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La végé-intimidation

Le problème majeur de l'approche des végétariens et végans est que la souffrance demeure une incontournable facette de la vie. Cette souffrance n'est pas le monopole des animaux.
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Depuis quelque temps, je perçois un durcissement du discours végétarien/végétalien sur les réseaux sociaux. Je trouve ça plutôt triste, mais peu surprenant. Il suffit de gratter quelque peu l'histoire de l'homme pour y lire ce que les moralistes appellent: le cercle vicieux de la violence. Un violé qui viole, une malmenée qui malmène. On a la mauvaise habitude de répondre à un mal-être par la création d'un mal-être... ce qui perpétue les problèmes plutôt que de les régler. Bref, quelqu'un qui traite un végétarien de mollasson est aussi ridicule que celui qui traite l'omnivore de barbare.

Une histoire de liberté

Je tiens d'abord à dire que les végétariens/végétariens ont tout mon respect. Nous vivons à une époque qui nous permet de pratiquer le choix de notre nourriture, qu'il soit fait selon sa provenance ou sa nature. Et c'est pour cette raison que le choix individuel des autres se doit aussi d'être respecté.

Une façon de réduire les GES

Cette époque pose, en même temps, un problème environnemental fort sévère. Les végétaux nécessitant moins de ressources que les animaux d'élevage pour se prêter à la consommation, ce type de pratique est une partie de la solution à adopter pour réduire les gaz à effets de serre si nocifs. On devrait donc tous s'efforcer de manger un peu moins de viande pour des raisons environnementales.

Mieux traiter les animaux

Je suis aussi d'accord avec l'amélioration des conditions de vie des animaux d'élevage. Il devrait y avoir une réglementation pour les animaux domestiques ainsi que pour les animaux d'élevage. Ce qui ferait d'ailleurs augmenter le prix et baisser la demande. Puisqu'il est réellement possible de rester gentleman tout en se remplissant de ribs.

Les origines de l'homme

Pour bien réfléchir ce problème contemporain, il me semble obligatoire de retourner aux racines de notre fonctionnement biologique. L'homme est un animal de la sous-famille des Homos. Rattaché à celle des grands singes, il se joint aux hominidés. On remonte ainsi le courant avec les hominoïdes, les anthropoïdes, les primates, les mammifères pour rejoindre ainsi le grand règne animal (1) et le monde du vivant (incluant les végétaux). L'homme, contrairement à la grande majorité des plantes (puisqu'une certaine partie est carnivore), ne possède pas la capacité de photosynthèse qui leur permet de puiser leur énergie à même l'astre solaire. Pour rester en vie, il doit se nourrir de vivant.

La souffrance et non la mort

Toute personne ayant déjà eu une discussion avec un végétarien/végan sait qu'ils ne sont pas contre la mise à mort, puisqu'ils la pratiquent avec les végétaux. Ces derniers se dressent contre la souffrance. Celle que l'on détecte durant la croissance dans animaux et à la conclusion de leurs vies. Puisque si nous mangions les bêtes vivantes, cela ne ferait qu'amplifier la souffrance, et complexifier de beaucoup leurs mises en assiettes.

Donc, plus un animal est intelligent, plus il comprend la souffrance et moins nous devons le manger. Parce que nous devons le tuer et que ça cause de la souffrance. Dans cette optique, il suffirait d'anesthésier les animaux pour les tuer. Disparition de la souffrance physique provenant de l'homme.

Oui, parce que lorsque les animaux vivent au grand air, ils sont sans cesse traqués ou poussés à traquer pour survivre (étant complètement dépourvu de contrat social comme le nôtre). Ce qui doit être une ambiance beaucoup moins paisible que celle que les animaux d'élevages rencontrent dans leur quotidien en société, à l'abri d'un grand nombre de dangers. D'ailleurs, si vous sauvez des animaux, croyez-vous qu'ils en parleront à leurs autres amis animaux pour vous rendre la pareille si vous devez tomber entre les griffes d'un prédateur? Non, puisqu'ils ne possèdent pas de contrat social!

La souffrance est inéluctable

Le problème majeur de l'approche des végétariens/végans est que la souffrance demeure une incontournable facette de la vie. Cette souffrance n'est pas le monopole des animaux.

Dans nos sociétés avancées, peu d'entre nous vivons des souffrances physiques. Ce qui est loin d'être le cas dans certaines zones de la planète, où les habitants seraient plutôt heureux d'avoir des conditions de vie semblable à celle des animaux d'élevage. Par contre, la très grande majorité des membres de nos sociétés sont grugées par la souffrance morale. Il suffit de regarder le taux de maladies mentales comme la dépression grave, les troubles anxieux et la dépendance aux drogues et à l'alcool, qui touchent actuellement 29% des gens au Québec, pour comprendre que la souffrance est une partie prenante de la vie.

Faire disparaître toute souffrance est une utopie, d'autant plus grande lorsqu'on n'arrive même pas à éradiquer la sienne!

Tout le monde est libre de pratiquer la sportive discipline des «pogs», d'aimer la musique de Stef Carse ou d'être végan. L'important, c'est que ça se passe dans le respect de l'autre. Pour tous ceux qui se perdent en simagrées afin de nous faire comprendre que la viande que l'on mange, c'est des animaux morts, je dis: merci, on est déjà au courant. Et si je dois saigner moi-même mon filet mignon, je m'exécuterai avec grand plaisir!

Cette billet a été initialement publié sur le blogue L'Anticønførmiste

(1) PICQ, Pascal, L'homme est-il un grand singe politique?, 2013, Odile Jacob, Paris, p. 245-246.

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