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La chasse aux safaris

Des safaris il en existe donc de toute sorte, et à tout prix. Évitons de parler de safari quand la chasse est autorisée, c'est le cas dans 28 pays africains.
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La mort du lion Cecil a bouleversé nombre d'amis des animaux. À juste titre. Or la chasse aux fauves ne se fait pas qu'à coups de fusil, mais aussi, plus pacifiquement, avec un appareil photo. Mais attention: tous les safaris ne se valent pas. Visite guidée.

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Jérôme Stern

Défenses d'éléphants

Le terme safari est aujourd'hui totalement galvaudé: un film porte ce nom, un logiciel également tout comme une confiserie, un zoo en fait son identité, une mine de lignite tchèque en organise, etc. Rien de tout cela. Safari signifie en swahili "le voyage".

Pour beaucoup, le safari, un rêve, est l'occasion de partir, généralement en Afrique, à la découverte d'animaux "sauvages" dans leur milieu naturel. Problème, ces lieux deviennent de plus en plus souvent des parcs d'attractions où s'entassent des centaines et des centaines de visiteurs pressés d'appuyer sur le déclencheur de leur appareil photo. Et de passer à un autre animal.

Il est vrai que le tourisme s'est très fortement développé ces dernières années, notamment en Afrique australe, là où les fauves n'ont pas (encore?) été victimes de braconnages et d'abattages. En Afrique de l'Ouest, la Cote d'ivoire qui tire pourtant son nom du trafic lointain des défenses d'éléphants a vu le dernier pachyderme local disparaitre il y a plus de soixante-dix ans. Et aujourd'hui, on (ré)introduit des éléphants au Cameroun en provenance d'Afrique du Sud qui en a trop...

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Jérôme Stern

50 000 dollars le lion

Des safaris il en existe donc de toute sorte, et à tout prix. Évitons de parler de safari quand la chasse est autorisée, c'est le cas dans 28 pays africains, mais plus au Botswana depuis 2014 qui mise désormais tout sur un tourisme sélectif haut de gamme. La chasse aux fauves rapporte un peu aux riverains (à peine 3% des 100 millions de dollars annuels en Afrique du Sud), beaucoup au gouvernement (taxes de 40 à 65%) énormément aux propriétaires des réserves autorisées. On estime en moyenne à 6000 dollars le droit de tirer, plus 6000 dollars pour le trophée. Depuis la mort du lion Cecil, quelques compagnies d'aviation refusent de transporter ces animaux empaillés.

Car tirer un animal a un prix... payé en liquide si possible: moins de 100 dollars un babouin, 650 dollars un phacochère, 1200 dollars un buffle, 35 000 dollars un éléphant, 50 000 dollars un lion comme Cecil, le symbole du très beau parc du Hwange au Zimbabwe, pas loin des chutes du Zambèze.

Dans les réserves privées, les propriétaires ont acheté des animaux dans des ventes aux enchères: ici encore chaque animal a un prix: 200 dollars un impala, 1000 dollars un koudou, 15 000 dollars un rhinocéros. Certes, seule une minorité des 8000 réserves privées d'Afrique du Sud pratique officiellement la chasse, mais pour attirer le touriste friand d'approcher la faune « sauvage », toutes sont à la recherche d'animaux nouveaux et si possible rares. Une réserve sans lions voit son chiffre d'affaires régulièrement baisser...

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Jérôme Stern

La stupidité du "Big five"

On trouve nombre d'offres de safaris, souvent promotionnelles, dans les catalogues des agences de voyages. Certaines à partir de 2000 euros, la semaine, mais comptez au moins le triple pour un "vrai" safari. Car ici aussi le low cost est synonyme de baisse de qualité. D'autant que pour satisfaire la lubie occidentale d'un "Big five" chère aux voyagistes, (il s'agit de voir lion, léopard, éléphant, buffle et rhino dans la même journée ce qui est quasi impossible dans la savane!) les réserves privées sont souvent devenues de véritables zoos: les animaux habitués aux humains sont affublés d'un collier émetteur, histoire de les localiser facilement.

