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Shakespeare et Twitter: la dramaturgie au XXIe siècle

Pas envie de vous déplacer au théâtre, ou même au parc, pour assister à du Shakespeare? Et si ses personnages tragiques, et parfois comiques, venaient à vous, et prenaient vie via votre téléphone, iPad ou autres bébelles intelligentes? L'an dernier, la Royal Shakespeare Company, de Stratford en Angleterre, a tenté l'expérience en adaptant le Roméo et Juliette du célèbre dramaturge à l'ère Twitter.
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Pas envie de vous déplacer au théâtre, ou même au parc, pour assister à du Shakespeare? Et si ses personnages tragiques, et parfois comiques, venaient à vous, et prenaient vie via votre téléphone, iPad ou autres bébelles intelligentes? L'an dernier, la Royal Shakespeare Company, de Stratford en Angleterre, a tenté l'expérience en adaptant le Roméo et Juliette du célèbre dramaturge à l'ère Twitter.

Pendant cinq semaines, on a pu suivre en direct les Capulet et les Montaigu, incarnés par des comédiens professionnels,qui se livraient bataille autour del'histoire d'amour de Roméo et Juliette, transposée dans le monde contemporain. DansSuch Tweet Sorrow, répliques et confidences étaient livrées sous forme de tweets, occasionnellement accompagnés de photos et de vidéos.

Pas de dialogues établis, mais beaucoup d'improvisation autour du canevas et des personnages de l'oeuvre shakespearienne. Les amoureux du texte et les puristes en ont peut-être eu des brûlures d'estomac, mais ce procédé donnait l'impression que les personnages avaient une existence réelle et permettait aux internautes de vivre leur drame à travers leur quotidien.

Finaliste au Mega Guardian Innovation Award 2011, Such Tweet Sorrow, coproduite par Mudlark, a été suivie par des milliers d'abonnés. Aux dires même du producteur, Richard Birkin, avec qui j'ai échangé quelques mots, l'expérience a suscité son lot de commentaires enthousiastes et de critiques,mais -- plus surprenant -- certains accros, sur d'autres fuseaux horaires, leur ont avoué s'absenter parfois du boulot pour suivre les péripéties des personnages en temps réel.

« People from the other side of the world would stay up all night to see the characters (living on UK time) would do when the sun was up on this side of the world.» («Des gens de l'autre côté du monde restaient debout toute la nuit pour voir ce que les personnages, qui vivaient à l'heure britannique, feraient au moment où le soleil se levait de leur côté. »)

Ça, c'est de l'engagement...

Si l'expérience s'est avérée intense pour certains internautes, elle l'a été aussi pour les gens de la production. Richard Birkin, qui se rappelle avoir peu dormi pendant cette période, était toujours aussi enthousiasmé par son expérience, même un an après sa fin.

« It was unprecedented and we were taking big risks with large organisations and an adored text. It could have gone many ways, but we were experimenting, so we were open to any of them. It still gets talked about in entertainment and academic conversations so, in that respect, it was a successful experiment. I don't know if anyone would do something like that again. I hope they do. »

(« C'était sans précédent et on prenait de gros risques avec une grosse organisation et un texte vénéré. Ça aurait pu prendre différentes directions, mais on expérimentait, alors on était ouvert à ces différentes possibilités. Ça fait encore beaucoup jaser dans les milieux académiques et du divertissement, alors dans cette optique, c'était une expérience réussie. Je ne sais pas si quelqu'un essaiera de refaire quelque chose comme ça. J'espère que ce sera le cas. »)

On pourrait analyser les points forts et les points faibles de l'expérience, du point de vue artistique, mais d'autres s'en sont chargés avant moi et ce n'est pas mon intention ici aujourd'hui. Je veux avant tout souligner cette initiative et lever mon chapeau aux créateurs qui ont pris ce risque de construire une nouvelle forme narrative autour d'un classique, en se servant des caractéristiques propres à ce nouveau média. Ce faisant, ils sont entrés dans les maisons, tout en laissant les gens s'imaginer les scènes et les personnages, comme on pouvait le faire à l'époque des radios-romans, et en leur donnant la possibilité d'interagir avec eux comme s'ils faisaient eux-mêmes partie de la scène.

C'est peut-être, de mon humble point de vue, l'apport le plus important des nouveaux médias à l'art : permettre un degré encore plus grand d'implication du spectateur (qui ne se contente plus d'être un spectateur passif).

Au Québec, on est encore timides avec ces plateformes. (On commence à peine à apprivoiser la webtélé!) Ça me semble pourtant un champ riche pour l'expérimentation. À quand Les Belles-soeurs twittent?

Et vous, qu'en pensez-vous? Des expériences comme celles-là dénaturent-elles l'art? Ou peuvent-elles, au contraire, le dépoussiérer?

Twit'haïku

Si vous êtes amateur de poésie, vous avez encore jusqu'au 17 mars pour participer à un concours de Twit'haïku (le haïku est un poème d'origine japonaise, de forme courte), organisé par La Cantine numérique rennaise. Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur leur site.

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