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On comprend également mieux pourquoi les universités anglophones reçoivent près de 30% du financement universitaire, alors que le poids démographique de la population anglophone au Québec est de 8,3%. C'est ce qui arrive lorsque des banquiers sont à la tête des universités, le savoir n'est vraiment plus rien d'autre qu'une marchandise.
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McGill

À la veille du Sommet sur l'éducation supérieure, on entend souvent dire que nos universités doivent redevenir compétitives, surtout en matière de recherche. Dans un article paru dans Le Devoir du 6 février 2013, Heather Munroe-Blum, principale et vice-chancelière de l'Université McGill, « critique sévèrement les coupes en recherche et s'inquiète du retard qu'accuse le Québec en la matière, lui qui était pourtant un pionnier ». Dans Le Devoir du 21 février, elle explique ceci : « McGill est aussi une université à fort rayonnement international. À une époque où le Québec a plus que jamais besoin d'attirer de nouveaux talents et cerveaux, c'est un atout et non un problème ».

Tous s'entendent pour dire que McGill est l'université la plus prestigieuse au Canada et l'une des meilleures au monde. C'est surtout à partir des années 40-50 que McGill se démarqua dans le domaine de la recherche scientifique en Amérique du Nord, ce qui favorisa l'arrivée de nouveaux « cerveaux ». En 1943 le département de psychiatrie de l'Université McGill se dota d'un nouveau directeur, le célèbre Docteur Donald Ewen Cameron, ancien président de l'American Psychiatric Association, de la Canadian Psychiatric Association et de la World Psychiatric Association. Cameron dirigeait aussi aussi le Allan Memorial Institute, crée en 1943 grâce à la Fondation Rockefeller, qui abritait les locaux du département de psychiatrie de McGill et de l'hôpital Royal Victoria.

Ce brave Docteur Cameron avait une théorie sur la correction de la folie qui intéressa la Central Intelligence Agency (CIA). De 1957 à 1964, la CIA finança à hauteur de 60 000 $ ses recherches qui eurent lieu dans les locaux du Allan Memorial Institute dans le cadre de l'opération MK Ultra. MK Ultra était en fait un projet pseudo-scientifique visant à étudier le contrôle du comportement humain grâce à diverses méthodes expérimentales. En 1975 aux États-Unis, la commission d'enquête Rockefeller mit à jour certaines activités scientifiques de la CIA.

« Le programme "drogue" n'était qu'un élément d'un très vaste programme de la CIA qui se donnait pour objectif d'étudier les moyens permettant de contrôler le comportement humain. On entreprit d'étudier aussi aussi les effets des radiations, des chocs électriques, des substances incapacitantes; on s'intéressa à la psychologie, à la psychiatrie, à la sociologie » ( Les complots de la CIA, rapport de la commission Rockefeller, p.467).

La CIA avait donc confié à Cameron certaines des expériences les plus dangereuses à essayer sur des sujets étrangers. Ainsi Cameron fit ses recherches sur des patients traités au Allan Memorial Institute pour des troubles d'anxiété et de dépression. Les patients n'ont jamais été prévenus en quoi allait consister les traitements du bon Docteur Cameron. Ces traitements se composèrent d'injections de LSD et de différents types de barbituriques et d'amphétamines, mélangés à une thérapie d'électrochocs dont la puissance était 30 à 40 fois supérieure à la normale. Parfois on plongeait le patient dans un coma artificiel, parfois on l'enfermait dans une chambre de privation sensorielle où on l'exposait à des messages subliminaux préenregistrés. Le Docteur Cameron appelait cette technique « le lavage de cerveau bienveillant ». Les sujets de ces expériences, ayant gardé bons nombres de séquelles, ont intenté différentes poursuites face aux agissements de la CIA et du Docteur Cameron. Il existe un reportage de l'émission « The Fifth Estate » diffusée sur CBC qui traite du projet MK Ultra au Allan Memorial Institute et des procès relatifs à cette affaire.

Cette histoire représente sans doute l'une des pages les plus sombres de la recherche scientifique universitaire et ce qui est ironique c'est qu'elle a eu lieu dans l'université la plus prestigieuse au Canada. Faites l'exercice ; rendez vous au Allan Memorial Institute et cherchez la plaque racontant la contribution du bon Docteur Cameron à l'avancement de la recherche scientifique canadienne. Je me demande si c'est ce à quoi se réfère Heather Munroe-Blum, lorsqu'elle parle d'attirer de nouveaux « talents et cerveaux ».

Quant à Madame Munroe-Blum, qui déplorait le fait que les « gens d'affaires » soient exclus du Sommet sur l'éducation supérieure et qui croit toujours que la hausse proposée par le gouvernement Charest n'était pas « assez forte », elle se retrouve au milieu d'un drôle de cercle d'influence. On commence. La fondation de la famille Rockefeller finança le Allan Memorial Institute de McGill qui hébergea des opérations pseudo-scientifiques de la CIA de 1957 à 1964. L'ancien conseiller à la politique étrangère du président Jimmy Carter et actuel conseiller à la politique étrangère du président Obama, Zbigniew Brzezinski a étudié à McGill de 1945 à 1950. Brzezinski et David Rockefeller ont fondé en 1973 la célèbre Commission Trilatérale, dont l'actuelle principale et vice-chancelière de l'Université McGill, Heather Munroe-Blum, est membre. Il ne manque qu'un rituel satanique et le lot est complet.

La madame, qui en passant, est aussi sur le conseil d'administration de la Banque Royale du Canada, joue vraiment dans les hautes sphères de la société. Elle assista même à la fameuse réunion du groupe Bilderberg en 2005 et 2010. On comprend mieux son raisonnement comptable quand on connaît ces faits. On comprend également mieux pourquoi les universités anglophones reçoivent près de 30% du financement universitaire, alors que le poids démographique de la population anglophone au Québec est de 8,3%. C'est ce qui arrive lorsque des banquiers sont à la tête des universités, le savoir n'est vraiment plus rien d'autre qu'une marchandise.

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