C'est au creux d'une société désenchantée que fleurissent encore heureusement certains plaisirs de la vie quotidienne. Que s'illuminent les lueurs majestueuses de l'abondance, que s'éparpillent les parfums langoureux des femmes dans les couloirs des universités. Quand l'automne frappe à la porte du nord de l'Amérique, c'est tout un monde qui se termine. C'est un cycle qui recommence. Paradoxalement, c'est la vie qui dit à la mort d'aller se faire foutre.
Une société superficielle
Ce n'est pas un secret: le travail est à la mode. Chers amis: travaillez. Levez-vous. Économisez. Dépensez. Économisez. Enfilez les habits grisonnants d'une passion qui n'est jamais venue. Voyez comme il fait bon vivre lorsque la vie se résume à la jouer comme un comédien. Autrement dit, ressentez le vide qui ne vous fait jamais rien ressentir.
Car ce n'est pas seulement une vision stéréotypée: le XXIe siècle est le siècle de l'apparence. Faites de votre vie un véritable porte-folio. Faites-en un album, un curriculum vitae, une collection de moments. Faites de votre vie un passeport qu'il faut étamper à toutes les intersections existentielles. Faites-en donc aussi une décharge à ciel ouvert pour mieux y faire pénétrer l'absurdité.
Qui profite vraiment?
C'est à se demander qui profite encore vraiment dans ce monde aseptisé. Qui s'arrête, qui réfléchit, qui se laisse emporter par certains élans de spontanéité. Qui ne fait pas quelque chose seulement pour en arborer le caractère artificiel sur les réseaux sociaux. Qui n'est pas un marathonien prêt à consommer les stéroïdes d'une vie sans aucune authenticité.
Le constat est pourtant si simple: l'art de vivre se raréfie. Il est en voie d'extinction. Les calculateurs ont remporté leur combat contre les extravagances d'un bonheur imprévisible. Le rideau de la rectitude est tombé. Les apôtres de la productivité ont réussi à imposer leurs fantasmes à la société entière.
Heureusement, il reste encore des gens prêts à profiter de la vie. En feriez-vous partie?
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