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Il faut sauver le bon docteur Barrette

Malgré ses défauts, notamment au niveau du savoir-être, il faut garder Gaétan Barrette en poste.
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THE CANADIAN PRESS IMAGES/Mario Beauregard

On va mettre les choses au clair immédiatement. Je ne suis pas membre du Parti libéral du Québec. Ce qui suit n'est pas une commande d'un ami libéral pas plus que ce n'est pas une faveur à quelqu'un dans l'entourage de Gaétan Barrette.

Ce billet n'est pas non plus une critique de son oeuvre depuis qu'il est ministre de la Santé et des Services sociaux du Gouvernement du Québec. Je n'ai pas la compétence pour ce faire, pas plus que la majorité des journalistes et des chroniqueurs qui écrivent sur le sujet. Cependant, comme la plupart d'entre nous, je constate qu'il y a de la grogne depuis toujours concernant le domaine de la santé, laquelle est transmise en continu par le biais des médias.

Est-ce que notre réseau de la santé et des services sociaux est mal en point? Fondamentalement, je ne sais pas et pour la majorité, la réponse est intuitive, impulsive et idéologiquement à géométrie variable. Mais selon mon jugement, influencé par l'humeur du biais médiatique, c'est oui une journée et je ne sais pas le lendemain. Par contre, par exemple, selon l'Institut Fraser qui publiait en décembre 2017 une étude sur le temps d'attente pour consulter un médecin spécialiste, nous serions dans la moyenne canadienne. Alors, qui dit vrai? Si on écoute les infirmières à dominante francophone, les galères romaines valent la peine, mais pour d'autres, le bonheur serait au « Jewish in english ». Cherchez l'erreur?

Deux choses sont certaines. Les citoyens du Québec trouvent qu'ils payent déjà trop de taxes et d'impôts. Deuxièmement, le réseau de la santé est dans l'état qu'il est, compte tenu des ressources financières que l'on veut collectivement y consentir, y incluant le 480 M$ d'une vieille dette surprise à payer aux médecins spécialistes.

Mais le bonheur est au rendez-vous, Gaétan Barrette nous annonce maintenant que la réforme est terminée.

Mais le bonheur est au rendez-vous, Gaétan Barrette nous annonce maintenant que la réforme est terminée. En fait, il ne faut pas être un grand spécialiste en structure organisationnelle et en gestion du changement pour vous dire que c'est de la « bullshit » électoraliste pur jus. On ne vire pas sur un 10 sous, en 4 ans avec date de fin programmée, un paquebot bureaucratisé comme celui qui supporte la santé au Québec. Soyons sérieux.

Dans la balance des inconvénients, aurait avantage à garder Gaétan Barette en poste pour au moins un autre 4 ans.

Au-delà de cette ineptie des stratèges libéraux et de la personnalité d'un ministre qui se révèle souvent télévisuellement déplaisant, le Québec au 1er octobre 2018, dans la balance des inconvénients, aurait avantage à garder Gaétan Barette en poste pour au moins un autre 4 ans. Pourquoi?

Gaétan Barrette, radiologiste, est un spécialiste cadencé à la vitesse de l'éclair non pas de 50 nuances de gris, mais de plusieurs centaines de celles-ci pour vous diagnostiquer l'intérieur du corps. Là où selon les experts, un individu normal est limité à 30 nuances, le radiologiste joue votre vie au quotidien à l'aide de son immense savoir-faire. Conclusion, Gaétan Barrette que cela vous plaise ou non, est un homme extrêmement intelligent, au-dessus de la moyenne. De plus, qu'on le veuille ou non, il a une connaissance incomparable du réseau de la santé du Québec. S'il est arrivé comme ministre de la Santé avec un bagage médical impressionnant, que nous avons payé comme société, les dernières années ont aussi été celles de son apprentissage tant comme ministre que comme gestionnaire, obtenu aussi à nos frais. Il faudrait y réfléchir par deux fois avant de jeter aux poubelles tout ce savoir-faire, simplement parce que l'homme Barrette est un personnage antipathique et un Libéral de circonstance; et ce, même si le Québec a raté sa cible concernant le pourcentage de médecins de famille, fixé à 85 % pour 2017 pour l'ensemble de la population, mais qui serait présentement à 79 %.

En termes de gestion, Gaétan Barrette a effectué ce que l'on appelle, la réingénierie des processus d'un monstre bureaucratique. Une technique qui consiste à identifier les meilleures façons de faire et ensuite, à les mettre en œuvre en n'y associant que le minimum de personnel pour privilégier l'automatisation. Celle-ci a été popularisée par Michael Hammer du Massachusetts Institute of Technology qui, avec James Champy, a écrit un livre qui a marqué toute une génération de gestionnaires : Reengineering the Corporation : A Manifesto for Business Revolution. D'ailleurs, M. Hammer déclarait en 1993 dans la revue Fortune : « Pour avoir du succès en réingénierie des processus de travail, vous devez avoir une âme de missionnaire, être motivateur et ne pas avoir peur de briser des jambes. »

Sauf pour l'aspect motivation, cette définition colle bien à Gaétan Barrette. Doit-on alors le remplacer par le docteur Lionel Carmant, neurologue à l'hôpital Saint-Justine et candidat toujours non déclaré de la CAQ? Ma réponse est non. Nous perdrions un excellent neurologue et nous serions obligés de payer de nouveau pour l'apprentissage d'un individu comme ministre. De plus, on ne sait pas si Lionel Carmant, au profil de chercheur, à la colonne vertébrale qu'il faut pour faire la « job ». Parce que ne soyons pas naïfs, on ne reviendra pas au moment zéro et le successeur de Gaétan Barrette va devoir continuer son œuvre, même en y apportant des nuances. Si mal il y a, ce qui est loin d'être prouvé, il est déjà fait.

Malgré ses défauts, notamment au niveau du savoir-être, il faut garder Gaétan Barrette en poste. Cependant, il faut que le prochain premier ministre du Québec encadre mieux son poulain, qui a un jour été caquiste avant d'être libéral et qui pourrait facilement revenir dans le giron de la CAQ, sans même s'en formaliser.

Considérant tout le chialage que l'on entend, propre aux réformes et aux réorganisations administratives, lequel est amplifié par les médias, l'opposition politicailleuse, les syndicats et les différentes associations qui insistent la plupart du temps sur l'exception plutôt que la règle, on ne sait pas réellement comme citoyen(ne)s si la réforme de la santé fonctionne ou non, maintenant et demain. Alors, il serait plus mature de respirer par le nez et de garder un Gaétan Barette mieux encadré qui malgré ce qu'il est et ses erreurs, possède la volonté et le savoir-faire requis pour aller de l'avant, afin de consolider ce qui a été entrepris pour améliorer le domaine de la santé au Québec.

Avril 2018

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