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Quand l'Assemblée nationale se goure à l'unanimité...

Et si nos élus s'informaient au sujet du contrôle des armes à feu? S'ils reconnaissaient que le contrôle est suffisant et qu'ils utilisaient cet argent pour soigner les gens en détresse?
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Le principe d'un registre québécois des armes d'épaule a été adopté à l'unanimité à l'Assemblée nationale. Or, quand on exprime notre opposition au projet de loi à notre député, on a droit à toutes sortes de réponses fort instructives... instructives sur le niveau d'ignorance de nos décideurs québécois en matière de contrôle des armes à feu au Canada.

Dans Le Devoir, on peut lire André Spénard, porte-parole de la Coalition avenir Québec (CAQ) en matière de sécurité publique, affirmer ce qui semble être la nouvelle ligne parti, à l'effet que «le Québec doit se doter d'un meilleur contrôle des armes à feu, mais que celui-ci ne passe pas nécessairement par un registre». Il propose «un meilleur contrôle de la carte d'acquisition d'armes à feu, de l'achat de munitions ou de l'achat de permis de chasse».

Monsieur Spénard est-il informé que le Canada possède un contrôle des armes à feu si efficace depuis 1974 qu'aucune corrélation bénéfique n'a pu être établie avec aucun des multiples resserrements qui ont été imposés à la loi sur les armes à feu depuis cette date ?

Et qu'à peine 2% des auteurs d'homicide sont détenteurs d'un permis d'armes à feu valide ?

Sait-il que parmi ceux qui passent entre les mailles du filet, nombreux sont ceux dont les problèmes de santé mentale étaient connus de leur entourage ? Notamment Kimveer Gill et Justin Bourque. Connaît-il le processus, où toute personne désirant acquérir légalement une arme à feu doit se soumettre à des cours et à des enquêtes sur ses antécédents ?

Je l'invite, ainsi que tous ses collègues de l'Assemblée nationale, à lire le formulaire de demande de PPA (permis de possession et d'acquisition d'armes à feu) dites «sans restriction».

Notez qu'il faut d'abord suivre le cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu (CCSMAF) et passer avec succès les tests théoriques et pratiques. Ensuite, il faut prouver son identité, prouver qu'on a suivi ce cours avec succès, fournir les renseignements complets quant au conjoint (à la conjointe) actuel(le) et aux personnes qui ont joué ce rôle au cours des deux dernières années, fournir deux répondants qui attestent que vous êtes une personne fiable et qui est émotivement stable, les coordonnées d'une personne supplémentaire qui se porte garante de votre photo, sans compter le questionnaire auquel vous devez répondre et l'enquête supplémentaire à laquelle vous devrez vous soumettre dans l'éventualité où vous auriez répondu par l'affirmative à l'une de ces questions...

Et le fait qu'omettre de dire la vérité à l'une de ces questions constitue une infraction criminelle !

Et là, vous pouvez acheter votre fusil de chasse et vos munitions sur présentation de votre PPA. Vous êtes prêt à aller chasser, croyez-vous ? Bah non ! Parce que vous n'avez pas pensé à prendre le cours combiné au cours ICAF, qui est nécessaire pour obtenir un certificat du chasseur. Et c'est seulement après tout ça que vous pourrez acheter votre permis de chasse.

Remarquez que monsieur Spénard ne détient pas le record d'ignorance en la matière. Peut-être avez-vous eu l'occasion d'écouter la vidéo sur Youtube de Pierre Moreau, qui a assuré l'intérim de Lise Thériault au ministère de la Sécurité publique avant le dernier remaniement ministériel. On l'entend expliquer sa vision du registre québécois des armes d'épaule. Il mentionne qu'un registre québécois sera nécessairement moins efficace qu'un registre fédéral (NDLR : l'efficacité du registre fédéral n'ayant pas été démontrée). Il faut tendre l'oreille pour l'entendre nous raconter ses balivernes. À 2 minutes 17 secondes, on peut entendre Pierre Moreau, affirmer ceci :

«L'idée derrière le registre des armes à feu, ce n'est pas d'enregistrer les fusils de chasse aux canards. Mais il est assez anormal qu'une personne puisse se procurer un AK-47 pour les fins d'une collection. Et s'il le fait pour les fins d'une collection, le registre des armes à feu lui impose de faire la démonstration que c'est pour une collection.»

Or, comme la plupart des partisans de la création d'un registre, il ignore que les AK-47 sont prohibés au Canada, comme toutes les armes automatiques.

Les différentes clauses permettant de posséder des armes prohibées sont des droits acquis, ce qui fait qu'elles vont disparaître par attrition. À noter que les armes restreintes et prohibées continuent d'être enregistrées dans le registre fédéral des armes à feu, et ce, malgré l'abolition du registre des armes d'épaule, et ne seraient pas enregistrées dans un éventuel registre québécois des armes d'épaule.

Et si nos élus s'informaient ? S'ils reconnaissaient que le contrôle est suffisant ? Et qu'ils utilisaient cet argent pour soigner les gens en détresse ?

Ah, non, j'oubliais. Ils se sont gourés à l'unanimité, ils ne peuvent plus reculer.

À moins que Martin Coiteux, le nouveau ministre de la Sécurité publique, ne décide d'éviter le gaspillage et impose l'austérité à son nouveau ministère.

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