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Cinq raisons pour ne plus avoir peur de la propagande de Daech

Selon le quotidien britannique, Daech est née en 2003 entre les murs de la prison de Bucca au nord de l'Irak: c'est dans cette prison que tout a commencé autour d'Aboubaker El Baghdadi, son chef actuel.
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Avant de décortiquer le mythe Daech revenons sur la création de cette organisation terroriste.

Quand Daech a-t-il été créé?

Selon le quotidien britannique The Guardian, Daech est née en 2003 entre les murs de la prison de Bucca au nord de l'Irak: c'est dans cette prison que tout a commencé autour d'Aboubaker El Baghdadi, son chef actuel. Officiellement, Daech a été proclamée le 29 juin 2014. Sa création est liée aux déstabilisations géopolitiques causées par la guerre en Irak et en Syrie.

Que signifie Daech?

C'est l'acronyme en arabe de «Dawlat Islamiya fi 'Iraq wa Sham» qui veut dire «l'État islamique en Irak et au Levant».

Qui est politiquement responsable de la création de Daech?

Trois hommes politiques peuvent se partager cette responsabilité:

1 - Nouri Al Maliki ex-premier ministre chiite de l'Irak post Saddam Hussein: il a déclaré la guerre aux sunnites dans un pays à majorité sunnite. Il a mis fin aux accords de sécurité signés après la guerre d'Irak entre les Américains et plusieurs tribus irakiennes qui se sont engagés à combattre contre les groupes terroristes. En mettant fin à ces accords, le gouvernement d'Al Maliki a mis au chômage des milliers d'Irakiens, dont la plupart étaient d'anciens militaires; de plus, il a mené une véritable politique sectaire contre les populations sunnites. Cette majorité a trouvé refuge chez le groupe terroriste Daech qui lui a offert la protection et une promesse de vengeance.

2 - Bachar El Assad: Il a tiré son épingle du jeu grâce une stratégie machiavélique. Il a en effet su se positionner comme le dernier rempart contre Daech, au nom de la lutte antiterroriste; la condition de son départ, avant tout processus de règlement de la crise syrienne, a disparu. Il est en outre accusé d'avoir contribué à propager le terrorisme en Syrie pour ensuite le combattre et tirer profit de la situation.

3 - Vladimir Poutine: Il n'a cessé, ces dernières années, de souffler le chaud et le froid dans la crise Syrienne: officiellement l'armée Russe se bat en Syrie contre Daech, mais selon de nombreux témoignages, plusieurs bombardements de l'aviation russe ont ciblé des zones dans lesquelles l'organisation terroriste n'a pas de combattants. Aussi plusieurs questions se posent sur les motivations de Moscou: maintenir le statu quo dans la région? Préserver ses intérêts et garder un moyen de pression contre l'OTAN et les États-Unis?

Daech ne peut plus nous impressionner pour cinq raisons:

1 - Daech perd son extension territoriale

Il est impossible, à l'heure actuelle, de définir le territoire contrôlé par les combattants de Daech: les combats font rage en Irak et en Syrie, le groupe terroriste se retrouve encerclé par les Peshmergas à la frontière avec la Turquie, étouffé par les bombardements de l'aviation russe et française en Syrie, fragilisé et discrédité par certaines révoltes populaires en Syrie. Aucun spécialiste des questions militaires ne peut définir avec précision les territoires contrôlés par Daech, mais il est avéré que l'organisation terroriste perd du terrain jour après jour en Irak et en Syrie.

2- Daech ne mérite pas autant de médiatisation

Certains médias font le jeu de Daech, dans une course effrénée vers l'exclusivité: des clips djihadistes sont parfois diffusés dans la foulée, en boucle sans en vérifier leur authenticité ni leur provenance.

Autre point important: Daech s'adapte au traitement médiatique qu'on lui offre: le groupe a en effet adapté ses activités terroristes en fonction de l'intérêt des médias occidentaux. Ainsi, au début du conflit, les chrétiens Yazidis étaient protégés par les combattants de Daech, mais, par accident, ces derniers ont pris en otages certains d'entre eux avant de s'apercevoir de l'élan d'émoi et de solidarité que cela a provoqué à travers le monde grâce à une couverture médiatique 24h sur 24h par les médias occidentaux. Daech a vite compris que prendre des chrétiens en otage était une activité lucrative.

Le saccage du musée de Mousoul était aussi une publicité inespérée pour l'organisation terroriste à l'échelle planétaire; aussi l'organisation a poursuivi la destruction de sites historiques comme celui de Palmyre.

