Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
Il est aisé de distinguer l'erreur commise de croire qu'un parti «indépendantiste» peut créer les conditions de la souveraineté. Il ne peut pas... pas de manière compétente du moins.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Le 16 mai dernier nous a dévoilé la nouvelle tête de proue du Parti québécois, le descendant du célèbre homme d'affaires Pierre Péladeau. Les jours qui ont suivi le couronnement de Pierre Karl Péladeau ont mis en lumière un climat d'exaltation chez les péquistes, un espoir électoral, la joie d'être pris en photo avec quelqu'un de bien connu.

À vélo, sans selle

Lundi, le leader parlementaire libéral, Jean-Marc Fournier, présentait une lettre écrite par le président de Québecor, Pierre Dion, qui quémandait la possibilité de laisser Québecor et ses filiales (possédée majoritairement par le nouveau chef péquiste) en dehors du débat politique . Ce jeudi, on relate les attaques du PQ face aux conclusions du jurisconsulte de l'Assemblée nationale, qui croit que l'option de la fiducie sans droit de regard pour les actions de PKP serait illégale si son parti devenait le gouvernement. Ces situations ne sont que les premières d'une longue série. Il faudra donc nous accommoder à les voir s'inscrire dans le quotidien des débats de l'Assemblée, aux dépens de certains dossiers plus criants.

Ce qui est difficile à comprendre en voyant ce portrait, c'est que tout ceci était parfaitement prévisible. Le débat avait déjà été lourdement lancé avant même le démarrage de la course à la chefferie.

Malgré cela, les membres du PQ ont tout de même préféré prendre le risque et y aller avec le gros nom, avec le possible messie qui mènerait à terme la quête ambiguë pour la souveraineté.

La croyance placée dans la force du pouvoir

Pour moi, cette stratégie illustre parfaitement un mal maintenant bien enfoui au cœur du parti de René Lévesque, celui de croire qu'un parti au pouvoir peut vendre une idée sans nécessairement devoir démontrer sa pertinence. De parti d'idée, le Parti québécois s'est aujourd'hui transformé.

Les partis qui tiennent mordicus à gouverner, ceux qui entretiennent le désir d'obtenir le poste, ceux qui veulent la job sont décrits dans la littérature (d'après les travaux d'Otto Kirchheimer) comme des «partis attrape-tout». Ces derniers ne tendent pas tant à «vendre» quelque chose aux gens, aux coûts de précieuses énergies, ils préfèrent «acheter» ce qui est déjà en vogue à l'intérieur du segment majoritaire des citoyens.

C'est pourquoi, généralement, les campagnes et les agissements des partis politiques importants sont construits sur ce que la majorité et les groupes influents désirent. Ils promettent aux personnes clés et agissent en tentant de conserver leur confiance. C'est ainsi qu'ils gagnent. Est-ce que les partis politiques, qui ont comme premier objectif le pouvoir sont là pour vendre des idées? Peut-être, mais ils sont d'abord là pour acheter le vote en se faisant le défenseur de la veuve et de l'orphelin!

Suivant cette logique, il est aisé de distinguer l'erreur commise de croire qu'un parti «indépendantiste» peut créer les conditions de la souveraineté. Il ne peut pas... pas de manière compétente du moins.

Les conditions de gestation

La souveraineté ne nécessite pas le pouvoir pour grandir et s'épanouir. Elle en a uniquement besoin pour se concrétiser légalement. La souveraineté a besoin d'être couvée à nouveau par quelque chose qui peut lui permettre de prendre de l'ampleur, qui peut avoir le front d'en discuter hors des carcans électoraux ou des vils échanges marketing en chambre.

La souveraineté doit retrouver son point d'origine: le peuple. C'est par lui et à travers lui que la souveraineté pourra vivre au grand jour, sans souffrir de malnutrition et de problèmes de confiance. Elle redeviendra ainsi la solution sensée qu'elle a toujours été face au mépris d'Ottawa envers le Québec. Elle sera ensuite libre de reprendre le chemin de l'institutionnalisation pour se présenter, bien gonflée, sous forme d'une option politique viable qui saura se montrer à visage découvert. Mais pour ça, le PQ doit d'abord mourir!

Ce billet a également été publié sur le blogue de l'Anticønførmiste.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Chefferie du PQ: les photos de la soirée

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.