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10 suggestions pour mieux conduire sa pensée au quotidien

Comme le dit Aristote, vous aurez vaincu un désir, et c'est en quoi réside le vrai courage selon le philosophe.
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«La raison commune est la chose la mieux partagée au monde selon Descartes mais l'important est de l'appliquer bien» continue-t-il. Or, bien appliquer sa raison, bien conduire sa pensée, dépend moins de l'application de règles toutes faites que d'une attitude quotidienne de questionnement et d'attention à soi et à son environnement. Voici donc quelques suggestions à appliquer quotidiennement pour reprendre le contrôle par la pensée.

1. Sortez de votre intérêt immédiat: demandez-vous ce que vous pouvez donner au monde aujourd'hui: selon vos talents et vos goûts, il peut s'agir de partager une information, d'expliquer quelque chose à quelqu'un, de lui poser une question pour le faire réfléchir, de vous exprimer sur un sujet de manière personnelle. Rien de bien grandiloquent mais juste quelque chose qui soit gratuit, un coup d'épée dans l'eau qui fasse que votre vie quotidienne ne se réduise pas uniquement à faire quelque chose d'utilitaire, en vue de quelque chose d'autre.

2. Sortez de la fascination pour les mots. A partir d'une phrase qu'on vous a récemment dite ou d'une citation philosophique, un passage d'un texte, un aphorisme, demandez-vous: «Est-ce que c'est vrai? Est-ce-utile? Est-ce bon?» Ce sont les fameuses questions du «tamis socratique» que Platon nous a léguées de son maître.

3. Résistez à vos impulsions. «Un homme ça s'empêche», nous disait Camus. Socrate avait son daemon, sa voix intérieure qui lui interdisait de faire ou de dire une chose qui lui aurait fait du tort sans être nécessaire. Par exemple, ne pas envoyer un email sous le coup de la colère, ne pas céder à une peur immédiate et se demander avant de céder à l'émotion si notre action a pour but de nous soulager ou d'améliorer objectivement la situation. En cas d'hésitation, ne rien faire et remettre au lendemain.

4. Sortez de vous-même. Mettez-vous au moins une fois mentalement à la place de quelqu'un et demandez-vous: «Si j'étais lui et que je m'entendais dire ce que je lui dis, comment est-ce que je réagirais? Est-ce que j'aimerais qu'il/je me dise cela sur le moment? Est-ce que cela peut le faire progresser?»

5. Approfondissez vos goûts. Devant une image, un film, un objet, une œuvre d'art ou même une publicité, demandez-vous: Qu'est-ce que j'ai aimé/pas aimé? Pourquoi je l'ai aimé(e)/pas aimé(e)? Et qu'est-ce que cela m'apprend sur moi? Cela vous aidera à sortie de l'attitude consumériste habituelle qui consiste à déclarer son amour, sa répulsion ou son indifférence sans autre forme de réflexion.

6. Philosophez avec vos enfants. Posez au moins une question à vos enfants qui ait du sens et qui les sorte de l'ordinaire: «Qu'as-tu préféré aujourd'hui? Est-ce que quelque chose t'a surpris dans ta journée, t'a attristé ou mis en joie? Est-ce que tu as appris quelque chose d'intéressant à l'école, de la maîtresse, du professeur ou de quelqu'un d'autre?»

7. Occupez-vous au moins un moment de votre corps. Cela peut paraître bizarre de dire cela mais pour que la pensée fonctionne bien il faut que le corps soit tranquillisé: faites un peu de marche, de méditation, d'exercices de respiration yogique, de course à pied, de natation, ou autres, et regardez comme votre pensée est plus claire une fois que vous avez évacué de votre esprit ces pensées parasites, ces émotions négatives qui peuvent vous enlever l'énergie mentale nécessaire à la conduite de la pensée.

8. Questionnez l'évidence: si vous affirmez ou entendez affirmer quelque chose, demandez-vous: «Qu'est-ce qui me permet d'affirmer cela? D'où cela vient-il? Est-ce un argument rationnel et légitime et pourquoi?». Ainsi, vous vous surprendrez moins souvent à prendre pour argent comptant ce que l'on vous assène ou que vous vous assénez à vous-même.

9. Confrontez-vous à autrui: ayez une discussion profonde avec au moins une personne, que ce soit une connaissance, un proche ou un étranger, avec une préférence pour l'étranger car il sera plus susceptible de vous dire les choses de manière candide que la connaissance ou le proche toujours suspect de ménager votre susceptibilité. Ce qui sera de moins en moins vrai puisqu'à force de penser, on sort de son ego et de sa subjectivité, on devient plus objectif, plus lucide, moins complaisant, donc moins susceptible et plus ouvert. Et vous verrez que cette ouverture vous ouvrira à de nouvelles rencontres, comme par magie, alors qu'il n'y a rien de magique là-dedans.

10. Libérez-vous de la tyrannie des émotions: identifiez au moins une émotion qui vous traverse, nommez-la et demandez-vous si ce qu'elle essaie de vous dire est vrai ou faux. Les émotions nous disent quelque chose de nous, mais ce n'est pas à elles de décider de notre action. Par exemple, une situation précaire vous fait peur pour votre avenir et vous vous dites: "fais tout ce que tu peux pour rapidement trouver une sécurité matérielle, sinon tu vas finir comme un clochard" (oui, les émotions sont très souvent dans la dramatisation). Mais peut-être que ce qui est bon pour vous est de supporter un peu plus encore cette insécurité et de vous demander: «Y a-t-il quelque chose de plus important pour moi à cet instant qui justifie que je transcende ma peur?»

Ainsi, comme le dit Aristote, vous aurez vaincu un désir, et c'est en quoi réside le vrai courage selon le philosophe.

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