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En finir avec la ménopause?

De récentes publications scientifiques contestent de plus en plus la vieille croyance selon laquelle l'horloge biologique de la femme parvient fatalement un jour à son terme. Les femmes ont toujours accepté qu'après un certain âge, elles connaîtraient des «changements» par lesquels elles ne seraient plus capables de se reproduire. Les femmes doivent-elles accepter de tels «changements» comme apanage du flux et reflux de la vie, ou doivent-elles se tourner vers les nouvelles avancées de la technologie dans l'espoir de contrôler les effets de la ménopause, jusqu'à présent inévitables?
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De récentes publications scientifiques contestent de plus en plus la vieille croyance selon laquelle l'horloge biologique de la femme parvient fatalement un jour à son terme. Les femmes ont toujours accepté qu'après un certain âge, elles connaîtraient des «changements» par lesquels elles ne seraient plus capables de se reproduire. Les femmes doivent-elles accepter de tels «changements» comme apanage du flux et reflux de la vie, ou doivent-elles se tourner vers les nouvelles avancées de la technologie dans l'espoir de contrôler les effets de la ménopause, jusqu'à présent inévitables?

Est-il souhaitable de retarder les effets de la ménopause pour une nouvelle génération de femmes qui continuent de mettre la maternité de côté au profit de la poursuite du développement de la carrière ou de la stabilité financière? Les femmes doivent-elles se méfier des nouvelles avancées médicales qui nécessitent une recherche expérimentale sur leurs corps aussi lourde qu'invasive? Une chose est certaine, les femmes doivent commencer à considérer sérieusement ces questions puisque d'après trois récentes découvertes capitales l'inversion de la ménopause semble devenir progressivement une réalité.

Le 4 juillet 2012, le correspondant médical Stephen Adams a publié un article dans le Telegraph donnant l'espoir aux femmes qu'elles pourraient bientôt acquérir la liberté de régler leur horloge biologique sur le rythme de leurs choix de vie. Le titre de l'article « Women could delay the menopause indefinitely with ovary transplant » («Une transplantation d'ovaire pourrait retarder indéfiniment la ménopause des femmes») en dit long pour le nombre croissant de femmes qui choisissent de suspendre la maternité aux évolutions modernes de leurs conditions socio-économiques. Adams cite le Dr. Sherman J. Silber, un chirurgien américain expert de la fertilité, qui affirme: «Toutes les femmes modernes sont préoccupées par ce qui est couramment désigné comme leur «horloge biologique» parce qu'elles s'inquiètent de leurs chances de pouvoir concevoir dans le temps où elles établissent leur carrière et/ou leur mariage et leur stabilité financière ». La possibilité d'une transplantation d'ovaires offre alors une réponse à l'anxiété grandissante à l'égard du temps qui file, laissant les femmes involontairement infertiles.

Cette procédure médicale implique l'ablation et la cryo-préservation du tissu ovarien pouvant être plus tard réincorporé dans le corps de la femme lorsque celle-ci est prête à concevoir. L'article rapporte que ces greffes ont abouti à 20 naissances réussies. Devons-nous nous attendre à de telles naissances dans un futur proche? Le Dr Silber remarque : «Une femme qui naît aujourd'hui a 50 pour cent de chances de vivre jusqu'à 100 ans. Cela signifie qu'elle va passer la moitié de sa vie post-ménopause.» Est-il juste que les femmes soient contraintes d'endurer la ménopause alors même que les hommes sont capables de procréer jusqu'à 80 ans (parfois au-delà !)? Le retardement de la ménopause octroierait-il aux femmes la liberté reproductive nécessaire à une vie plus accomplie?

«Qu'en est-il des femmes nées sans utérus?» ou «de celles dont les utérus ont été affligés d'un cancer précoce ou d'une autre maladie?» Un utérus viable est indispensable à une transplantation d'ovaire. Une semaine après la publication de l'article en question, le Telegraph continue de faire paraître des nouvelles frappantes, comme le rapporte l'éditrice médicale Rebecca Smith dans « Womb transplants could be a reality in Britain within two years » («La transplantation d'utérus pourrait devenir une réalité d'ici deux ans»). L'article constate qu'en plus de l'aide à la conception pour les 14 000 femmes de Grande Bretagne nées sans utérus ou ayant subi des hystérectomies précoces, la possibilité d'une greffe d'utérus leur offre l'opportunité d'avoir un enfant qui leur est biologiquement lié comme alternative éthique au recours à la mère porteuse, largement controversé.

