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Le Retour du bon sauvage: réplique à Bruno Massé

Dans son dernier billet intitulé, l'activiste écologiste Bruno Massé critique mon dernier livre. Je veux donc revenir rapidement sur quelques éléments de sa critique qui m'apparaissent non fondés et malhonnêtes.
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Dans son dernier billet intitulé L'épouvantail vert de Jérôme Blanchet-Gravel, l'activiste écologiste Bruno Massé critique mon dernier livre, Le Retour du bon sauvage, paru en octobre dernier aux éditions du Boréal.

Selon lui, non seulement ce livre serait «non scientifique», mais il serait également un «pamphlet» sévère et belliqueux dénué de toute objectivité.

Je veux donc revenir rapidement sur quelques éléments de sa critique qui m'apparaissent non fondés et malhonnêtes.

Tout d'abord, contrairement à ce que l'auteur laisse entendre, je n'ai jamais nié l'existence d'une crise environnementale. Distinguant dès le départ l'écologie qui est une science utile à notre survie, de l'écologisme qui est une religion séculière, j'ai pris grand soin que ce livre ne soit pas interprété dans cette perspective erronée, mais bien dans celle de l'histoire des idées et des études sur l'imaginaire. Malgré ces précautions, il était prévisible que certains resteraient aveuglés par leurs préjugés. Voici ce qui est écrit en introduction :

Enfin, soulignons que ce livre n'entend aucunement nier l'existence d'une crise environnementale. Si les idéologies dont se réclame l'écologisme sont largement conditionnées par des imaginaires religieux qui outrepassent largement le champ de la rationalité, il n'en demeure pas moins que la dégradation de l'environnement doit demeurer l'une des grandes préoccupations du XXIe siècle (p.24).

Bruno Massé me reproche aussi d'avoir manqué de rigueur sur le plan méthodologique. Selon lui, ma réflexion ne respecterait pas les grandes règles de la démarche scientifique: il aurait fallu définir encore plus de concepts (Dieu sait qu'il n'en manque pas) et noyer le lecteur dans une interminable litanie épistémologique qui n'intéresse personne, sinon une poignée de chercheurs.

Ce n'est pas que je récuse toute démarche scientifique, bien au contraire: j'invite M. Massé à parcourir mon mémoire de maîtrise qui sera disponible en ligne dans quelques semaines. Mais comme le veut la formule: chaque chose à sa place! Bruno Massé ne fait même pas la différence entre l'essai et la thèse de doctorat. À moins qu'il ne veuille bannir ce genre littéraire?

Ce reproche méthodologique me fait sourire, car il traduit généralement un manque de profondeur intellectuelle. Quand on ne dispose pas de la culture nécessaire pour analyser le contenu d'un ouvrage, on parle essentiellement de la forme -- bref de méthodologie. Reprochera-t-on à Voltaire de ne pas avoir suffisamment défini ses concepts? À Platon de n'avoir aucun cadre théorique dans sa République ? Bienvenue chez les fonctionnaires du savoir. C'est un problème récurrent chez certains universitaires.

Ceci dit, si M. Massé tient vraiment à ce que mon hypothèse soit validée «empiriquement», il n'a qu'à relire son texte. Si les écologistes radicaux se caractérisent par un tempérament dogmatique qui s'accompagne d'une attitude cléricale, sa critique en témoigne. Autrement dit, Bruno Massé cautionne ma thèse sans le réaliser: il est un échantillon représentatif d'une mouvance qui rejette en bloc la moindre remarque sur son idéologie.

Enfin, Bruno Massé me reproche d'avoir dépeint les écologistes comme des «génocidaires», réduisant le deuxième chapitre de mon livre au fameux «point Godwin». J'invite alors le lecteur intrigué à se procurer mon ouvrage pour y voir plus clair: il y découvrira rapidement des parallèles audacieux, certes, mais totalement fondés entre le romantisme allemand ayant mené au nazisme et le paganisme écologiste.

J'ajoute que si M. Massé n'a pas compris que l'écologisme radical vise le retour du religieux pour mettre un terme à la modernité qui est néfaste pour l'environnement, autant dire qu'il n'a rien compris à mon livre.

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