L'objectif, à travers cette stratégie, est double: d'abord faire peur et donner l'impression qu'aucune puissance ne peut arrêter ses combattants; ensuite , créer un sentiment de délaissement chez la population musulmane qui vit en Syrie sous les bombardements de l'armée syrienne depuis plus de quatre ans. Et ce, en lui signifiant que les médias occidentaux ne se mobilisent que pour défendre les chrétiens, autrement dit les morts musulmans auraient moins de valeurs que les morts chrétiens.

3- Les heures de Daech sont comptées dans certaines régions d'Irak et de Syrie

Dans un débat passionnant sur un plateau de télévision, Nicolas Hénin - auteur de Djihad Academy et ex-otage de l'organisation terroriste Daech - s'est livré à un exercice à la fois inédit et provocant: si on reconnaissait l'existence de Daech comme un État à part entière, cet État pourrait-il évoluer? Pas si sûr, répond-il, c'est même impossible pour une raison très simple: le groupe terroriste domine par la peur et les armes; aux moindres signes d'affaiblissement, les populations se retourneront contre les combattants de Daech, déjà détestés par les musulmans qui vivent sous leur joug; ces derniers se vengeraient pour deux raisons:

1-l'humiliation quotidienne: les terroristes sont considérés comme des intrus: la plupart d'entre ne parlent pas arabe, sont d'anciens délinquants, ils imposent pourtant à toute une population un rythme de vie semblable à celui du moyen âge, dans une région connue pour son amour de l'art et de la culture. Dans la culture arabo-musulmane il n'y a pas pire que de se faire dicter des lois par un étranger.

2- Les habitants sont atteints dans leur foi et leur honneur: les terroristes s'attaquent à l'honneur des familles et déforment leurs pratiques religieuses; or pour un musulman, rien n'est plus important que l'honneur et la religion

4- Combattre Daech commence par «cesser de faire le jeu de Daech»

J'ai repris trois citations prononcées fréquemment par les spécialistes, sur les plateaux de télévision:

«C'est impressionnant à quel point Daech maitrise les techniques du filmage et de l'image.»

«Il faut dire qu'ils ont une nette avance sur Internet.»

«La maîtrise qu'ils ont de l'image est incroyable, leurs clips ressemblent à des films hollywoodiens!»

Pourquoi ne pas dire aussi que Daech a recruté George Lucas pour réaliser le prochain clip de propagande? Soyons sérieux et analysons ce phénomène avec le recul nécessaire. Certes, Daech détient une longueur d'avance sur internet, mais cela n'a rien d'impressionnant vu les moyens matériels et humains alloués à leurs boites de productions, notamment «El Hayat». Font-ils un travail de génie? La réponse est certainement non, mais il faut reconnaitre que leur travail est structuré, il s'appuie sur les leçons tirées des erreurs de la communication d'Al Qaida qui n'a pas su faire évoluer sa stratégie médiatique avec l'avènement des réseaux sociaux. Autre point crucial: si Daech possède des boites de production pour réaliser et diffuser des clips de propagande, il faudrait que nous aussi, nous soyons capables d'utiliser nos moyens de production pour construire un message intelligent de contre propagande.

5- le manque de liquidité signera l'arrêt de mort de Daech

Sur le plan financier, on voit mal comment Daech pourrait tenir un seul jour sans financement: lui couper les sources de financement serait donc le meilleur moyen de le combattre. En effet, l'organisation terroriste pressure les habitants sous son contrôle par des impôts de plus en plus élevés, au moment où l'étau se resserre et les bombardements s'intensifient contre les raffineries de pétrole. À ce sujet, il faut rappeler que c'est par camions et par bateaux que le trafic de pétrole se fait; les revenus tirés de cet or noir se comptent par millions. Couper les sources de financement de Daech signifie l'asphyxie de l'organisation terroriste.

Pierre Servant, expert en stratégie militaire expliquait récemment sur un plateau de télévision que Daech essaie d'installer ce qu'on appelle des «comptoirs» ou des bases arrière, dans des pays instables: ainsi des combattants de Daech se regroupent au nord de la Libye. Ces derniers ont été entrainés au centre de la Syrie dans un camp que Daech loue au groupe terroriste «Al Mourabitoune». C'est dire que Daech cherche aujourd'hui du soutien, non pas parce qu'il a une vision planétaire, mais surtout pour sortir du bourbier irako-syrien. Daech s'implante là où il peut et si rien n'est fait, la Libye pourra devenir la tête de pont de l'organisation terroriste, ce qui représenterait une menace directe pour les pays du Maghreb et l'Europe.

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