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CPE: Quand c'est plus facile d'augmenter les tarifs que d'exiger une gestion rigoureuse

Il est bien difficile pour un gouvernement de résister aux réseaux établis, comme celui des CPE. La solution facile: imposer l'ensemble des contribuables, tarifer davantage les parents et passer sous silence qu'à la source d'une croissance effrénée des dépenses publiques, il y a celles qu'on n'ose remettre en question pour toutes sortes de raisons.
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Selon une analyse effectuée par le comptable Pierre-Yves McSween et le reportage qu'en a fait ICI Radio-Canada, une place en CPE coûte à l'ensemble des contribuables (avec vos impôts) presque $2800 de plus par année qu'une place dans une garderie privée subventionnée. Dans les deux cas, la contribution des parents est la même mais dans le cas des CPE, l'État verse davantage de subventions pour chacune des places en garderie.

«Si les quelque 86 000 places en CPE étaient transférées au privé, le gouvernement épargnerait près de 240 millions de dollars par année.» - Pierre-Yves McSween

Reprise par le chroniqueur économique de La Presse Francis Vailles, celui-ci s'explique cette différence de coûts, entre autres, par les meilleures conditions de travail des éducatrices dans les CPE.

«Même en maintenant les bonnes conditions de travail des éducatrices, les CPE dépenseraient globalement 160 millions $ de plus, par ailleurs, que s'ils avaient une structure de coûts comparable au privé. Et l'analyse ne tient pas compte de leurs subventions pour l'immobilier, ni de leurs exemptions de taxes foncières et de TPS-TVQ», dit-il.

Fascinant, n'est-ce pas? Austérité, vous dites? Et ce chiffre de 160 millions de dollars, cela ne sonne pas des cloches? Curieusement, si on se réfère à un article de La Presse de novembre dernier, ce 160 millions représente très précisément les augmentations des tarifs de garderies imposées aux parents dans le dernier budget.

Autrement dit, les augmentations des tarifs de garderie imposées à tous les parents (que ceux-ci confient leurs enfants dans des CPE ou dans des garderies privées subventionnées) compensent, en partie, les coûts supérieurs engendrés par les CPE dont la rigueur budgétaire laisse à désirer.

Autrement dit, au lieu d'exiger des CPE d'adopter une rigueur budgétaire comparable à celle des garderies privées subventionnées, on préfère augmenter la contribution des parents jusqu'à 20 $ par jour.

Plus encore, si on avait quand même voulu moduler les tarifs de garderie en fonction du revenu des parents (parce qu'on trouve que c'est plus équitable), on aurait pu diminuer la dépense du gouvernement et donc, le déficit.

La morale de cette histoire? C'est qu'il est bien difficile pour un gouvernement de résister aux réseaux établis, dans ce cas-ci, le réseau des CPE. La solution facile: imposer l'ensemble des contribuables, tarifer davantage les parents et passer sous silence qu'à la source d'une croissance effrénée des dépenses publiques, il y a celles qu'on n'ose remettre en question pour toutes sortes de raisons. C'est le cas des CPE, c'est le cas d'Hydro-Québec, des sociétés d'État et des municipalités dont les conditions salariales des employés et la masse salariale sont franchement indécentes.

Enfin, si vous lisez les journaux ces temps-ci, vous remarquerez que beaucoup de personnes s'offusquent des contraintes budgétaires imposées aux réseaux de la santé et de l'éducation. Ici, on dénoncera la «privation du système de santé» alors que là, on craindra la baisse des niveaux de service. Il y a une raison à cela, elle est bien illustrée dans le tableau plus bas et elle se résume simplement. Au Québec, comparativement au reste du Canada, on fait d'autres choix que la santé et l'éducation. Voyez par vous-mêmes.

Source: Des junkies du "Gouvernemaman"; écoutez également ma chronique sur le sujet au FM 93,3 de Québec.

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