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Il existe un grand fossé entre la cause souverainiste et les 18-35 Québécois.
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Cette semaine, j'ai marqué mon calendrier.

Ça n'arrive pas souvent, mais je me suis surpris à être d'accord avec André Pratte. J'en suis moi-même tombé en bas de ma chaise. C'est avec son éditorial Le Fossé que l'impensable s'est produit.

Sur la forme et sur le fond, M. Pratte a raison. Il existe un grand fossé entre la cause souverainiste et les 18-35 Québécois. Mais il existe aussi un fossé entre l'idée fédéraliste (pour ne pas dire l'idée fédérale, clin d'oeil à M'sieur Pratte) et les 18-35. En somme, il semble que la jeune génération soit désintéressée de l'offre politique actuelle.

Et ça se comprend. La nouvelle génération est ouverte sur le monde, a accès à une foule d'informations qui n'étaient pas disponibles auparavant et se soucient d'enjeux de société qui ne sont pas les mêmes que la génération précédente. En somme, cette génération a souvent l'impression d'être laissée pour compte.

Ce qui est bien normal, compte-tenu de la démographie actuelle. Qu'on le veule ou non, la population vieillit et un clash peut se produire entre la strate citoyenne vieillissante et celle qui se pointe le bout du nez. Surtout que récemment, chaque fois que la jeune génération a voulu s'exprimer sur des enjeux essentiels, on lui a clairement signifié de se taire et que la majorité en nombre n'allait pas s'en «laisser imposer».

Et c'est là que ça nous amène à une question bien plus intéressante que le simple échiquier «souverainiste-fédéraliste» ou l'échiquier «gauche-droite». La nouvelle génération est allée plus longtemps à l'école et a donc tardé à fonder une famille ou même démarrer une entreprise. Il y a une compréhension des réalités de chaque génération qui ne s'est pas transmise et, maintenant, les clans se pointent du doigt de façon accusatrice.

La génération vieillissante? Santé, argent, sécurité. La nouvelle génération? Éducation, environnement, endettement, combat face à la précarité. Bon, ce n'est pas nouveau à ce changement de génération, mais il est vrai que c'est particulièrement marquant pour celle-ci. Pour des raisons évidentes: elle est moins imposante en nombre que celle qui l'a mis au monde et elle vivra probablement moins longtemps que ses aïeux.

Et que répondent les partis politiques par rapport à ces enjeux pourtant cruciaux? Austérité budgétaire, amincissement de l'État, discours alarmiste. Pourtant, la nouvelle génération a beaucoup d'idées. Surtout qu'elle sera la principale concernée. Mais en même temps, je sais bien que le discours alarmiste aide le discours électoraliste. On réinvente pas la roue.

Certain(e)s parlent d'un fossé, pour citer M. Pratte. Mais c'est plus qu'un fossé, c'est un vide.

Parce que s'il y a un problème important à régler avec notre cher Québec, ce n'est pas celui de relever des défis que nous n'avons jamais relevé auparavant : nous faisons plutôt face à un défaut dans la conception de notre mécanique à régler lesdits problèmes. Et la raison pour laquelle ce mécanisme semble détraqué, c'est qu'une bonne portion des décideurs publics semblent avoir créé un univers parallèle. Un univers où on se dit que si on l'a construit, ce n'est que grâce à nos efforts individuels. Et que si on échoue, c'est la faute du maudit gouvernement.

Un univers où nos valeurs (que nous n'avons pas encore tout à fait défini parce que nous n'avons pas tous les mécanismes nécessaires pour les définir) sont menacées par des fonctionnaires qui portent des symboles religieux qui n'ont jamais été un problème auparavant.

Alors permettez-moi de parler au nom de cette jeune génération quelques instants (et je ne parle pas au nom de tous et de toutes mais, je le pense humblement, de la plupart) : tant et aussi longtemps que les deux générations ne se mettront pas d'accord sur des principes fondateurs qui vont de soi, nos problèmes seront amplifiés et nos solutions seront simplifiées. Et c'est exactement pourquoi elles ne fonctionneront pas.

«Nous affrontons un endettement jamais vu auparavant!». «Nous sommes à quelques semaines d'être un échec en tant qu'État ou - encore pire - la Grèce!». Et quelle solution avons-nous trouvé pour régler ce problème? En coupant à la scie à chaîne notre diffuseur public.

Vraiment?

Il nous faut trouver un fil conducteur sur lequel nous sommes tous d'accord. Des frissons communs que nous partageons en tant que nation. C'est ainsi que nous aurons l'audace - celle de la Révolution tranquille - d'avoir de grands moyens à de grands maux. Et ce défi - ce gros défi - doit être emballant, rassembleur et à-long-terme. Pour qu'ultimement, la génération vieillissante finisse par passer la puck aux plus jeunes. Après tout, ça fait quelques années que les jeunes sont seuls devant le net.

Souveraineté? Si vous me posez la question à moi, je dis «oui». Et vous pouvez en connaître les raisons ici. Et pour des raisons plus que raisonnables, vous pouvez dire «non». Mais ne venez pas me dire que notre nation n'a pas de point commun sur laquelle elle peut se reposer et agir. Pour les générations futures. Même si parfois, on dirait que ces générations futures, on les a déjà envoyées paître pour de bon.

Alors avant de se poser la question «un pays ou pas?» ou encore «à gauche ou à droite», il faudrait peut-être se dire «quoi-quand-comment». Et tout ça ne doit pas se faire par une génération sur le dos de l'autre. Mais bien pour nous tous. Pour que ce vide auquel je fais référence devienne une formidable opportunité de nous construire le Québec qu'on veut, le Québec qu'on doit se bâtir. Lorsqu'un parti ou un courant politique saura construire ces ponts entre les générations, il intéressera la plus jeune. Pour l'instant, ne vous surprenez pas de ce fossé qui se creuse et de cette génération qui tourne le dos à la crèche.

Mais bon.

Pour l'instant, on dit Canadiens en 6?

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