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Les jeunes libéraux sont-ils tombés sur la tête?

J'ai l'impression que les jeunes libéraux connaissent mal le milieu collégial.
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On apprenait ce dimanche que les jeunes libéraux, réunis en congrès à Sherbrooke, se positionnent en faveur de l'abolition des cégeps. La première pensée qui me vient en tête après avoir appris cela est en fait une question: êtes-vous tombés sur la tête?!

Depuis quelques semaines, l'actualité politique était - comme bien des Québécois - en vacances. Mais cette nouvelle a tout ce qu'il faut pour faire redémarrer les débats au Québec!

Bien sûr, depuis sa fondation, le réseau des cégeps est la cible d'attaques: «inutiles», «inefficaces», «trop coûteux» et «mal adaptés» sont les commentaires dont est affublée cette institution purement québécoise. Pourtant, depuis l'implantation de ce palier d'éducation, le Québec a pu obtenir le meilleur taux de diplomation au Canada. Mais derrière cette proposition qui attire les médias, la Commission Jeunesse du PLQ (CJ-PLQ) démontre encore une fois l'obsession maladive et aveuglante qu'ont les libéraux pour l'économie et l'emploi. Selon leur proposition, les cégeps devraient être transformés en «grandes écoles de métiers», où il n'y aurait que la formation technique et professionnelle. Bref, un retour aux années 50.

C'est une honte pour le jeune que je suis de savoir que d'autres jeunes ne voient en la formation collégiale qu'une machine à produire des travailleurs. Bien sûr, les institutions d'enseignement supérieur d'une société doivent servir à former ses jeunes dans les domaines qui le nécessitent. Mais il y a plus: les cégeps sont aussi un lieu de formation citoyenne, ce qui est tout aussi important. Une nation qui ne forme pas sa jeunesse à vivre en société, à penser par elle-même et à se développer en dehors du travail n'est pas une société viable.

Par ailleurs, j'ai l'impression que les jeunes libéraux connaissent mal le milieu collégial. La formation qui y est offerte est abordable, alors que les études universitaires coûtent très cher. De plus, le réseau des cégeps, qui compte 48 établissements partout au Québec, est accessible pour tous, alors que les universités sont moins nombreuses et que les étudiants doivent se déplacer plus loin, ce qui vient s'ajouter à des coûts déjà élevés. Et malgré ce que semble croire l'aile jeunesse du PLQ, les différents cégeps du Québec s'adaptent déjà au marché du travail. Il n'est pas rare de voir un ou plusieurs programmes créés dans un même cégep en quelques années, selon ce dont les employeurs ont besoin. En plus de tout cela, il existe 46 Centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT), répartis partout au Québec. Ces centres de recherches, qui regroupent plus de 1000 experts de tous les domaines, ont pour but d'accompagner les entreprises dans l'innovation par différents moyens.

Malgré tous ces éléments, il semblerait que la Commission Jeunesse du Parti libéral du Québec désire l'abolition de ce qui distingue l'enseignement supérieur. Pourtant, le premier ministre Philippe Couillard lui-même, lors de la course à la succession de Jean Charest à la tête du PLQ, avait écarté cette idée, position qu'il a d'ailleurs réitérée avant même que la proposition de la CJ-PLQ soit adoptée. Le ministre actuel de l'éducation, Yves Bolduc, avait fait la même chose il y a quelque temps. En revanche, il est évident que le système des cégeps a besoin d'être réformé, ce qui n'a pas été fait depuis 1993. Mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain.

En terminant, j'espère que le gouvernement libéral et le ministre Bolduc vont réellement écarter cette proposition, pleine de partisanerie, et se concentreront enfin sur les intérêts, non seulement économiques, du Québec. On ne joue pas avec la formation de l'avenir d'une société sans précautions.

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Avril 2018

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