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Lettre à Lise Payette: vous êtes devenue immortelle

Même si je connais relativement bien mon histoire du Québec, je dois avouer que certains pans de votre carrière m'avaient échappé au cours de mon parcours scolaire. Même si je savais que vous aviez grandement contribué à l'émancipation des Québécoises, je n'avais jamais eu l'occasion de comprendre dans quelle mesure votre contribution avait été majeure dans cette lutte en vue de tendre vers une égalité entre hommes et femmes au Québec.
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Chère Mme Payette,

Je suis un enseignant de 31 ans habitant le quartier de Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal. De prime abord, je me dois de vous faire un mea culpa. Même si je connais relativement bien mon histoire du Québec, je dois avouer que certains pans de votre carrière m'avaient échappé au cours de mon parcours scolaire. Même si je savais que vous aviez grandement contribué à l'émancipation des Québécoises, je n'avais jamais eu l'occasion de comprendre dans quelle mesure votre contribution avait été majeure dans cette lutte en vue de tendre vers une égalité entre hommes et femmes au Québec.

Puis, il y eut ce documentaire. Même si j'ai eu l'occasion, la semaine précédent sa diffusion, de vous entendre au cours d'une solide entrevue que vous aviez donnée à Benoît Dutrisac dans le cadre de l'émission Les Francs-tireurs, c'est en visionnant cet émouvant portrait qu'a brossé de vous Flavie, votre petite-fille, que j'ai pu comprendre l'ampleur des changements que vous avez apportés à notre société.

Permettez-moi d'ailleurs de vous raconter une petite anecdote à ce sujet. Le dimanche de la diffusion du documentaire, nous étions quelques amis réunis dans un salon, un peu comme certains se réunissent pour écouter une partie de hockey. Nous avions tous bien hâte d'en découvrir un peu plus sur vous. Tout au long de la diffusion, un silence de plomb régnait dans la pièce. Puis, durant la dernière portion du documentaire, j'ai vu un ami les yeux pleins d'eau. L'émotion venait de le happer de plein fouet.

Au générique, nous étions tous stoïques. Nous étions encore sous le coup de l'émotion. Un frisson mélangeant émotion, fierté et reconnaissance nous avait traversés. Nous étions conquis. Après avoir discuté quelques instants de votre magistrale contribution avec mes amis, je repris le chemin de la rue Hochelaga pour me rendre chez-moi. En route, me rappelant qu'avec mes élèves du 3e cycle j'abordais la période de la Révolution tranquille ces temps-ci, je décidai de leur diffuser le documentaire dès le lendemain pour leur faire connaître votre important héritage.

Il faut le dire, j'avais des doutes avant de débuter la diffusion dans la classe. Ma classe comporte certains éléments un peu hyperactifs, disons. Le documentaire durant autour d'une heure trente, des élèves de 5e et 6e année s'y retrouveraient-ils? Trouveraient-ils le temps long malgré la très grande qualité de la production? Vous auriez dû voir les enfants durant la diffusion. Ils étaient attentifs et concentrés. Ils étaient captifs et rien n'aurait pu détourner leur attention.

Puis, vint le moment du générique. Un silence de quelques secondes a envahi la classe. Puis, d'un bond, ils se sont tous mis à applaudir à tout rompre. Je pus apercevoir, au travers du groupe, quatre élèves (deux filles et deux garçons) aux larmes ruisselant leur visage empreint d'émotion. Il venait de se passer quelque chose. Eux aussi venaient de réaliser l'impact de votre héritage sur leur vie. J'avais l'impression de revivre ma soirée de la veille. Par la suite, nous avons discuté. Je fus ébahi de voir la lucidité de certains élèves, de réaliser leur compréhension des choses importantes de la vie. Quelque chose venait de se passer. Ils ont grandi. D'un coup.

Durant toute la semaine suivante, des éducatrices du service de garde de l'école et des parents m'ont affirmé s'être fait parler de vous par certains de mes élèves. Quelques enfants ont même assis leurs parents avec eux devant l'ordinateur familial pour leur faire visionner le documentaire. Une élève, encore sur le coup de l'émotion est allée voir son éducatrice pour lui dire: «J'admire tant cette femme. Elle a fait beaucoup pour le Québec. J'aimerais lui ressembler un jour.».

Ce qu'il y a de merveilleux dans tout cela, c'est que l'histoire a suivi son cours. Elle s'est transmise par ce joli documentaire sur votre vie. Vous avez fait partie des discussions, vous avez fait partie des émotions. Même si je vous souhaite de demeurer parmi nous durant plusieurs années encore, je crois que désormais, vous n'avez plus à vous inquiéter. Depuis dimanche dernier, vous êtes devenue immortelle.

Grand bien nous en fasse.

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