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Bonnes nouvelles et leçons à tirer de l'élection 2015

Désormais, les élections fédérales ne sont plus un exercice soumis à la logique indépendantiste qui enferme les Québécois dans l'ignorance ou l'indifférence des enjeux qui relèvent du fédéral. La bouderie semble terminée.
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Bonne nouvelle - Les Québécois se sont intéressés aux enjeux fédéraux et ont participé activement à voter pour le gouvernement de leur pays.

Cette élection aura été celle où les Québécois se sont sortis du paradigme simpliste de la seule «défense des intérêts du Québec à Ottawa». Bravo! Dans les dernières semaines, on n'aura jamais tant débattu d'enjeux relevant du palier fédéral: sécurité, partenariats de libre échange, relations internationales, participation militaire du Canada contre le terrorisme, exportation du pétrole canadien, immigration et réfugiés, et j'en passe.

Ceci est une bonne chose. Désormais, les élections fédérales ne sont plus un exercice soumis à la logique indépendantiste qui enferme les Québécois dans l'ignorance ou l'indifférence des enjeux qui relèvent du gouvernement fédéral. La bouderie semble terminée. L'expérience est rafraîchissante.

Bonne nouvelle - Les Québécois n'ont pas voté en banc de poissons.

Depuis trop longtemps, les Québécois ont eu tendance a mettre tous les œufs dans le même panier, soit celui du Bloc québécois ou, dernièrement, du NPD. Pas cette fois-ci.

Pour une première fois depuis longtemps, la carte électorale des comtés remportés est multicolore. Certes, les libéraux l'ont emporté largement avec 40 sièges sur 78, mais les autres partis se sont partagés la balance (16 au NPD, 12 au Parti conservateur et 10 au Bloc). On raconte même que le premier choix des francophones est le Parti libéral de Justin Trudeau. Pas une mince victoire, il faut l'avouer, mais tout de même indicateur que les friands de «bonnes vieilles chicanes» entre le Québec et «Ottawa» risquent d'être déçus. Cette fois-ci, le Québec participe au gouvernement du pays.

Leçon - Les Québécois ne votent pas sur des enjeux identitaires.

Malgré tous les débats, toutes les lignes ouvertes, toute la polémique entourant l'assermentation d'une immigrante à visage voilé, il semble que cela n'ait pas été un facteur déterminant du vote. De la même façon que les Québécois n'ont pas voté sur des questions identitaires et pour la Charte péquiste à la dernière élection québécoise qui redonnait le pouvoir au Parti libéral du Québec, le niqab et les questions identitaires n'ont eu que peu d'effets sur le vote.

En effet, le Parti libéral du Canada de Justin Trudeau est très à l'aise avec l'idée qu'une femme ait le visage voilé au moment de la cérémonie d'assermentation à la citoyenneté.

Constat - Le Bloc québécois continue sa lente agonie.

Nous en sommes à la phase de l'acharnement thérapeutique. Clairement, les Québécois ne jugent pas le Bloc québécois encore pertinent au Parlement canadien. En pourcentage de votes et en nombre de votes, le Bloc est encore une fois perdant, et son chef Gilles Duceppe n'est pas élu dans sa circonscription.

Bien sûr, le chef du Parti québécois a fait comprendre (sur sa page Facebook, bien sûr) qu'on ne peut conclure quoi que ce soit sur la volonté des Québécois de faire du Québec un pays. Bien sûr... Et si le Bloc avait remporté 40 sièges, cela n'aurait rien eu à voir avec un renouveau du mouvement souverainiste? Voyons donc...

Leçon - Changement de paradigme, de génération et d'image.

Le 19 octobre 2015, le pouvoir politique s'est effectivement déplacé de l'ouest vers le Canada central, celui que certains qualifient comme le «véritable Canada», celui des provinces centrales de l'Ontario et du Québec.

Ce qui est annoncé: un changement de paradigme (gouvernement plus centralisateur), de ton (plus clément avec les médias), de leadership (on privilégie les consensus), de vision sur le plan économique (plus de promesses, plus de gouvernement, plus de dépenses et de déficits). Sont-ce des bonnes nouvelles? Pour ma part, c'est loin d'être le cas.

Sur le plan de l'image, on passe à la politique people et cela n'aura pas pris 24 heures avant qu'on se rende compte de la nouvelle image du Canada projetée sur la scène internationale: plus jeune, plus branchée, optimiste et positive, au discours pacifiste et même quelque peu naïf. Bref, un discours hakuna matata inspiré fort probablement du Yes, we can d'Obama.

La leçon? Ça a marché! Avis aux promoteurs de partis politiques. Les gens préfèrent les belles images et les bons sentiments à la responsabilité fiscale et la politique-réalité.

Le défi - Le défi des conservateurs et de la droite canadienne.

Le corollaire de la politique-fiction et de la politique-people est le défi, la nécessité et le devoir du Parti conservateur à développer un discours positif et optimiste. Pas facile mais absolument nécessaire.

En réalité, il n'y a rien de plus facile pour les partis et les chefs à la gauche du centre de promettre des bonbons électoraux avec l'argent des autres. Quand je lis ou j'entends que le Parti libéral du Canada a été «audacieux» en promettant de faire des déficits, je mets en doute l'objectivité ou même le jugement de ces supposés analystes.

Ce qui est audacieux et méritoire, c'est tout le contraire, et c'est ce discours que les conservateurs doivent s'appliquer à développer et à défendre pour le prochain rendez-vous électoral. À ce qui semble, un chef plus jeune avec une belle famille, ça ne nuirait pas (non, je ne suis pas cynique du tout, du tout, du tout).

La plus grande des leçons - La politique est essentiellement une question de timing.

Enfin, pour ceux qui croient que la politique relève essentiellement du domaine des idées, il faut apprendre à s'y faire. La politique est une question de timing et de contexte. Cette fois-ci était la bonne pour le Parti libéral du Canada et pour Justin Trudeau (et pour Mélanie Joly, il faut croire...). Après dix ans d'essais-erreurs et de courses à la chefferie qui n'ont inspiré personne, le PLC a trouvé son homme.

Après 10 ans au pouvoir, je suis d'avis qu'aucune promesse du Parti conservateur n'aurait renversé une tendance lourde et le désir d'éjecter le gouvernement en place. Comme le racontait sagement l'ex-premier ministre Brian Mulroney à une émission d'affaires publiques: «Le changement? J'ai été élu parce que je n'étais pas Pierre Elliott Trudeau. Chrétien a été élu parce qu'il n'était pas moi. Justin Trudeau a été élu parce qu'il n'était pas Stephen Harper.» Aussi simple que ça. Au bout de 10 ans, bon, pas bon, t'es mis dehors.

Ce qui reste, l'histoire en jugera, comme l'a répété M. Mulroney. Et comme l'histoire juge maintenant que M. Mulroney a été un des très bons premiers ministres dans l'histoire du Canada, l'histoire jugera sans doute que Stephen Harper a été le gars qu'il nous fallait durant la dernière décennie.

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