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Il faut sauver le bon docteur Barette (suite)

Qu'on le veuille ou non, nous lui avons offert démocratiquement les pleins pouvoirs et le bulldozer s'est mis en marche avec sa vision d'avenir pour notre système de santé.
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La Presse canadienne

Je ne m'attendais pas à donner une suite à mon précédent billet que certains ont qualifié « de texte définitivement télécommandé... trop parfait... pour un simple citoyen non engagé » et d'autres, de pire texte jamais lu. Le sujet n'a laissé personne indifférent et le tout a été salutaire comme défouloir pour les anti-Barette libéraux. Je vais donc préciser un peu plus ma pensée.

Ainsi, selon le Budget des dépenses 2016-2017 du gouvernement du Québec, l'item Santé et Services sociaux compte pour 33,7 M$ sur des dépenses de programmes de 68,2 M$ c'est-à-dire 49,4 % des dépenses de l'État, y incluant une provision pour la richissime entente avec les médecins spécialistes.

Selon un sondage Léger Marketing/Institut économique de Montréal (IEDM) de janvier 2018, 67 % des répondants ont répondu oui à la simple question : « Est-ce que vous trouvez que vous payez trop d'impôt? » Ces résultats ont du sens avec ce que l'on peut observer. Est-ce que nous sommes trop taxés et imposés? La réponse est complexe et teintée par votre inclinaison idéologique. Mais nous pouvons postuler que les citoyens disent : « Assez, c'est assez ». Cependant, nous serions une société très égalitaire. C'est du moins ce que nous dit Le Code Québec. Ce faisant, le modèle québécois de redistribution de la richesse a encore la côte.

Ceci étant, le gauchisant Institut de recherche et d'informations socioéconomiques est d'accord avec le postulat qu'il y a suffisamment d'argent en santé. Un avis qu'elle partage avec l'IEDM. Nos deux larrons s'entendent sur le fait que notre système de santé est victime d'un problème d'organisation. La belle affaire, on le savait déjà, bien avant l'arrivée de Gaétan Barette dans l'espace public en 1998. Déjà dans les années 2000, Bernard Landry alors membre du gouvernement Bouchard avait clairement constaté que ce n'était pas une question d'argent, mais d'organisation. D'ailleurs, les prédécesseurs de Gaétan Barette ont sans doute dû faire, discrètement, le même constat.

Mais c'est ce dernier qui a décidé qu'une réforme s'imposait, considérant probablement que ce défi était à la hauteur de son immense égo. Il a donc mis son portrait sur le poteau avec toute l'humilité que cela requiert, en 2012 avec la CAQ et en 2014 avec les Libéraux. Qu'on le veuille ou non, nous lui avons alors offert démocratiquement les pleins pouvoirs et le bulldozer s'est mis en marche avec sa vision d'avenir pour notre système de santé.

Qu'on le veuille ou non, nous lui avons alors offert démocratiquement les pleins pouvoirs et le bulldozer s'est mis en marche avec sa vision d'avenir pour notre système de santé.

Est-ce que sur le fond des choses, une fois éliminé l'effet amplifié du chialage publico-médiatique, la population est toujours en phase avec le gouvernement du Québec en matière de santé et de service sociaux? La réponse est oui. C'est ce que nous disent les sondages par le biais de l'agrégateur QC125 qui donne depuis plusieurs mois la droite gagnante le 1er octobre 2018, avec la CAQ à 34,9 % des intentions de vote ou les Libéraux à 30,3 %; globalement, 65,2 %. Parce que ne soyons pas doublement naïfs, la CAQ et les Libéraux, c'est du pareil au même et nous ne reviendrons pas en arrière avec la réforme Barette.

Parce que ne soyons pas doublement naïfs, la CAQ et les Libéraux, c'est du pareil au même et nous ne reviendrons pas en arrière avec la réforme Barette.

Ce qui m'amène à conclure que, inconsciemment ou non, nous avons collectivement autorisé en 2014 une réforme de notre système de santé de type organisationnel. Il semble de plus qu'au lendemain du 1er octobre 2018, les sondages étant ce qu'ils sont, que cette autorisation sera maintenue pour au moins un autre 4 ans. La grande question qui s'imposera alors : qui nomme-t-on comme « boss »? Vous connaissez mon opinion.

Nous avons collectivement créé un monstre avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, à nous maintenant de nous assumer et de mettre les moyens en place pour dompter l'animal avant qu'il ne nous dévore. Sur cette base, les dompteurs pour ce type de bibitte, qui ne se laisseront pas dominer par la bête, sont des êtres d'une espèce rare à l'égo surdimensionné et qui se laissent difficilement manipuler et influencer. Enlevons-nous de l'esprit les images idylliques d'un Jack le chasseur de géants sous la forme d'une Véronique Hivon angélique et compatissante.

Qui alors, dans la balance des inconvénients, a l'envergure, le savoir-faire et la colonne vertébrale pour faire un ministre de la Santé crédible au Québec dans l'immédiat, considérant la faiblesse indécente de la rémunération des députés et ministres québécois? Aussi bien continuer avec l'original, dans une réforme dont personne pour l'instant ne peut raisonnablement dire qu'elle n'aboutira pas, malgré les résistances au changement exprimées hauts et forts, en cette veille d'élection.

On pourrait faire la nomenclature des erreurs de Gaétan Barette (et des Libéraux), de ses faux pas et de ses problèmes de comportement, mais à la fin, on fait quoi? On le remplace et si oui, par qui? Parlez-en à Geoff Molson qui a présentement un problème similaire. Peut-être pourrions-nous aussi demander à Québec Solidaire de rajouter un volet suggestion à son électoraliste sondage - Renvoyons Gaétan Barrette dans sa clinique!

Oui, le réseau de la santé, c'est surtout et avant tout, une immense nébuleuse d'humains où chacun gravite à sa place. C'est à nous citoyens de nous assurer que l'équilibre soit maintenu. Mais à la différence de l'univers qui est en expansion, notre système de santé est soumis à de multiples contraintes qu'il convient de comprendre et d'accepter pour en assurer la pérennité. Notre rôle citoyen, c'est de comprendre la finalité et de garder le cap sur celle-ci sans perdre de vue notre capacité à nous indigner rapidement, au besoin.

Notre rôle citoyen, c'est de comprendre la finalité et de garder le cap sur celle-ci sans perdre de vue notre capacité à nous indigner rapidement, au besoin.

Notre société devient de plus en plus complexe. Chaque cas individuel apporte une complexité quasi exponentielle que nous encourageons par peur de déplaire. Le tout dans le contexte d'une médecine qui elle aussi se complexifie dans ses potentialités, avec une facture de plus en plus onéreuse à la clé, le tout dans le cadre d'une population vieillissante habituée au tout gratos étatique, et qui veut obtenir des services médicaux impeccables de l'ère numérique, avec le même niveau de service que les délais de livraison d'Amazon. C'est un peu ça le défi. En ce sens, nous avons peut-être plus besoin d'individus de la trempe de Gaétan Barette que nous voulons l'admettre.

En terminant, pour mieux apprécier le style Barette, suggestion de lecture, la biographie de Steve Jobs par Walter Issacson.

Avril 2018

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