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Une mise à jour économique... verte

Voilà maintenant deux fois que le gouvernement Couillard rate le test. Le test d'énoncer une vision claire, des principes directeurs, un programme cohérent lors de son arrivée au pouvoir. Ils ont passé tout droit lors du premier budget et ils ont récidivé avec cette mise à jour économique.
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Quoi retenir de ce mini-budget? Plusieurs choses.

D'abord que les libéraux continuent de sous-estimer dans quelle mesure les fondamentaux de l'économie québécoise sont en péril. Moins de croissance économique que prévu (1,6% au lieu de 2,1%), moins de revenus autonomes que prévu (le cash ne rentre plus au gouvernement), perte d'emplois plutôt que création d'emplois. Ce n'est pas joli.

Effet d'un déclin tranquille d'un Québec qui n'a pas su à temps procéder à des réformes structurelles? N'en faites surtout pas mention au premier ministre Philippe Couillard. Les gens qui sonnent l'alarme l'ennuient, a-t-il avoué récemment. Il préfère s'amuser dans les forums sur l'innovation et faire de son poste de premier ministre une extraordinaire expérience d'apprentissage et de stimulation intellectuelle. Chic.

Un gouvernement qui invite les libéraux mais qui danse avec la gauche

Mais résumons. Depuis l'arrivée des libéraux (sic) le 7 avril dernier, le gouvernement Couillard a poursuivi un objectif clair auquel il n'a pas dérogé: l'atteinte de l'équilibre budgétaire en 2015-16. Alors qu'il était censé n'augmenter le fardeau fiscal d'aucun travailleur, voyons comment il y arrive:

  • En diminuant les transferts aux municipalités de300 millions - ce qui se traduira sans doute par une augmentation de taxes municipales;
  • En diminution de transferts aux commissions scolaires - ce qui se traduira par des augmentations de taxes scolaires
  • Par une mesure cosmétique de modulation de la tarification des garderies subventionnées les plus coûteuses au pays

Les « riches » ont également été touchés depuis l'arrivée des libéraux. On a étalé les augmentations de salaires des médecins, couper brutalement la rémunération des pharmaciens, exigé davantage des employés municipaux pour ce qui est de leur contribution à leur régime de retraite et exigé davantage des familles à revenus plus élevés pour les frais de garde.

Résultat? Des mouvements syndicaux et groupes sociaux soulagés? Heureux d'une social-démocratie véritable qui fait payer les « riches »? Non. Plutôt une grande perturbation syndicale dimanche dernier d'une gauche incapable de réaliser que son gouvernement est bel et bien à l'écoute de ses récriminations. Il fait payer les riches, coupe les crédits d'impôt aux entreprises, mais ce n'est pas suffisant.

La mise à jour économique du ministre Carlos Leitao de mardi en rajoute.

Vous conduisez une auto? Un pickup? Un SUV? Voilà ce que vous sert votre gouvernement « libéral » (sic):

  • Hausse de la taxe sur les assurances auto
  • Hausse des coûts d'immatriculation des grosses cylindrées
  • Hausse attendue d'environ 2 à 3 sous le litre d'essence due à l'idéologie verte du Parti libéral du Québec

Ajoutez à cela une hausse de taxe sur le capital pour les compagnies d'assurance et une surtaxe (temporaire, quelle blague!) sur la masse salariale pour les institutions financières, et vous avez là de quoi plaire aux partisans de Québec solidaire.

Encore une fois, on passe tout droit

La présentation du trio ministériel de mardi envoyait un puissant signal: celui de la présence du ministre de l'Environnement David Heurtel (quelqu'un y a-t-il vu M. Daoust?). Il y a là encore de quoi réjouir la gauche écolo du Québec au détriment des familles et des travailleurs.

« Nous allons dans la bonne direction. Nous sommes en train de faire des changements structurels », nous dit le ministre Carlos Leitao.

Faux. Toutes ces mesures... TOUTES!!!! sont des mesures ponctuelles. Des « one-shots » comme on dit. Le genre de mesures qu'on ne peut répéter d'année en année. Rien de structurel, rien de structurant.

Alors voilà. Je n'achète plus le discours de Philippe Couillard de moderniser et d'innover l'État québécois. Vous pourriez cesser de faire des fins de semaine de forum sur l'innovation.

Tant que vous ne remettrez pas en question la façon dont les services sont produits au Québec, vous échouerez. Tant qu'on baignera dans l'illusion de la gratuité, on se fichera de la dépense.

Une révision permanente des programmes? Vous avez mis à la déchiqueteuse le Rapport Robillard. Et puis, on repassera pour ce qui est de la solidarité au Conseil des ministres. Il y a des gens là qui oeuvrent plus pour leurs lobbies respectifs que pour le citoyen qui supporte à peu près toutes les industries et lobbies au Québec.

Voilà maintenant deux fois que le gouvernement Couillard rate le test. Le test d'énoncer une vision claire, des principes directeurs, un programme cohérent lors de son arrivée au pouvoir. Ils ont passé tout droit lors du premier budget et ils ont récidivé avec cette mise à jour économique.

Pendant qu'on paie pour des systèmes informatiques qui n'en finissent plus, des places fantômes dans les garderies, des places fantômes dans les autobus scolaires, des étudiants universitaires qui ne terminent même pas leur programme, le gouvernement Couillard a fait son choix: préserver le modèle de gaspillage québécois et tripper écolo.

Je n'ai même pas hâte de savoir comment il fera pour aller chercher le 1 milliard et quelques qui manque. Je me doute bien que ce sera encore les travailleurs qui défraieront la note, directement ou indirectement. Et je rappellerai en terminant que la croissance des dépenses prévue pour 2015-16 est de 0,7%!

Je vous suggèrerais bien de geler la masse salariale de tous les employés des secteurs publics et parapublics, mais je parie que vous trouverez bien une gentille façon de venir prélever davantage chez les autres travailleurs.

Bref, aucun changement structurel jusqu'à présent. On se retrouvera donc un jour, à la prochaine crise financière ou économique, sans aucune marge de manoeuvre et sans n'avoir rien réglé. Et pendant ce temps, les ministres s'amusent, les mandarins produisent des rapports, la gauche est dans la rue et PKP veut vendre la souveraineté. Qu'importe. Aujourd'hui, on parlera hockey.

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Avril 2018

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