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Lisée: statu quo et sécurité

En proposant de ne pas engager de fonds publics pour promouvoir l'indépendance et en promettant de ne pas agir dans un premier mandat, M. Lisée fait le choix du, donc de la sécurité.
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Cette semaine, M. Lisée a supposé que le PQ se marginaliserait s'il promettait de réaliser l'indépendance dans un premier mandat. Il a même qualifié l'outil prévu dans le programme du Parti québécois, c'est-à-dire le référendum, de poison. Voilà qui n'augure rien de bon. C'est alors que j'ai pensé à Pierre Bourgault et à son discours Sécurité, solidarité et respectabilité.

Bourgault y dénonçait les tentatives du Parti québécois de démontrer aux citoyens que de voter pour le PQ est tout aussi sécuritaire que de voter pour le PLQ. Après tout, le PQ ne proposait pas le statu quo. Selon lui, «si nous [les péquistes] sommes sérieux dans ce que nous avançons, nous savons bien sûr qu'il y a un peu moins de sécurité et pas mal plus de liberté». Pas question de cacher l'indépendance. Sans détour, il affirmait: «À nous de convaincre les gens que cela est nécessaire et vrai. À quoi nous servirait-il d'avoir le meilleur parti si nous n'osons pas, partout à travers le Québec, nous présenter tel que nous sommes, sans toujours cacher des idées ou des hommes dans des garde-robes?»

Voilà une excellente question.

En proposant de ne pas engager de fonds publics pour promouvoir l'indépendance et en promettant de ne pas agir dans un premier mandat, M. Lisée fait le choix du statu quo, donc de la sécurité. Son approche s'inscrit dans une tendance lourde du Parti québécois, qui souhaite le pouvoir à tout prix. Or, cette stratégie est condamnée à échouer pour deux raisons: (1) depuis 1976 qu'elle est mise de l'avant - à quelques exceptions près, notamment sous Parizeau - et, manifestement, le PLQ est plus que jamais au pouvoir et (2) la prochaine élection portera sur l'indépendance, que Lisée le veuille ou non. En 1980, Bourgault dénonçait déjà cette démarche dans une lettre ouverte.

Promettre qu'il n'y aura pas de référendum n'empêchera pas les libéraux d'agiter l'épouvantail de la peur. Ils diront aux Québécois: «Ne tombez pas dans le piège des péquistes. Ils veulent prendre le pouvoir et dès qu'ils l'auront, ils vont vous prendre par surprise! Ils ne sont pas dignes de confiance». Que cette affirmation soit fondée ou non n'importe pas: cela suffit à faire peur. À cela s'ajoute le fait que le défaitisme de cette attitude démobilise les indépendantistes. Les effets seront donc doublement négatifs.

De plus, sans engagement à réaliser l'indépendance dans un premier mandat, il n'y a aucune chance que la convergence des partis indépendantistes voit le jour. C'est en effet ce qu'ont indiqué Option nationale et Québec solidaire. Pourtant, selon une récente analyse de Bryan Breguet du magazine l'Actualité, si la convergence voit le jour, elle a le potentiel de déloger les libéraux. C'est donc en assumant ses convictions indépendantistes que le PQ a une réelle chance de remplacer les libéraux avec l'aide de QS et d'ON et que ces partis, appuyés par la société civile, pourront faire du Québec un pays.

En affirmant clairement qu'il agira dans un premier mandat, le PQ peut enfin mettre fin au débat référendaire. Il pourra dès lors se concentrer sur l'essentiel: expliquer en quoi consiste le projet de l'indépendance. Le PLQ aura beau tenter de démoniser l'outil démocratique qu'est le référendum, il perdra la bataille des idées. Après tout, il n'a rien de plus concret à offrir que le statu quo.

En expliquant le projet et ses bénéfices (investissements dans nos industries, fin du dédoublement des dépenses, protection de l'environnement, électrification des transports, assurance-emploi québécoise, diplomatie internationale, etc.) le PQ convaincra et ralliera de plus en plus de citoyens à sa cause, tout en rassemblant les convaincus qui sont démobilisés à l'heure actuelle. Les effets sont donc doublement positifs.

C'est en étant fidèles à eux-mêmes et à leur idéal que les indépendantistes feront leurs preuves et qu'ils gagneront le respect qu'ils doivent obtenir pour parvenir à réaliser l'indépendance du Québec. Comme le disait Bourgault: «La respectabilité ce n'est pas une image. C'est ce à quoi on arrive quand après des années, on se retrouve fidèle à ses objectifs du début, fidèle à ses principes du début et fidèle à ses rêves du début. C'est de cette respectabilité-là que nous devons vivre».

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