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Marcel de Dolbeau-Mistassini...

J'ai un message pour tous les Marcel(s) du Québec: présentez-vous en politique. Dites-nous ce qui vous ronge les tripes, parlez-nous de vos idées. Qui sait? Il se peut bien que vos idées, cher(s) Marcel(s), changent l'Histoire du Québec. Quant à vous, M. Daniel Breton, détrompez-nous. Et montrez-nous que Dolbeau-Mistassini, ce n'est pas si beige.
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Je vais être direct: je suis très heureux de voir le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Daniel Breton, être responsable du dossier de l'électrification du transport dans l'actuel gouvernement. Non seulement parce qu'il est plus que compétent en la matière, non seulement parce qu'un coup de barre en lien avec notre dépendance au pétrole est plus que nécessaire, mais aussi parce que Daniel Breton est un gars qui en a bavé. Et pas à peu près.

Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de rappeler les évènements entourant sa démission comme ministre de l'Environnement, le 29 novembre 2012, à peine quelques mois après s'être installé dans son bureau. En fait, je ne pense pas qu'il ait eu le temps de défaire ses boîtes. Ceci dit, bien que Daniel Breton ne soit pas le portrait parfait de l'exemple à suivre dans sa vie personnelle, je n'en démords pas: il a été victime de bullying politique. À preuve: on a passé à autre chose, même si les conclusions de la commission parlementaire sur sa supposée intervention à l'UPAC n'ont pas été divulguées. «On s'en est débarrassé, on passe à autre chose», se disent probablement les bonzes des partis de l'opposition...et des industries qui n'aimaient pas trop la présence de M. Breton au ministère.

Bien qu'on puisse condamner ses excès de vitesse, ses loyers non payés ou ses fausses déclarations à l'assurance-emploi, on ne peut passer sous silence que c'est la réalité que doivent affronter bon nombre de personnes qui vivent sous le seuil de la pauvreté, précarité incluse. Même si on peut passer des heures à discuter de la volonté de Daniel Breton de payer ou non ses nombreuses dettes, il n'en demeure pas moins que ce n'est pas ce qui fait de lui (ou non) un mauvais ministre de l'environnement.

Après tout, si ça fait de lui un mauvais député ou un mauvais ministre, on pourrait se poser des questions sur Henri-François Gautrin, député de Verdun qui s'est fait prendre en sens inverse et en état d'ébriété sur le Pont-Pierre-Laporte, en 1991. Ou sur Jean d'Amour, député de Rivière-du-Loup, qui s'est lui aussi fait prendre en état d'ébriété au volant. Ou sur Pierre Duchesne, député de Borduas qui a vécu la même mésaventure, deux fois plutôt qu'une.

Le billet se poursuit après la galerie

Non, Daniel Breton n'est pas votre politicien typique. Il n'est pas riche, n'est pas bardé de diplômes et n'a pas la parure d'une carte de mode. Ce qui m'amène à questionner le sérieux de la strate de la population qui le pourfend encore aujourd'hui lorsqu'elle demande des politiciens moins formatés, plus près du peuple, question qu'il comprenne les enjeux citoyens et ne soit pas complètement déconnecté de la réalité. Pourtant, en voilà un. Et un excellent.

C'est qu'après, on se surprend d'être pris sous une pile de politiciens en plastique, formatés, qui semblent avoir été assemblés plutôt que nés. Vous savez? Ce genre de personne qui semble être sortie d'une boîte de carton acheté(e) dans un magasin grande surface? Gardez votre facture et réclamez un remboursement s'il est cassé, on va vous en faire venir un autre avec la couleur de cravate que vous voulez.

Ce qui m'effraie le plus de la démission de Daniel Breton, encore des mois après celle-ci, c'est qu'elle envoie un drôle de message à tous ceux et celles qui croient être capable de contribuer à leur société. «Soit réaliste: les riches et les amis peuvent y aller, mais toi, toi...T'es qui, toi»? C'est pourquoi j'aurais aimé voir une Pauline Marois au front de boeuf se dresser comme un rempart devant son champion de l'environnement pour lancer un message clair à la population: je refuse sa démission, car je refuse que le Québec démissionne envers ses citoyens les plus démunis. Que les «ceuzes et les ceuzesses» qui veulent le tasser lui passent sur le corps en premier. Après tout, quand on est un leader, c'est notre rôle.

Ça me fait penser à mon personnage imaginaire préféré. Je l'appelle Marcel. Marcel est un gars bien normal. Il n'a pas étudié beaucoup mais ça ne l'empêche pas de se débrouiller. Marcel s'implique même beaucoup dans sa communauté: il fait du bénévolat à la soupe populaire du coin et il aide les aînés à faire de la lecture la fin de semaine. Des fois, je dis de Marcel qu'il réside à Dolbeau-Mistassini pour le rendre plus beige.

Mais Marcel n'a rien de beige. Dans le temps qu'il a consacré à sa communauté, Marcel s'est dit, quelques fois, qu'il pourrait se lancer en politique. Parce que près des citoyens, il s'est bâti en lui quelque chose que bien des politiciens n'ont plus ou n'ont jamais eu: des idées. Et des bonnes. Pis il se dit que si c'est bon pour son petit monde dont il s'occupe avec tout l'amour qu'il peut donner, eh ben!, il pourrait aussi en profiter le Québec au complet. Un coup parti, tsé...

L'ennui, c'est que Marcel ne l'a pas toujours eu facile. Il a été sur le chômage après la fermeture de la shop où il faisait des petits meubles usinés. Déprimé, un de ses soirs, il a décidé de rejoindre ses (maintenant anciens) amis de la shop. Il en a bu une de trop et s'est fait pincer par la SQ. Puis pour payer son amende en étant sur le chômage, Marcel a coupé les cents en deux. Tant et si bien qu'en retournant les mathématiques de tous les côtés, il a fini par ne plus arriver. Alors il s'est rendu à l'épicerie pour prendre une barre de pain et du Paris-Pâté qu'il a enfouis dans son manteau avant de sortir. Maudit qu'il avait faim.

Ou plutôt, «d'essayer» de sortir. Ben oui: il s'est fait pincer. Encore. Quand t'es pas habitué de voler, tu oublies qu'une barre de pain sous un imperméable à ras le corps, ce n'est pas très discret.

Pourtant, Marcel n'a rien d'un criminel. Pas une seule personne, à «Dolbeau on the beach», ne sait dire un seul mot contre lui, même en étant au courant de ses frasques. Sauf que Marcel est pas un épais: il est informé, suit l'actualité et voit comment on traite les élus qui sont passés dans le même moulinet que lui. Alors, bien évidemment, il hésite à se présenter en politique. Et se dit que ses idées, après tout, il pourrait bien les garder pour lui.

Tout ça pour dire que j'ai un message pour tous les Marcel(s) du Québec: présentez-vous donc, s'il vous-plaît. Dites-nous ce qui vous ronge les tripes, parlez-nous de vos idées. Qui sait? Il se peut bien que vos idées, cher(s) Marcel(s), changent l'Histoire du Québec.

Pour le mieux.

Quant à vous, M. Breton, détrompez-nous. Et montrez-nous que Dolbeau-Mistassini, ce n'est pas si beige, en fin de compte. En tous cas, moi, j'suis content de vous voir là.

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