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Jean-François Lisée possède plus d'expérience que tous les autres candidats.
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Une course à la chefferie d'un parti est une des trop rares occasions où on peut prendre connaissance de la dissonance au sein d'une députation. Parfois, celle-ci est provoquée par un candidat voulant se démarquer du meneur, mais souvent elle est l'écho des convictions profondes qui ont amené ces gens à sauter dans l'arène politique. Parmi les éléments du discours des candidats qui génèrent le plus de tumulte, l'interprétation des derniers mots de l'article 1.1 du programme de leur parti est celui qui fait couler le plus d'encre. Le voici :

Aspirant à la liberté politique, le Parti Québécois a pour objectif premier de réaliser la souveraineté du Québec à la suite d'une consultation de la population par référendum tenu au moment jugé approprié par le gouvernement.

Celui qu'on considérait le meneur au début de la course, Alexandre Cloutier, nage dans l'imprécision lorsqu'il est question de savoir s'il y aura un référendum dans un premier mandat. En basant sa décision sur l'opinion des militants du PQ lors d'un conseil national six mois avant les élections, on ne peut que mal mesurer son réel intérêt à faire la souveraineté. Le capitaine du bateau doit pouvoir décider du chemin à suivre, et non pas confier le gouvernail aux membres de l'équipage. En plus de s'exposer à une mutinerie, il donne l'impression de vouloir décliner toute responsabilité résultant de la décision qui serait alors prise.

Des candidats encore dans la course, Martine Ouellet est la préférée des souverainistes qui en ont marre qu'on renvoie aux calendes grecques la tenue d'un troisième référendum. Son discours a le mérite d'être clair sur la question nationale (et sur d'autres enjeux majeurs), et elle a l'appui de plusieurs membres d'Option nationale et du Bloc québécois. J'admire sa détermination ; à une période où on pouvait croire qu'il ne restait plus d'indépendantistes convaincus au PQ, elle était là pour nous prouver le contraire.

Bien qu'elle soit une candidate fort intéressante et qu'elle apporte beaucoup aux débats, je crois cependant que les appuis dont elle dispose sont essentiellement dus au simple fait qu'elle est la souverainiste la plus pressée des candidats à la chefferie. Ses tentatives de convaincre ses collègues de l'Assemblée nationale de l'appuyer ont jusqu'à maintenant été vaines, ce qui m'amène à douter qu'elle possède le leadership nécessaire pour rallier la députation péquiste à son mode d'accession à l'indépendance. La fin de la course pourrait d'ailleurs être son chant du signe comme députée péquiste ; je la vois mal appuyer un candidat dont l'échéancier référendaire est vaporeux. Son souhait de tenir un référendum aussi rapidement est partagé beaucoup plus chez Option nationale qu'au PQ. On peut dire qu'il est dommage qu'une majorité de membres du PQ ne voient pas la pertinence d'un référendum rapide, mais c'est une prise de position soutenable. Ce qui est insoutenable c'est de demeurer nébuleux lorsqu'on doit préciser ce qu'on entend par «moment jugé approprié par le gouvernement».

L'autre candidat qui répond clairement lorsqu'on lui demande s'il y aura un référendum dans le premier mandat d'un gouvernement qu'il dirige est Jean-François Lisée. Son plan d'accession à la souveraineté s'échelonne sur deux mandats. C'est audacieux de faire un plan avec un échéancier aussi long, mais je crois que c'est nécessaire. Le PQ n'a pas fait ses devoirs en matière de pédagogie de l'indépendance dans les dernières années, et repousser la tenue d'un référendum est le prix à payer pour cette erreur. L'exemple le plus intéressant de promotion de l'indépendance est venu d'un autre parti, Option nationale, lorsqu'ils ont distribué le Livre qui fait dire Oui. Ce genre de travail aurait dû être fait il y a longtemps à l'intérieur du PQ. On ne peut pas persuader un fédéraliste à voter Oui au prochain référendum aussi simplement que des chroniqueurs sportifs nous convainquent que Shea Weber est meilleur que P.K. Subban.

Jean-François Lisée possède plus d'expérience que tous les autres candidats quant à la préparation d'une consultation populaire. Chef de cabinet de Jacques Parizeau dès 1994, il a été un des maîtres d'oeuvre de la stratégie menant au référendum de 1995. Il n'a peut-être pas gagné à ce moment, mais disons qu'il n'aura pas besoin de faire beaucoup mieux la prochaine fois. Par la publication de différents ouvrages détaillant ses idées, et la rédaction d'un blogue, on ne peut pas lui reprocher d'être demeuré inactif dans le domaine de la persuasion. Député depuis plus de 4 ans, il a montré qu'il n'était pas seulement un théoricien, mais aussi un homme de terrain. Son article paru le 20 septembre dans le Huffington Post Québec nous permet d'en apprendre un peu plus sur les étapes qu'il espère franchir d'ici 2022.

Jean-François Lisée est peut-être moins pressé de faire l'indépendance que Martine Ouellet. Or, la question est plutôt de savoir, qui, au Parti québécois, a le plus de chance de la réussir. Je crois que c'est Jean-François Lisée.

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