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Lisette Benoît: la face cachée de la réforme Barrette

J'en appelle au ministre Barette d'inclure une disposition pour laisser le choix à toutes les personnes de voir le spécialiste de leur choix en dehors de leur région ou de faire affaire avec le CRDS.
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Quand on parle de réforme et d'acronymes, ça nous semble théorique et lointain. Nombre de gens dont moi, sommes convaincus qu'il y a du gaspillage dans le système de santé. Alors quand le ministre Barrette annonce des changements, il bénéficie d'un préjugé favorable de ma part.

Lisette Benoît est une femme que j'ai connue grâce aux médias sociaux. Si on rencontre une femme espiègle et rieuse, son quotidien est marqué par des engourdissements et des douleurs chroniques. De vieilles blessures au niveau de la colonne cervicale n'ont pas été traitées correctement dans un laps de temps suffisamment rapide. Elle avait pourtant consulté rapidement, mais il semble que le premier médecin qui l'a examinée ait loupé quelque chose. Ce sont malheureusement des choses qui arrivent...

Lisette Benoît

Pour soigner cette blessure, Lisette a d'abord consulté le neurochirurgien de sa région. Celui-ci lui proposait de l'opérer pour lui installer une tige au niveau de la colonne cervicale. Mais le délai avant de l'opérer pourrait aller jusqu'à cinq ans, puisqu'aucun nerf n'était mort.

Or quand chaque respiration occasionne de la douleur, cinq ans avant d'avoir un espoir d'être soulagée, ce n'est pas une option. Lisette la battante prend donc sa requête et demande l'avis d'un second neurochirurgien. Elle doit pour cela s'adresser à un spécialiste qui pratique hors de sa région.

Ce dernier accepte rapidement de l'opérer, croyant que son état pouvait être attribuable à l'irritation des nerfs. Plutôt que d'installer des tiges, il a scié quelques vertèbres, de façon à dégager les nerfs. Pour Lisette, cette opération a signifié quelques années de soulagement, mais surtout la confiance qu'un spécialiste pouvait améliorer sa qualité de vie.

Loin de remettre en question la compétence du premier spécialiste qu'elle a consulté, Lisette désespère à l'idée de perdre celui qui l'a soulagée.

Les médecins ne sont pas tous équivalents, ils ont une approche, des procédures, de l'expérience et du talent de manière unique à eux. Bien que je comprenne que cette mesure est dans le but de rendre les spécialistes accessibles le plus rapidement possible aux patients, je ne comprends pas pourquoi je n'ai plus le droit d'avoir accès aux spécialistes en qui j'ai confiance.

--Lisette Benoît

Or, l'effet du CRDS est que Lisette devra passer par son médecin de famille pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste et qu'il devra obligatoirement envoyer les requêtes dans sa région. Du coup, Lisette ne pourra plus avoir accès à son neurologue ni à son neurochirurgien, tous deux pratiquant hors de sa région.

Quand des personnes souffrantes veulent conserver leurs maigres acquis.

Chirurgies et consultations multiples ont permis de soulager Lisette, mais pas de retrouver ses pleines capacités. Sa condition nécessite un suivi particulier et elle espère avoir une autre neurochirurgie sous peu... voire deux.

Vous comprendrez que malgré la gentillesse et la compétence, j'ai compris que l'approche pouvait différer d'un spécialiste à un autre. Vous comprendrez aussi que je n'ai plus envie de voir le neurochirurgien de ma région, mais que celui qui me soignera, si j'en ai encore besoin, sera celui de ma région voisine.

-- Lisette Benoît

Elle a beau être une femme joviale, courageuse et résiliente, le stress occasionné par cette réforme ajoute un poids supplémentaire à son quotidien déjà gravement alourdi par sa condition de santé.

Le scandale silencieux : Quand une battante envisage de baisser les bras.

Quand le quotidien est lourd de douleur, tout ce qui ajoute au fardeau s'accumule. Et quand l'espoir d'un soulagement ne pointe plus à l'horizon, le poids devient insoutenable.

Je sais que j'aurai besoin d'une autre opération en neurochirurgie. Ma confiance est aux professionnels qui m'ont aidé. J'ai beau vouloir lâcher prise et être résiliente, je suis affolée de savoir que je suis sans mes médecins spécialistes en qui j'ai confiance.

Étant donné que les spécialistes en qui j'ai confiance me sont ôtés, j'ai l'impression que je n'aurai plus envie de vivre quand je serai diminuée et je refuse d'essayer de nouveaux spécialistes alors, j'anticipe la fin de ma vie. Est-ce possible que la résilience ait ses limites?

-- Lisette Benoît

J'aurais aimé pouvoir dire des choses rassurantes à Lisette. Mais le simple récit de son parcours m'a mis les larmes aux yeux. Je comprends son essoufflement. Je comprends son désespoir.

Quand la douleur est permanente, la solution doit aussi être permanente.

C'est pourquoi j'en appelle au ministre Barette d'inclure une disposition pour laisser le choix à toutes les personnes de voir le spécialiste de leur choix en dehors de leur région ou de faire affaire avec le CRDS.

Parce que des réformes qui tiennent compte de la réalité humaine, ça sauve des vies.

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