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Que le vrai PQ se lève!

À quelle hauteur se situera l'appui de PKP s'il arrivait qu'il soit déclaré chef du PQ ce soir? Le vote des «vieux impatients» tels que Bernard Landry l'emportera-t-il sur celui des gens qui sont plus attachés au modèle québécois social-démocrate?
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C'est bien simple, j'ai hâte à ce soir. Je le sais. À peu près tous les chroniqueurs accordent la victoire à Pierre Karl Péladeau. Au premier tour en plus.

Mais le résultat de ce soir nous en dira davantage sur le PQ qu'il nous en apprendra sur celui que les médias ont désigné gagnant dès le début de la course à la direction du Parti québécois.

Pierre Karl Péladeau, on le connait. Magnat de presse, indépendantiste, fougueux, colérique, autoritaire, insensible aux fondements d'une saine démocratie qui exigerait une étanchéité (au moins apparente) entre les pouvoirs exécutif et médiatique, Péladeau n'a aucune envie de faire des compromis sur la propriété de ses actions dans Québécor et il le dit. Il le dit et il le réaffirme. Rien n'y changera. Au moins, ça, c'est clair. Sa défense: "Les gens votent pour moi en toute connaissance de cause".

Mais le Parti québécois, lui, qu'est-il devenu? On le sait vieillissant. Combien de fois nous a-t-on rapporté la forte proportion de "têtes blanches" à leurs rassemblements? Que les Bock-Côté et Facal veuillent ou non se l'avouer, le projet de Charte sur lequel le PQ planchait pour gagner une majorité à la dernière élection a échoué. Lamentablement.

Le chroniqueur Michel C. Auger:

Encore plus significatif, ce sont les plus jeunes électeurs qui ont déserté le PQ. Ainsi, dans le dernier sondage Léger Marketing avant l'élection d'avril 2014, le PQ était au 4e rang chez les jeunes de 18 à 24 ans avec 19 % des voix. Il ne faisait guère mieux chez les 25 à 34 ans avec 22%, au 3e rang, juste devant Québec solidaire.

Par ailleurs, ce qu'on n'a pas rapporté suffisamment pendant cette course, trop occupés étions-nous à faire connaissance avec la véritable nature de PKP, est ce dilemme auquel fait face le membership du Parti québécois.

Le dilemme: ce pays qu'ils veulent, le veulent-ils avant ou après avoir défini de quoi il aura l'air? Sont-ils tellement anxieux de ne pouvoir réaliser l'indépendance qu'ils sont prêts à donner carte blanche à quelqu'un dont ils doutent de la ferveur sociale-démocrate? Ou se disent-ils tout simplement que c'est le pays qui doit venir avant toute autre réflexion (l'option Bock-Côté)?

C'est un peu le débat que tenaient les Paul Piché, Jici Lauzon et Serge Denoncourt qui défendaient respectivement leurs candidats Péladeau, Ouellet et Cloutier à l'émission 24/60 du mercredi 13 mai. (Ici à 27:00). Intéressant.

C'est aussi ce qui est reflété par un texte d'opinion d'un jeune étudiant en science politique de l'UQAM (idéalement la clientèle cible du PQ...). "Si les péquistes votent pour PKP, sont-ils vraiment attachés aux valeurs progressistes?", semble nous dire ce jeune.

J'ai toujours eu cette forte impression que les militants du PQ étaient fiers non seulement de leur langue et de ce pays qu'ils et elles souhaitent construire, mais d'abord et avant tout de ce qu'il est convenu d'appeler le modèle québécois, qui relève d'une vision sociale-démocrate, solidaire, ouverte et progressiste, de notre société.

Aujourd'hui, alors que le PQ s'apprête à élire Pierre Karl Péladeau comme chef, je me dois de reconnaître mon erreur.

Un pays construit sur la richesse, la puissance et l'influence d'un seul homme ne sera jamais la fierté d'un peuple. Une monarchie médiatique, voilà ce que vous construisez, rappelez-vous-en lorsque vous élirez votre roi.

Voilà un prochain militant de Québec solidaire et surtout, voilà ce que produit notre système d'éducation...

Comment peut-il ne pas être déçu, en effet ?

Dans une récente chronique, Joseph Facal posait la question "PQ, qui es-tu?", ayant pour sa part, défini le PLQ comme suit:

"Le PLQ est radicalement opportuniste sur à peu près tout, mais sur l'essentiel, son ADN est immuable: il est fédéraliste, collé au milieu d'affaires et au service des minorités ethniques. Les libéraux savent qui ils sont et à quoi ils servent." - Joseph Facal

Bien que je trouve cette définition parfaitement injuste et condescendante envers les francophones et les jeunes attachés aux valeurs libérales et à une conception de l'identité plus ouverte sur le monde, je tenterai de répondre à sa question, du moins je propose ici la perception que plusieurs d'entre nous en avons:

Le PQ, c'est le parti de la consultation populaire, de la culture du consensus, c'est le parti des syndicats, de la défense des droits acquis, de l'environnement au point où on n'ose plus développer nos propres ressources naturelles. C'est le parti qui encourage la déresponsabilisation individuelle (grève étudiante), la ghettoïsation des francophones (haine de l'anglais) et l'antilibéralisme primaire. C'est le parti qui n'hésite pas à défier les institutions démocratiques (les injonctions, le Vérificateur général, le jurisconsulte, etc.) C'est le parti qui produit et attire des professeurs qui croient qu'un comptoir Subway dans un cégep mine "le sens critique" des étudiants... parce que, bien sûr, les professeurs syndiqués se sont donnés cette mission: de développer le "sens critique" des étudiants...

Le PQ? On le connaît très bien, M. Facal. Il reste à savoir ce que vous êtes prêts à faire pour rentrer dans le fond de la gorge des Québécois des heures de débats sur une indépendance que ne souhaite qu'une minorité de gens.

Alors le vrai suspense est celui-ci. À quelle hauteur se situera l'appui de PKP s'il arrivait qu'il soit déclaré chef du PQ ce soir? Le vote des "vieux impatients" tels que Bernard Landry l'emportera-t-il sur celui des gens qui sont plus attachés au modèle québécois social-démocrate?

Stéphane Bédard s'inquièterait pour la CAQ, selon une de ses dernières sorties en qualité de chef par intérim du Parti québécois. Il promet des jours difficiles pour la CAQ une fois la course terminée, une autre preuve au dossier de l'illusion dont souffre l'intelligentsia péquiste.

Car si PKP est élu au premier tour, voici ce qu'on comprendra: que le PQ et son chef seront prêts à tout pour forcer l'indépendance du pays. De très bonnes nouvelles pour les gens de la CAQ qui croient que le débat constitutionnel a assez duré et de très bonnes nouvelles pour les gens de Québec solidaire qui verront dans ce vote tout ce qui les horripile au plus haut point.

P.S. S'il advenait que, oh surprise, il y ait un 2e tour, alors là, ce sera vraiment... mais vraiment intéressant.

À lire également: les chroniques de Chantal Hébert, et d'Yves Boisvert

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