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Revenu disponible: assumer notre «pauvreté» relative

L'Institut de la statistique du Québec s'est prononcé: le Québec arrive maintenant au dernier rang pour ce qui est du revenu disponible de ses habitants.
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Dans une récente chronique, Mario Dumont ne s'habitue pas à réaliser que le Québec s'appauvrit. L'Institut de la statistique du Québec s'est prononcé: le Québec arrive maintenant au dernier rang pour ce qui est du revenu disponible de ses habitants.

Avec un revenu disponible par habitant de 26 046$, comparativement à une moyenne canadienne de 30 270 $, c'est environ 4 200 $ de moins que le Québécois a dans ses poches, pour consommer, dépenser, épargner.

Pourquoi cet écart? Selon l'ISQ, c'est parce que nos salaires sont moins élevés, parce qu'on travaille moins d'heures et parce qu'on est moins nombreux à travailler. Et ce serait pire si on ne comptait pas les prestations du gouvernement que reçoivent nos concitoyens québécois (le revenu disponible inclut ce que reçoivent les citoyens du gouvernement):

«Il importe de mentionner que sans l'intervention des différents paliers de gouvernement sous forme de transferts monétaires aux ménages (aide sociale, prestations d'assurance-emploi, rentes de retraite, crédits d'impôt remboursables, etc.), la différence de revenu entre le Québec et le reste du Canada serait encore plus grande.

En 2014, les Québécois ont reçu en moyenne 1 147 $ de plus en transferts gouvernementaux que les autres Canadiens. En raison d'un taux de chômage plus élevé, les Québécois ont davantage recours aux prestations d'aide sociale. Qui plus est, le Québec reçoit, en moyenne, davantage en prestations de la Sécurité de la vieillesse que le reste du Canada, étant donné que sa population y est plus âgée. Les transferts gouvernementaux sont aussi plus élevés au Québec qu'au Canada en raison des différentes mesures d'aide financière destinées aux familles offertes par l'administration publique québécoise.»

En clair, on reçoit plus d'aide sociale, plus d'assurance-chômage, plus de Sécurité de la vieillesse et plus de prestations d'aide à la famille. Et en 2014, «les Québécois ont reçu en moyenne 1 147 $ de plus en transferts gouvernementaux que les autres Canadiens».

Les causes structurelles à la base de tout ça? Et là, c'est moi qui le déduit: des politiques sociales qui favorisent la dépendance plutôt que la mobilité sociale et un réel appui ciblé aux plus vulnérables, un plus grand nombre de personnes âgées, une prétention à vouloir se payer un État qui est le «paradis des familles», une incapacité à attirer des investisseurs étrangers qui offriraient des «jobs plus payantes», une soumission à la nouvelle religion verte, et un système d'éducation qui réussit trop peu à diriger nos jeunes vers des techniques et des professions en manque de main-d'oeuvre hautement qualifiée.

A-t-on besoin de nous rappeler que la proportion d'analphabètes fonctionnels est plus élevée chez les 16-24 ans (49 %) que chez les 25-44 ans (42 %) si l'on en croit ce que raconte le Journal de Montréal? Pas diable mieux chez les chômeurs, selon ce que rapporte Francis Vailles de La Presse. Gêné?

Bof. «Mince consolation, le reste du pays voit le pouvoir d'achat de ses citoyens stagner», titrait Le Devoir la semaine dernière. Ben oui. Réjouissons-nous! Ce n'est pas que chez nous que ça ne va pas bien.

On ne devrait pourtant pas. Il viendra un temps où les gens de l'Ouest - vous savez, ceux dont l'économie repose en grande partie sur les hydrocarbures, ceux qui encore cette année, comme l'Alberta, vont contribuer avec 18 milliards $ à la péréquation - vont réinterroger leur générosité pour des provinces comme la nôtre qui va en accaparer pas moins de 55%, soit 10 milliards $ cette année.

Assumer le modèle québécois

J'entends des gens qui s'indignent avec le fait qu'on demandera une contribution de 11$/jr pour une place en garderie à des couples qui gagnent 100 000 $. Eille! Ça en coûte 60$/jr! Vous avez oublié de mettre de côté la somme et jugez injuste d'avoir à tout payer d'un coup sur votre rapport d'impôt? Demandez à votre employeur de faire des retenues à la source supplémentaires. C'est pas sorcier, ça, non? Et puis, consolez-vous. Les études post-secondaires au Québec ne coûtent pratiquement rien comparativement au reste du Canada. Bienvenue. De la part de l'ensemble des contribuables du Québec.

On veut des garderies nationalisées aux frais de l'ensemble des contribuables? Payons pour! On veut un système de santé soit-disant «universel» avec le gouvernement comme payeur unique? Ben c'est ça que ça donne. Des médecins maintenant payés plus que ceux du reste du Canada avec à peu près aucune garantie d'efficacité. C'est «le système», voyez-vous. «L'organisation»! Non. Il n'y a pas de scandale aux «frais accessoires». Le scandale, il est ailleurs: dans l'attente. Malgré un taux de médecins/patients plus élevé. Proprement révoltant.

Bref, après une fiscalité aussi confiscatoire que la nôtre, après avoir étranglé nos entreprises de taxes sur la masse salariale et de paperasserie, après une nouvelle taxe santé, des taxes sur l'essence plus élevées qu'ailleurs, des vaches à lait telles Hydro, SAQ et Loto-Québec, après un nouveau Fonds vert qui se nourrit de nouvelles taxes sur l'essence, une récession se pointe peut-être et on se replie sur une nouvelle séance de quémande du gouvernement fédéral qui n'est même pas gêné d'évoquer un endettement supplémentaire qui frôle les 20 ou 30 milliards $.

Ben, c'est ça que ça donne, le monde. Mario Dumont termine sa chronique avec une interrogation: «Comment en sommes-nous venus à penser que notre modèle étatique, social et syndical nous rend service avec des résultats semblables?» Mystère.

Aucun mystère là. C'est culturel. Tout est culturel. C'est ça le problème. Et ça commence avec ce qui est enseigné dans nos écoles pour se continuer dans «la rue» et se poursuivre sur des bancs de députés à l'Assemblée nationale, intimidés devant les lobbies, impuissants devant une grogne de plus en plus vocale, et vulnérables à la dernière fantaisie verte du moment.

En terminant, je vous suggère un petit extrait d'au plus 5 minutes de L'Illusion tranquille réalisé en 2006.

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