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Grève étudiante: entre ironie et mépris

Le printemps 2015. Nous y voici. Ça brasse. Ça fait mal.
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Le printemps 2015. Nous y voici. Ça brasse. Ça fait mal. C'était cependant inévitable avec le gouvernement en place et sa stratégie de bulldozer. Tout le monde s'y attendait. Cependant, et contrairement au printemps étudiant de 2012, il y a énormément d'ironie lorsque l'on analyse ce qui se passe. Le mépris est aussi poussé beaucoup plus loin.

L'ironie dans ce printemps est flagrante. D'un côté, il y a les policiers. Ils sont en moyens de pression contre leurs employeurs. Plusieurs portent des uniformes sur lesquels sont collés de nombreux carrés rouges et/ou bleus sur lesquels il est entre autres inscrit « On n'a rien volé ». Certains ont même été jusqu'à saccager une partie de l'hôtel de ville de Montréal. Très clairement, les policiers et leurs syndicats en ont contre les mesures d'austérité du gouvernement Couillard qui leur fait perdre leurs acquis. De l'autre côté, nous retrouvons des citoyens - certains sont étudiants, mais certains sont des travailleurs de tous âges - qui manifestent contre les mêmes mesures d'austérité de ce même gouvernement. Logiquement, selon le fameux proverbe « l'ennemi de mon ennemi est mon ami », les manifestants et les policiers devraient faire front commun contre le gouvernement. Sans nécessairement marcher ensemble dans les rues, ces deux groupes de protestataires pourraient se respecter un peu plus. De plus, les policiers pourraient réduire leur agressivité, tout en prévenant les débordements. Pourtant, c'est loin d'être la situation actuelle. Les uns s'en prennent aux autres, même s'ils ont les mêmes objectifs et que les revendications des manifestants soutiennent celles des policiers. Voilà une situation des plus ironiques et décevantes. Diviser pour mieux régner ; voilà ce qu'a accompli avec brio Couillard et son gouvernement.

Le mépris maintenant. Le nouveau ministre de l'Éducation, François Blais a soutenu qu'il était de la responsabilité des institutions d'études de faire respecter leurs règlements. Facile alors de déduire qu'il souhaite que les cours aient lieu coûte que coûte. Il instrumentalise donc les administrations d'enseignement en les envoyant sur la ligne de front de la même manière que l'a fait le gouvernement Charest. Pourtant, le ministre sait pertinemment que les acteurs de la problématique actuelle qui s'opposent ce sont les étudiants et le gouvernement. Les institutions, que ce soit les cégeps ou les universités, ne sont que des tiers face à cela. Ils sont pris entre le marteau et l'enclume. En d'autres mots, ils subissent les dommages collatéraux. En renvoyant la balle aux cégeps et aux universités, le ministre se défile de ses propres responsabilités. Ce comportement est, à mon sens, indigne de l'ex-doyen d'une faculté universitaire qu'il est.

Ce n'est toutefois pas encore le comble de l'ironie et du mépris. Lors de la deuxième journée de manifestation, le ministre sort publiquement pour prévenir que son gouvernement ne paiera pas pour la reprise des cours cet été si jamais la grève s'éternise et que les étudiants perdront leur session. Qu'est-ce qui justifie la position du ministre ? Le fait que le gouvernement n'aurait supposément pas d'argent pour assumer les frais de cette reprise. Premièrement, je ne sais pas pour vous, mais moi, les arguments de peur, j'en ai soupé. Deuxièmement, et c'est là le comble de l'ironie, le ministre utilise l'austérité que dénoncent les étudiants (et les policiers) pour justifier le fait que le gouvernement n'a pas d'argent. Autant dire qu'il s'agit d'un serpent qui se mord la queue et je n'aborde même pas le sujet du dernier budget dans lequel le gouvernement souhaite limiter la croissance des dépenses en éducation à un famélique 0.2% ! Finalement, toujours dans le comble de l'ironie, même les carrés verts de la Fondation 1625 ont dénoncé la position du ministre sur l'annulation des sessions, car ils estiment que le gouvernement les laisse tomber, bref, qu'il les méprise aussi. Comme quoi ce gouvernement laisse tomber tout le monde...

Post-scriptum pour ceux et celles qui désirent ne pas être en grève : je vous invite à vous mobiliser lors de vos AG pour rejeter les votes de grève. Je préside l'Association Générale des Étudiants des Cycles Supérieurs en Droit de l'UdeS (AGECSDUS). Les membres que je représente ont massivement rejeté le fait de tenir une AG au sujet de la grève. Il est donc impossible que nous déclenchions une grève. Vous aurez compris que cela n'est pas ma position personnelle. Cependant, je respecte la décision des étudiants que je représente, car c'est ça la démocratie. Il me semble donc normal que vous fassiez de même, que vous participiez aux votes qui vous concernent et que vous respectiez la décision de la majorité.

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