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Le risque de la discussion politique

Les gens aiment bien penser qu’ils ont le contrôle absolu sur ce qu’ils pensent politiquement. La réalité est beaucoup plus désillusionnante.
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Avant les idées, il y a les personnalités.
FangXiaNuo via Getty Images
Avant les idées, il y a les personnalités.

Jaser de politique avec des personnes provenant de différentes familles politiques est toujours une action risquée. Le risque étant multiplié par, disons mille, si on jase politique sur les réseaux sociaux avec des gens qu'on ne connaît ni d'Ève ni d'Adam. Nombreux sont ceux et celles qui se sont fait couper les ailes et rabattre le caquet pour avoir osé commettre le crime suprême d'exprimer une opinion politique qui ne plaisait pas à quelqu'un, quelque part sur Internet.

Sachant qu'approximativement 16% de la population possède un profil de personnalité significativement plus autoritaire que la moyenne, la chose devrait plus ou moins surprendre. Avant les idées, il y a les personnalités. Ou plutôt, de manière générale, les idées comptent pour moins que la personnalité dans un débat d'idées.

Cette affirmation peut sembler farfelue : les gens aiment bien penser qu'ils ont le contrôle absolu sur ce qu'ils pensent politiquement. La réalité est beaucoup plus désillusionnante.

Le problème est que les personnes issues de familles politiques adverses ne font pas juste penser différemment, ils ressentent les choses différemment. Nous ne sommes donc plus dans le seul domaine de la raison pure (si telle chose existe réellement), nous touchons aussi au domaine émotionnel. Ce qui explique les nombreuses prises de bec lorsque les gens jasent de politique. Et ce qui, inévitablement, nous fait entrevoir les problèmes qui peuvent surgir à l'horizon pour la liberté d'expression. Comme le dit si bien Normand Baillargeon, il faut savoir cultiver la vertu de ne pas s'offenser de tout et de n'importe quoi. Chose plus aisée à dire qu'à faire à la lumière des connaissances que nous possédons maintenant sur l'être humain.

Une étude publiée le 23 décembre 2016 dans la revue Nature nous apprend que face à des preuves contraires irréfutables, les gens ont tendance à rester campés sur leurs positions, qu'elles soient politiques ou non.

Parce qu'il y a malheureusement pire. Une étude publiée le 23 décembre 2016 dans la revue Nature nous apprend que face à des preuves contraires irréfutables, les gens ont tendance à rester campés sur leurs positions, qu'elles soient politiques ou non. Les raisons? J'aime mieux laisser la parole aux chercheurs parce qu'elles sont multiples et complexes (je m'excuse d'avance auprès des lecteurs unilingues francophones): « Our results show that when people are confronted with challenges to their deeply held beliefs, they preferentially engage brain structures known to support stimulus-independent, internally directed cognition. Our data also support the role of emotion in belief persistence. Individual differences in persuasion were related to differences in activity within the insular cortex and the amygdala – structures crucial to emotion and feeling. The brain's system for emotion, which are purposed toward maintaining homeostatic integrity of the organism, appear also to be engaged when protecting the aspects of our mental lives with which we strongly identify, including our closely held beliefs » (Source: nature.com, Scientific reports (6), Article number: 39589, 2016 - certaines parties de la revue sont payantes). À noter ici que l'étude en question a eu pour sujets d'étude, 40 personnes s'identifiant fortement à la gauche (liberals). Les chercheurs ne sont pas en mesure de déterminer comment réagiraient des gens s'identifiant fortement à la droite (conservatives) ou des gens ne s'identifiant pas aussi fortement à l'une ou l'autre de ces familles politiques.

Je continue la discussion sur le sujet dans mon prochain billet de blogue...

Avril 2018

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