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Prôner la liberté et passer pour fasciste

Au 21e siècle, prôner la liberté en Occident peut passer pour fasciste. Parce que la liberté ne possède pas 42 000 définitions. La liberté, simplement, c'est une certaine indépendance, c'est un état d'esprit. La liberté signifie l'affranchissement de quelque chose, le plus souvent d'un dogme religieux ou d'un régime politique oppressant.
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Il m'est impossible de ne pas me sentir interpellé par la future Charte de la laïcité québécoise mise de l'avant par le Parti québécois, rebaptisée en cours de route Charte des valeurs québécoises . S'il advenait que le projet aboutisse, malgré un gouvernement péquiste toujours minoritaire, il s'agirait sans aucun doute pour le Québec d'un événement historique majeur. Avec l'avènement de la laïcité, le Québec mériterait encore davantage son statut de société distincte et inscrirait son destin au sein d'une histoire nord-américaine déterminante, unique en son genre.

Évidemment, la promotion de ce noble projet s'accompagne déjà d'une multitude de protestations. Nous entendons déjà les libéraux, les multiculturalistes et plusieurs sympathisants de la gauche s'insurger contre cette charte qui s'inspirerait, selon eux, de préceptes issus de l'extrême droite. Le philosophe bien-pensant Charles Taylor, dans un grand élan d'aveuglement volontaire, établissait même un parallèle ridiculement grotesque entre la Russie de Vladimir Poutine et cette laïcité québécoise.

Cela m'emmène donc à dresser le constat suivant: au 21e siècle, prôner la liberté en Occident peut passer pour fasciste. Parce que la liberté ne possède pas 42 000 définitions. La liberté, simplement, c'est une certaine indépendance, c'est un état d'esprit. La liberté signifie l'affranchissement de quelque chose, le plus souvent d'un dogme religieux ou d'un régime politique oppressant. Il s'agit inéluctablement d'un élargissement des possibles, d'une manière de faire abstraction de traditions aliénantes. Gagner sa liberté correspond à une émancipation par rapport à une ligne de pensée doctrinaire.

Saint-Exupéry écrivait dans Terre des hommes que certaines personnes pouvaient s'amouracher de leur réduction en esclavage. Il remarquait que les esclaves du désert n'avaient pas besoin d'être enchaînés pour rester auprès de leur maitre. Vous me voyez déjà venir: certaines religions n'ont pas grand-chose en commun avec la liberté. Plusieurs d'entre elles - l'islam au premier rang - dictent à leurs adeptes des codes de conduite beaucoup trop rigides et totalisants pour que ces cultures religieuses puissent se revendiquer d'une quelconque liberté.

Il faudra un jour l'avouer: la liberté de culte peut aussi être la liberté de ne pas être libre. Et c'est précisément ce que les partisans de l'ouverture à sens unique - je parle bien sûr du multiculturalisme - préconisent pour les musulmanes au service de l'État québécois: la liberté pour elles de ne pas être libres. La liberté de pouvoir arborer dans nos institutions un voile qui symbolise le refoulement sexuel pluricentenaire prescrit par la théologie mahométane et qui incarne le refus de l'intégration aux valeurs nationales. Relativistes dans l'âme, les libéraux et les autres apôtres de la Charte canadienne des droits et libertés témoignent ainsi de leur grave, très grave dérive idéologique. L'Histoire se souviendra de leurs fautes.

Ceux qui s'opposent à la Charte des valeurs québécoises ne sont pas capables de concevoir que la liberté puisse être envisagée sous la forme d'un encadrement. Ils se disent que la liberté devrait toujours aller de pair avec l'absence de contraintes, que des lois supplémentaires nuisent à la liberté d'autrui. On comprend le raisonnement, mais celui-ci demeure extrêmement superficiel: ceux et celles qui refuseraient de se plier à la neutralité étatique obéiraient à des lois religieuses encore plus rigoureuses que celles de l'État prévues à cet effet. Ils ne seront donc pas plus libres: ils feront preuve d'un fanatisme religieux dont notre société s'est déjà heureusement débarrassée.

Enfin, que dire de ces curés de la tolérance tels que Philippe Couillard, qui affirment que la laïcité serait un «intégrisme laïque»? Tout simplement que si cette laïcité caricaturale à laquelle ils font référence doit vraiment s'inscrire dans la lignée des intégrismes, qu'il s'agit d'un intégrisme de la liberté humaine.

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