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La diversité corporelle et moi, c'est tout un parcours

J'ai décidé de m'aimer mieux, de m'aimer plus. J'ai réalisé que j'avais été injuste avec ce corps qui me supportait pourtant solidement.
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J'aime mon sourire, ma crinière un peu folle, l'éclat de mes yeux quand j'écoute avec passion une personne parler.
Getty Images/iStockphoto
J'aime mon sourire, ma crinière un peu folle, l'éclat de mes yeux quand j'écoute avec passion une personne parler.

J'ai toujours été un peu ronde, parfois plus, beaucoup plus, d'autres fois moins, à cheval entre les tailles normales de vêtements et celles qu'on retrouve dans les boutiques tailles plus.

En grandissant, ma peau ne semblait pas suivre, comme si après une certaine limite, elle s'opposait en marquant mon corps de lignes violacées qu'on appelle vergetures. J'avais honte de me montrer nue, me trouvant laide et grosse, marquée au fer rouge.

Mais, je n'en parlais pas, comme si taire cette situation arrivait à l'effacer complètement de mon esprit, m'isolant avec ce corps difforme bariolé, si loin de ceux que l'on voyait partout dans les médias, me répétant en boucle les paroles d'une chanson de Jean Leloup, « je ne suis peut-être pas belle, mais je suis intelligente. »

Je souffrais aussi en silence de petits bobos que je croyais encore là, réservés seulement aux rondes : des irritations quand mes cuisses se frottaient, des brassières qui me blessaient les épaules ou le dos quand je faisais du sport, des séances de magasinages humiliantes alors que rien ne me faisait, etc.

Après mes grossesses, je me cachais dans d'immenses maillots à jupette qui m'allaient jusqu'aux genoux, histoire de montrer le moins de peau possible et surtout, passant toujours le plus vite possible devant les miroirs pour ne pas m'y voir.

Naïvement (ou égoïstement?), je me croyais seule dans cette situation, me privant du plaisir de se baigner en toute liberté ou de mettre des décolletés, parce que je ne voulais surtout pas attirer les regards sur moi, n'osant pas en parler.

Naïvement (ou égoïstement?), je me croyais seule dans cette situation, me privant du plaisir de se baigner en toute liberté ou de mettre des décolletés, parce que je ne voulais surtout pas attirer les regards sur moi, n'osant pas en parler. C'était officieusement tabou puisque personne n'en parlait ouvertement.

Puis, une première amie a commencé à parler de ses vergetures, une autre à se mettre en bikini même si elle avait « du mou de ventre », j'ai appris que les coureurs et les cyclistes avaient souvent des irritations et j'ai découvert, grâce à plusieurs témoignages que pas mal tout le monde avait des difficultés à trouver les bons vêtements, même les plus minces, même les plus grands, etc.

J'ai réalisé que je n'étais pas seule.

Au contraire, plusieurs hommes et femmes de mon entourage n'avaient pas toujours eu une bonne relation avec leur image corporelle, que ça n'avait pas toujours rapport avec leurs poids, c'était parfois lié à leur pilosité, au teint de leur peau, à la grandeur de leurs pieds, à la texture de leurs cheveux, à la carrure de leurs épaules, etc.

À partir de ce moment, j'ai décidé de m'aimer mieux, de m'aimer plus. J'ai réalisé que j'avais été injuste avec ce corps qui me supportait pourtant solidement, j'ai commencé à l'honorer, à lui faire de la place, à le regarder, l'accueillir et surtout, j'ai banni de mon langage tout discours négatif.

Je dois aussi avouer que le fait de devenir maman a accéléré le processus, je ne voulais surtout pas que mes enfants soient élevés dans un discours toxique : au contraire, je désirais leur transmettre une image saine et positive quant à leur corps.

J'ai commencé à célébrer la diversité corporelle en soulignant ce que je trouvais beau chez les autres, en essayant aussi de me trouver belle moi-même et en collectionnant les témoignages que je gardais précieusement dans un petit coin de mon esprit pour me calmer, lorsque j'avais des rechutes et que la chanson revenait.

Quand je regarde des photos de mon adolescence ou du début de ma vie de jeune adulte, je me trouve belle alors que je les détestais à l'époque. Si j'avais la chance de retourner en arrière, j'aimerais tellement dire à cette jeune femme que sa différence la rend belle et unique, qu'il est important d'accepter ce qu'on ne peut changer pour rapidement aller de l'avant et savourer cette vie si riche.

J'aime mon sourire, ma crinière un peu folle, l'éclat de mes yeux quand j'écoute avec passion une personne parler. J'aime être entourée de personnes aussi nombreuses que différentes, cette diversité enrichit ma vie et me motive à aller vers l'autre.

À croire que tout est possible.

Cette campagne #30couleurs est une seconde édition. La première campagne #30couleurs a été lancée en avril dernier, avec mes amies Catherine Kozminski et Nadia Lévesque sur le thème de l'autisme. Le concept est simple : partager trente histoires, une par jour, pour sensibiliser et informer notre société à la réalité d'une différence, que ce soit l'autisme ou cette fois-ci la diversité corporelle. Ainsi, je peux offrir une tribune aux personnes et aux familles qui vivent ces différences et montrer qu'elles se manifestent sous différentes couleurs, chaque enfant et chaque personne étant unique. Chaque histoire aussi.

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