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Le Cirque du Soleil et le nationalisme économique québécois

Vous créez une entreprise, vous la faites prospérer, elle a une portée internationale, vous faites fortune, employez des milliers de personnes partout sur la planète. Seulement voilà. Vous ne pouvez pas la vendre. Sans l'autorisation du gouvernement. Sans qu'il y ait un politicien quelque part qui s'indigne du fait que votre «fleuron» puisse être transplanté ailleurs.
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Effet du nationalisme économique. Vous créez une entreprise, vous la faites prospérer, elle a une portée internationale, vous faites fortune, employez des milliers de personnes partout sur la planète.

Seulement voilà. Vous ne pouvez pas la vendre. Sans l'autorisation du gouvernement. Sans qu'il y ait un politicien quelque part qui s'indigne du fait que votre "fleuron" ne peut être transplanté ailleurs. En clair, vous n'êtes pas un véritable patriote. Vous ne pouvez pas faire ça. Sans que le gouvernement s'en mêle pour dénicher des investisseurs québécois qui voudront prendre la relève d'une entreprise dont ils ne connaissent ni les rouages, ni les contours financiers, ni le marché.

Voilà, en clair, ce que proposent Pierre Karl Péladeau du PQ et François Legault de la CAQ en demandant au premier ministre du Québec de s'en mêler. De devenir celui qui "sauvera" le Cirque du Soleil des mains de l'étranger. De "politiser" la vente des entreprises d'entrepreneurs qui en sont rendus à vouloir récolter les fruits de leur création, de leur entreprise.

Comme s'il n'y avait pas suffisamment de secteurs d'activité économique au Québec qui étaient politisés: la santé, l'éducation, la SAQ, Hydro-Québec, les éoliennes, la cimenterie, you name it!

On peut raisonnablement penser que Guy Laliberté a certainement fait le tour, lancé la ligne à cette communauté d'affaires québécoise. Seulement, ça ne mord pas. Et puis, c'est compliqué en mautadit de faire des affaires au Québec. Pas inutile de rappeler la mésaventure de Guy Laliberté et du Cirque du Soleil lorsqu'il avait tenté, en 2005, de participer au projet de déménager le Casino de Montréal dans le quartier Pointe-Saint-Charles. Exaspéré, il avait renoncé et s'était retiré. Ben ben compliqué de faire des gros projets au Québec...

Et puis, il y a cette culture anti-richesse, anti-progrès, les syndicats, la politisation des relations de travail. Pas sûr. Pas sûr pantoute que ça tente à quelqu'un de s'embarquer là-dedans.

Il n'y a plus aucune fibre adéquiste qui résiste au nationalisme économique du chef de la CAQ. Il semble que pour François Legault, et encore plus pour le probable futur chef du PQ, Pierre Karl Péladeau, le gouvernement n'intervient pas suffisamment dans la vie des entreprises québécoises.

Et pourtant. Vous ne croyez pas une seule seconde que si ce modèle économique du Québec marchait, on le saurait? Il va falloir quoi? Que la Caisse et que Investissement Québec soient actionnaires dans toutes les entreprises québécoises? Vous avez quoi là, sur votre liste: SNC-Lavalin, Bombardier et quoi encore? Il va arriver quoi quand l'entreprise menacera de mettre à pied des employés? Quand l'entreprise menace de fermer ses portes? Quand le syndicat fera une grève générale illimitée? Il va falloir que le gouvernement s'en mêle? Quand l'entreprise décidera de déménager ses pénates dans un État à la fiscalité et aux coûts sociaux moins lourds?

Les François Legault et Pierre Karl Péladeau ont fait leur argent avec l'aide des fonds publics. C'est leur modèle d'affaires. Ils ne connaissent rien d'autre. Ils sont indépendants de fortune aujourd'hui, soit parce qu'ils ont hérité de la fortune du paternel, soit parce qu'ils ont vendu l'entreprise.

Ces personnes désirent faire croître l'entrepreneuriat au Québec, créer de la richesse, et dans les deux cas, veulent que le Québec soit indépendant. Ce dont il ne semble pas se rendre compte, cependant, c'est que la meilleure façon de faire ça, c'est en se mêlant de leurs affaires. Vous avez décidé de faire de la politique? Faites de la politique!

Encouragez des politiques publiques qui stimuleront les entrepreneurs: une main-d'oeuvre qualifiée, une fiscalité simplifiée, des relations de travail harmonieuses, des infrastructures qui ne ressemblent pas à celles du tiers-monde, des investissements étrangers en sol québécois. C'est ça, votre job. Travailler sur les fondations d'un environnement de travail et d'affaires stimulant créateur de richesse.

Pour le reste, quand le créateur ou l'entrepreneur décidera de la façon dont il entend donner un second souffle à son entreprise, ça ne vous regarde tout simplement pas. Get that?

À lire également, le blogue de Pierre Duhamel.

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