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Le féminisme justifie-t-il de lutter contre la liberté d'expression?

La façon dont le blogueur Roosh V traite de ce sujet n'est pas particulièrement lustrée. A-t-il raison? Je ne sais pas. Mais il n'incite pas au viol.
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Réponse à Léa Clermont-Dion.

Comme je m'apprête à critiquer vigoureusement votre billet «L'homme qui détestait les femmes», je tiens à faire une mise au point : peu importe à quel point je suis en désaccord avec vous, je trouve remarquable votre implication dans la société. Trop de jeunes semblent désabusés et cyniques et n'osent pas participer aux débats qui ont cours. En la matière, j'espère que beaucoup de jeunes suivront votre exemple.

Ceci étant dit, j'aime bien faire ma propre opinion, au-delà de ce que des médias qui manquent cruellement de nouvelles pour nourrir la bête voudraient que j'en pense.

Vous faites une mise en accusation sans appel de ce blogueur qui se fait appeler Roosh V. Vous n'êtes pas la seule, Julie Miville-Dechêne trouve déplorable que nos lois ne permettent pas de le poursuivre en justice, et des féministes ont fait une pétition dans l'espoir de bloquer son entrée au pays.

Vous citez plusieurs phrases qui, hors de leur contexte, semblent effectivement révoltantes. Mais une fois qu'on lit le texte dans son ensemble, ces mêmes phrases prennent un sens fort différent.

Notamment, quand vous dites que: «Il propose, entre autres, de légaliser l'agression sexuelle si elle se déroule dans un lieu privé». Premièrement, vous oubliez (?) de mentionner le titre de son article, qui est «Comment mettre fin au viol».

Quand on lit le texte dans son ensemble, il m'apparaît évident qu'il ne propose pas sérieusement de légaliser le viol. Il utilise plutôt cette hypothèse de travail pour faire ressortir que le discours féministe actuel déresponsabilise les femmes quant à leur sécurité. Le discours tenu par les féministes est que «peu importe que tu sois nue dans un lieu public, complètement saoule et droguée, avec un comportement aguichant, rien ne justifie le viol». Affirmation qui est rigoureusement vraie, mais qui peut laisser les jeunes femmes croire que ce type de comportement ne pose aucun risque.

Or, la majorité des agressions sexuelles surviennent dans une maison privée, par un homme que la victime connaît. La majorité des hommes ne violeront jamais de femme, peu importe la situation. Mais ceux qui le font ont probablement une très faible capacité d'empathie. Raison pour laquelle il est peu probable que de faire de l'éducation auprès de ce derniers ait de réel impact.

Il propose donc qu'on devrait informer les jeunes femmes des comportements qui les exposent à un risque supplémentaire... et suggère qu'en légalisant le viol dans des maisons privées, les jeunes femmes prendraient conscience des risques qu'elles courent, au lieu de l'apprendre à la dure, si elles ont le malheur de tomber sur un sale type.

La façon dont ce blogueur traite ce sujet n'est pas particulièrement lustrée. A-t-il raison? Je ne sais pas. Mais il n'incite pas au viol.

Vous avez sûrement entendu parler du succès monstre Cinquante nuances de Grey. Ce phénomène fait sortir du placard une catégorie de fantasmes très populaires chez la gent féminine, soit les fantasmes de soumission, incluant le très politiquement incorrect fantasme de viol. Selon une étude menée au Québec, jusqu'à 60% des femmes auraient une fantasmatique de cette nature.

Or, la mise en scène de ce fantasme dans la pornographie ne devrait plaire qu'aux femmes et pas aux hommes? Ou alors, on a le droit de regarder, d'apprécier, mais pas de décrire ce qui fait que cette scène est excitante?

Son discours ne fait pas chic, je vous le concède. Mais je comprends mal, une fois qu'on lit ses phrases-choc dans leur contexte, qu'on cherche à censurer ce blogueur. Et en cette époque où la liberté d'expression est spécialement menacée, je me sens forcée de me lever pour la défendre.

Non pas que je sois d'accord avec cet homme. Non pas que je trouve son discours élégant. Mais je crois que, mis à part Charlie Hebdo juste après le massacre de plusieurs de leurs artisans, il n'existe pas de cause élégante de la liberté d'expression. Et, comme dans le présent cas, le féminisme sert de prétexte pour restreindre la liberté d'expression, je crois que seule une femme peut se lever pour la défendre, sans risquer de se faire crucifier sur la place publique.

Si vous êtes choquée par les propos de ce blogueur, il est correct et même souhaitable que vous vous exprimiez publiquement sur le sujet. Ce qui me choque dans votre écrit, c'est l'appel à la censure. Alors je me battrai pour qu'il puisse l'écrire et le dire.

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