l'augmentation du nombre de véhicules. C'est ainsi que le MTQ engloutit des fonds publics à aggraver nos problèmes de transport.

L'impact d'investissements comme celui de l'A-19 dépasse largement les enjeux de congestion routière. Les coûts du système de transport québécois augmentent plus rapidement que ceux du système de santé. Les importations d'automobiles et de pétrole coûtent au bas mot 27 milliards $ par année au portefeuille des Québécois, causant la quasi-totalité de notre déficit commercial. Le ménage québécois moyen consacre désormais 18% de son revenu au poste budgétaire du transport, soit plus que pour l'alimentation. Cette proportion était de 15% il y a à peine cinq ans. Ce sont 8770 $ par année que les Québécois dépensent annuellement sur ce poste alors qu'ils sont déjà surendettés.

Les gens de la Rive-Nord de Montréal ont le droit de pouvoir se déplacer rapidement et à moindre coût. Le parachèvement de l'A-19 améliorera la fluidité à court terme, mais il provoquera inévitablement une augmentation du volume d'automobiles et de la congestion, forçant le MTQ à engloutir des dizaines de millions $ de plus dans une fuite en avant sans fin.

Tout projet de transport devrait désormais viser à réduire l'usage de l'automobile, diminuer le coût du transport pour les ménages et réduire la pollution de l'air et les émissions de gaz à effet de serre. Les projets devraient également minimiser les coûts globaux et maximiser les retombées pour l'économie québécoise. Selon ces critères, le projet de l'A-19 est recalé en tout point. Québec doit retourner à sa table à dessin et offrir un nouveau projet digne des attentes légitimes des Québécois en ces temps d'austérité.

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