Autre déception garantie: il y a tellement de touristes dans certains parcs, Kruger ou Amboselli par exemple, que lorsqu'un lion ou un guépard pointe son museau, s'ensuit un embouteillage de véhicules digne d'un périphérique. Sans négliger que dans leur 4x4 ou leur minivan, les chauffeurs se transmettent via leur radio l'emplacement des plus gros fauves afin d'obtenir le meilleur point de vue pour l'indispensable photo, si possible face au soleil couchant. Ou au soleil levant, car un safari se déroule toujours aux aurores et au crépuscule, les animaux logiquement évitent le soleil de la mi-journée, forcément brulant en particulier sous l'équateur du Kenya ou de la Tanzanie.

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Jérôme Stern

À pied, en cheval, en voiture...

Mieux vaut réussir son safari dans des zones encore préservées du tourisme de masse, en sachant que l'animal convoité ne sera pas obligatoirement au rendez-vous. Mais que peut être il y en aura d'autres, moins spectaculaires, plus étonnants, un lycaon, un oryx, un dik-dik... Cette découverte peut se faire en petit nombre, en 4x4, le plus souvent Toyota Land Cruiser ou Land Rover, mais aussi pour les puristes à pied avec un ranger armé, pour les originaux en montgolfière pour les sportifs à cheval et pour les plus fortunés à dos d'éléphant (Abu Camp au Botswana). Un tel safari est cher, mais tellement plus satisfaisant.

Et où ? Au Kenya plutôt dans le Tsavo ou le Laikipia, mais aussi dans certains sites moins fréquentés du Masaï Mara, en Tanzanie l'incontournable Serengueti et l'inoubliable cratère du Ngorongoro, sans négliger les méconnus Selous ou Ruaha, en Afrique du Sud, le désertique Kgalagadi voire l'oublié Limpopo (et son pendant en Mozambique voisin), au Botswana le superbe delta de l'Okavongo, mais aussi les rives du Chobe, au Zimbabwe le sauvage Hwange et le Matusadona, en Zambie le riche Luangwa et Mana Pools, en Namibie le parc Etosha , le Damaraland et la Skeleton coast mais aussi en Ouganda le Queen Elisabeth Park, le dense Kibale (chimpanzés) et la forêt de Bwindi (gorilles de montagne que l'on peut aussi apercevoir depuis le Rwanda). Quelques lieux encore hors du commun... mais là aussi, peu à peu, de nouvelles installations touristiques viennent s'ériger pas toujours dans le respect de l'environnement.

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Jérôme Stern

Pas seulement en Afrique

Outre le prix, forcément élevé si l'on veut réussir son safari, (rien que les droits d'entrée dans certains parcs sont élevés, 60 dollars par personne dans le Selous, 400 dollars à Bwindi), il faut choisir la bonne agence, plus spécialisée que généraliste (Makila en premier lieu, Vie sauvage, etc...). Ensuite, tenir compte du climat: ainsi, en Afrique australe, il y a de petites pluies entre novembre et janvier, elles sont peu gênantes et permettent de superbes photos et les grosses pluies entre avril et juin, nettement désagréables d'autant que les routes deviennent impraticables.

Il faut aussi avoir un bon guide expérimenté avec une voiture en bon état, voire en Afrique du Sud ou en Namibie conduire soi-même son véhicule de location ce qui permet d'aller à son rythme. Et alterner les hébergements, qui vont du simple camping (une tente sur le toit de son véhicule) aux lodges de luxe avec piscine privée en pleine savane.

On peut voir d'autres animaux dans leur milieu naturel de par le monde. Éléphants sauvages au Sri Lanka, tigres en Inde, ours bruns en Alaska, ours blanc au Nunavut, lamas en Bolivie, lièvres en Patagonie, alligators en Floride, toucans au Costa Rica, dauphins roses au Venezuela, singes-araignées en Amazonie, manchots en Antarctique, varans à Komodo, lémuriens à Madagascar, koalas en Australie, etc....

Bon(s) voyage(s)

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