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L'électrification des transports: «pas un objectif louable à court terme»!?

Un comité sénatorial en arrive à la conclusion que l'électrification des transports n'est pas un objectif louable à court terme. Ce billet de blogue est une réponse aux conclusions du sénateur Paul Massicotte. Devant l'énormité de ses propros, il est important de donner l'heure juste au public.
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Un comité sénatorial en arrive à la conclusion que l'électrification des transports n'est pas un objectif louable à court terme. Un article à ce sujet est paru dans La Presse + le 31 octobre. Ce billet de blogue est une réponse aux conclusions du sénateur Paul Massicotte. Devant l'énormité de ses propros, il est important de donner l'heure juste au public.

Tout d'abord, en ce qui concerne le messager, le sénateur Massicotte est comptable de formation et possède une vaste expérience en immobilier et en course de chevaux. Il est le vice-président du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. Il fut nommé sénateur en 2003 par Jean Chrétien, dont nous entendons parler actuellement dans le cadre du procès de M. Jacques Corriveau.

Paul Massicotte argumente brièvement sur la promotion de moteurs à combustion moins polluants en «motivant les constructeurs automobiles à être plus efficaces», dit-il. Malheureusement, la réalité est loin d'être aussi simple. En effet, les technologies derrière les moteurs à essence et diesel sont aujourd'hui très matures. Bien qu'améliorés de mille et une façons depuis plus de 150 ans, les principes thermodynamiques derrière leurs fonctionnements nous démontrent que nous sommes, à toute fin pratique, près du maximum d'efficacité pour ces moteurs. Aller plus loin dans ce sens exigerait des quantités phénoménales de capitaux. Il est clair que cet argent pourrait être investi à bien meilleur escient. De plus, il est ridicule de penser que le gouvernement canadien puisse jouer quelconque rôle auprès des fabricants automobiles. Avons-nous besoin de rappeler le scandale de tricherie d'émissions polluantes chez Volkswagen en 2015 ou encore la législation allemande à venir interdisant complètement le moteur à combustion interne à partir de 2030?

Dans un autre ordre d'idée, le sénateur, qui est co-président de l'Association interparlementaire Canada-Japon, avance qu'il serait souhaitable que le gouvernement développe les infrastructures nécessaires à l'utilisation de l'hydrogène comme combustible. Ne soyons pas surpris que le constructeur automobile japonais Toyota soit derrière la promotion de ces infrastructures. En effet, il s'agit du seul manufacturier sérieux à développer intensivement un programme de véhicule léger à l'hydrogène. Dans la réalité, cette idée ne tient tout simplement pas la route. La production, le stockage et le transport de l'hydrogène demanderaient des investissements de plusieurs dizaines de milliards de dollars, seulement au Canada.

Bien qu'il soit moins polluant lorsque brûlé, le gaz naturel est tout aussi nocif pour l'environnement, mais sous une autre forme.

Plus encore, le temps d'implantation de ces infrastructures impliquerait un risque énorme pour les contribuables. En effet, tout porte à croire que les piles au lithium s'approchent dangereusement d'un seuil d'autonomie similaire aux véhicules à combustion. Qu'en arriverait-il de ces infrastructures utiles uniquement pour un combustible déjà désuet? Techniquement, la majorité des experts sont sans équivoque, la mise en place des infrastructures requises pour développer un système de transport basé sur l'hydrogène n'est pas réaliste pour les 40 prochaines années.

Jean Massicotte conclut son argument en pointant les avantages d'utiliser le gaz naturel comme combustible pour les transports. «Ce pourrait être une solution à moyen terme, une avenue temporaire pour quelques décennies seulement», fait-il remarquer. Bien qu'il soit moins polluant lorsque brûlé, le gaz naturel est tout aussi nocif pour l'environnement, mais sous une autre forme. Encore une fois, pour rendre possible l'utilisation de ce combustible au Canada à grande échelle, pipelines, réservoirs et autres infrastructures sont nécessaires.

En effet, son extraction et son transport sont la cause d'énormes fuites de méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2. D'ailleurs, la NASA vient de conclure une étude très intéressante à ce sujet. Selon l'organisme réputé de nos voisins du sud, seulement quelques sites d'exploitation gaziers américains sont responsable de plus de 50% des émissions de méthane du pays.

De la même façon que le silicone révolutionna la fabrication des circuits intégrés durant les années 1960 en Californie, le lithium révolutionne actuellement le stockage d'énergie.

Cet argumentaire désuet se retrouve aussi dans la nouvelle politique énergétique du gouvernement libéral du Québec, se voulant un projet phare de l'électrification des transports. Dans un bref document d'une soixantaine de pages, ils réussissent à faire la promotion du gaz naturel 12 fois. Les lobbyistes des compagnies gazières, pétrolières et automobiles ont tout intérêt, pour leurs actionnaires, à mettre le paquet pour influencer nos politiciens. Il en va de leur survie économique. Plus l'électrification des transports est retardée, le mieux ces industries se porteront.

En conclusion, nous sommes à l'aube d'une nouvelle ère des transports terrestres, les grands visionnaires s'accordent aisément à ce sujet. De la même façon que le silicone révolutionna la fabrication des circuits intégrés durant les années 1960 en Californie, le lithium révolutionne actuellement le stockage d'énergie.

Maintenant, voulons-nous être la «Lithium Valley»?

Ce texte n'engage que mon opinion citoyenne. Les sources sont parfois anglophones afin de fournir l'information la plus précise possible.

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