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La tragédie de Dawson, était-elle une tuerie de masse?

Le dixième anniversaire de ce triste événement est, à mon avis, le moment idéal de se poser cette question cruciale.
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Le dixième anniversaire de ce triste événement est, à mon avis, le moment idéal de se poser cette question cruciale. Parce qu'une chose est manifeste : on modifie la définition de certaines expressions en fonction de ce qui sert notre agenda. Et quand je dis «notre» agenda, je ne parle pas du mien. Je parle de celui du puissant lobby anti-armes à feu.

Par exemple, une arme d'assaut. Qu'est-ce qu'une arme d'assaut? À écouter les manipulations des anti-armes, on croirait qu'un vulgaire AR-15 est un fusil d'assaut. Or, par définition, une arme d'assaut est une arme dont il est possible de sélectionner le mode. En termes clairs, une arme d'assaut est tantôt semi-automatique, tantôt complètement automatique, et ce, simplement en déplaçant le sélecteur de tir, manœuvre qui prend moins d'une seconde à compléter. Contrairement à ce qu'on tente de vous faire croire, une telle arme est prohibée depuis longtemps au Canada.

Un autre exemple : qu'est-ce qu'une tuerie? Pour vous mettre en contexte, vous avez peut-être entendu parler de l'étude américaine disant qu'aucune tuerie de masse n'a jamais été arrêtée par un civil ordinaire qui porte une arme. Ça m'a interpellé comme statistique. De par ma nature curieuse, je suis allée vérifier les conclusions de cette étude.

En faisant une recherche rapide -et non exhaustive- sur le net, j'ai répertorié facilement une douzaine de tueries arrêtées par des civils. Ce qui m'a frappée, c'est que les civils n'ayant pas de background de policier, de militaire ou autre profession qui implique d'intervenir avec des armes à feu, bref les civils «ordinaires» arrêtaient les tueries sans faire feu, alors que les intervenants professionnels tiraient sur le tireur.

Je croyais bien avoir trouvé «la» nuance visant à tromper le public quant à l'efficacité du port d'armes par des civils pour contrecarrer un tireur fou. Mais lors de la relecture, j'ai trouvé la «passe» : la définition du mot tuerie. Pour se qualifier comme tuerie de masse, il devait y avoir au moins 3 victimes décédées. Or, toutes les tueries arrêtées par des civils ont fait moins de 4 morts, justement parce que des civils les ont arrêtées. Pratique de se donner une définition qui les exclut du calcul, non?

Parenthèse : soyez prudent avant de conclure que le fait de ne pas faire feu est préférable. Cette particularité pourrait bien être l'explication du résultat d'une autre étude : celle qui a conclu que les civils qui portaient une arme sont les premiers à se faire tirer dessus dans une tuerie. Fin de la parenthèse.

À la lumière de ces définitions «scientifiques», la tragédie qui s'est déroulée au Collège Dawson il y a 10 ans et qui a coûté la vie à Anastasia De Sousa, se qualifie-t-elle comme tuerie?

À coup sûr, elle se qualifie pour réclamer plus de contrôle auprès des honnêtes citoyens propriétaires légitimes d'armes à feu. Non pas parce que ça pourrait être utile de resserrer le contrôle, mais simplement parce que ça fait appel à l'émotion. Et que ça a eu lieu à Montréal, capitale de la bien-pensance et du contrôle des armes à feu. Normal. C'est à Montréal que surviennent la majorité des crimes violents commis par arme à feu!

Tu es de mauvaise foi! La moitié du Québec vit à Montréal, normal qu'il y ait un plus grand nombre de crimes.

Bon point. C'est d'ailleurs pour ça qu'on exprime ce genre de crimes en taux par 100 000 habitants. Prenons par exemple Montréal et Québec, et comparons leurs moyennes respectives sur dix ans entre 2002-2011.

À Montréal, on déplore un taux d'homicides environ deux fois et demie plus élevé qu'à Québec ( 1,45 contre 0,59 ). Par contre, si on considère uniquement les homicides commis à l'aide d'une arme à feu, il y en a 17 (oui, oui, dix-sept) fois plus à Montréal qu'à Québec ( 0,51 contre 0,03 )! Le plus étrange, c'est que les armes visées par les resserrements souhaités sont plus souvent qu'autrement possédées par des gens qui vivent à la campagne...

Les statistiques fournies par la police sont claires : des milliers d'armes à feu sont saisies chaque année. Pourtant, on peut compter au mieux quelques centaines d'armes saisies à des gangs criminels. En bon français, les saisies d'armes à feu sont un gros show de boucane! Difficile de saisir des armes à de dangereux criminels...

Au final, la tuerie de Dawson, avec ses deux morts (incluant le tireur) et sa vingtaine de blessés ne se qualifie pas comme tuerie de masse. Reste que la seule chose qui aurait pu limiter les dommages de Gill ce jour-là aurait été qu'un civil l'arrête. Parce qu'une personne morte et seize blessés, c'est beaucoup trop de victimes pour rien.

Mais ça, allez le dire à ceux qui croient qu'il faut plus de contrôle...

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