Le chirurgien gynécologue Richard Smith organise un appel aux dons, Uterine Transplantation UK, pour gagner les £500,000 nécessaires à la prise en charge d'expériences pour l'instant limitées aux animaux et des cinq premières opérations sur les êtres humains. Si les fonds sont réunis et que les expériences vont à leur terme, nous sommes à deux ans d'un véritable séisme dans le domaine de la procréation médicalement assistée.

Une autre révolution pourrait bien se produire dans les mois à venir, écrit Stephen Conner dans « Rewriting Rules of Human Reproduction » (« Réécrire les règles de la reproduction humaine ») dans le Economic Times. Il rapporte que les premiers ovules humains cultivés à partir de cellules souches pourraient être fertilisés au cours de l'année. Tout commence lorsque Jonathan Tilly, professeur à Harvard, démystifie la croyance de longue date selon laquelle les femmes naissent avec une certaine réserve d'ovules dont elles doivent user avant la ménopause.

En 2004, il conduit des études sur les ovaires de souris, montrant que certaines cellules souches actives ont le potentiel de régénérer les ovules au cours d'une vie. Il faut juste que ces expériences soient étendues aux ovaires chez la femme, ce qui est imminent. Conner déclare que « les scientifiques sont sur le point de demander une autorisation auprès du Human Fertility and Embryology Authority au Royaume-Uni, pour pouvoir fertiliser des ovules afin de générer un réservoir illimité d'ovules humains -- une révolution qui pourrait aider les femmes stériles à avoir des bébés et les rendre aussi fertiles que les hommes au fil de l'âge ». L'article évoque l'éradication de la ménopause comme un «élixir de jouvence». Il revient aux femmes de se demander si elles souhaitent boire à cette fontaine.

Est-ce ce que Cranach avait à l'esprit lorsqu'il peignit sa célèbre «Fontaine de Jouvence»? Le fait que seules des femmes figurent dans ce tableau n'est pas un détail négligeable, tout comme le fait que seules les femmes sont assujetties à la ménopause (malgré les discussions récentes sur la « manopause » ou « andropause », la faculté procréatrice des hommes ne se heurte jamais à une pause ou à un arrêt subit).

L'aptitude de la femme à procréer, si elle s'étendait aussi longtemps que celle de l'homme, créerait-elle une situation plus équitable dans la sphère de la reproduction? Les hommes ignorent le tourment psychologique vécu par les femmes lorsqu'elles doivent choisir entre des enfants et une carrière. Ils n'ont pas à l'oreille, à l'approche de la trentaine, le tic-tac insistant de leur horloge interne. Diverses portes de la société commencent à s'ouvrir aux femmes qui maintenant vont à l'université, prennent part à la politique, choisissent des carrières desquelles elles étaient jusqu'alors exclues, etc. Cependant subsiste encore l'inquiétude que ces choix se fassent au détriment de la maternité. Bien sûr, les femmes sont capables -- et le font déjà -- de jongler entre le travail et leurs enfants. Mais ne serait-il pas plus simple de pouvoir repousser le compte à rebours?

En théorie, les femmes seraient sans doute d'accord pour considérer le choix en matière de reproduction comme un but positif. Je pense également que si la possibilité de modifier cette échéance biologique accordait aux femmes plus de temps pour poursuivre des buts comme l'émancipation professionnelle, alors un sursis (si ce n'est carrément un effacement) de la ménopause serait un projet désirable -- sans même parler des bénéfices physiques sur la santé comme le fait de contrer la diminution des œstrogènes, de bannir les bouffées de chaleur et de réduire le risque d'ostéoporose.

Néanmoins, les femmes ont beaucoup subi au cours l'histoire de la médecine où les abus infligés à leurs corps pullulent, avec entre autres essais cliniques peu scrupuleux, stérilisations forcées, eugénisme, procédures invasives, non-respect du consentement, etc., et de récents reportages sur les risques induits (ignorés sans doute pour la plupart) par les récents travaux de procréation médicalement assistée comme le don d'ovules et la fécondation in vitro, pourraient nous amener à réfléchir à nouveau, sans même évoquer la relation de plus en plus complexe entre la médecine et le capitalisme (consulter cet article montrant des obstétriciens qui se voient offrir des commissions). Quelle que soit notre inclination en la matière, il est important de commencer à se forger une position, parce que la possibilité d'en finir avec la ménopause est dans notre avenir proche.

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