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Énergie, compteurs et batteries

Les énergies renouvelables remplaceront, certainement, les énergies fossiles au cours de notre siècle et les grands visionnaires y voient, un des plus grands défis de notre époque.
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Dans le cadre des discussions sur une nouvelle politique énergétique au Québec, je prends la parole, ici, afin de partager avec vous certaines idées et certains concepts qui pourraient avoir un impact majeur sur la prospérité du Québec au XXIe siècle.

Nous avons la chance de nous épanouir sur un territoire regorgeant d'opportunités pour le développement des énergies renouvelables, entre autres l'éolien, mais surtout l'hydroélectricité. En fait, Hydro-Québec est le plus grand propriétaire de puissance hydroélectrique au monde! Avec nos 36 000 MW provenant de l'énergie hydraulique, seule Électrobras, société d'État brésilienne au même titre qu'Hydro-Québec, s'approche de cette capacité. Ceci, fait du Québec une superpuissance énergétique, mais plus encore, une superpuissance des énergies propres et renouvelables.

Ce statut se doit d'être une grande source de fierté pour tous les citoyens du Québec. Notre rayonnement international passe et passera par l'épanouissement de cette richesse ainsi que l'expertise qui en découle. Cependant, le Québec n'est pas le seul joueur dans le domaine des énergies vertes. Les grandes compagnies technologiques s'y intéressent de plus en plus. Les énergies renouvelables remplaceront, certainement, les énergies fossiles au cours de notre siècle et les grands visionnaires y voient, un des plus grands défis de notre époque. Bref, les Apple, Google et Facebook, par leur vision et leur volonté sociales, se positionnent, déjà depuis un moment, à l'avant-garde du domaine énergétique.

Ce préambule m'apporte à vous parler d'une révolution éminente dans le domaine. Cette dernière devrait d'ailleurs prendre son envol officiellement le 30 avril 2015. En effet, Tesla Motor devrait annoncer un nouveau produit à cette date. Les rumeurs veulent qu'il s'agisse d'un module de batteries à des fins résidentielles et/ou commerciales.

Je vais tenter, au meilleur de mes connaissances, d'expliquer pourquoi cette nouvelle technologie est d'un grand intérêt pour nous. Depuis plusieurs années au Québec, nous parlons d'efficacité énergétique à travers les différents programmes de la société d'État et du gouvernement. Les gains sont certainement plus qu'importants et louables. Il faut comprendre qu'une utilisation efficace de l'électricité permet d'économiser des sommes importantes sur notre facture mensuelle. Ce qui permet, par la suite, de maximiser le potentiel d'exportation de l'électricité québecoise profitant ainsi à tous les citoyens de notre province.

Je suis maintenant tenté d'utiliser le terme "efficacité énergétique 2.0. Nous parlons, depuis quelques années, du changement majeur instauré avec le web 2.0 qui amena une nouvelle composante d'intéraction entre le consommateur et le distributeur de contenu d'information ou autre. Dans la même lignée, "l'efficacité énergétique 2.0" implique une interaction importante entre le distributeur et le consommateur d'énergie. À ce jour, l'efficacité énergétique implique des solutions statiques qui viennent simplement réduire la consommation d'électricité. Avec une politique énergétique moderne, les nouveaux gains d'efficacité se feront par le contrôle en temps réel de notre consommation ainsi qu'une modulation de la source d'énergie consommée. Ce concept est déjà à l'étude à travers le monde et plus spécialement au Québec à travers les programmes de recherche de l'IREQ.

Avant d'en venir au vif du sujet, il est important de mettre en avant-plan quelques faits propres à l'industrie de l'énergie. Le marché énergétique est un marché régional. En effet, il est seulement possible de vendre ou acheter l'électricité produite à l'intérieur des limites des infrastructures de transport. Bien qu'il existe des interconnexions entre les différents réseaux voisins (Québec, Ontario, Vermont, New York, etc.), il n'est pas possible, par exemple, de vendre de l'électricité à la France. Évidemment, puisqu'il n'existe pas de liens physiques permettant de transporter une charge électrique jusque là-bas. Donc, même si nous avons de grandes quantités de puissance non utilisées à un moment précis dans le temps, sans ententes et infrastructures de transport, il n'est pas possible de rejoindre un client potentiel. Voilà pourquoi, je suis d'ailleurs d'avis que, la société d'État québécoise devrait être très aggressive dans ses politiques d'interconnexions et d'ouverture de nouveaux marchés. Il s'agit là cependant, d'un autre sujet.

Deuxième fait, il est important de concevoir que l'offre et la demande électrique varient sur un cycle de 24 h et fortement en fonction de la température extérieure. Bref, la valeur d'un KWh n'est pas la même sur les marchés de gros à 3h, 7h ou à 17h. Au milieu de la nuit, au moment où la majorité des industries sont à l'arrêt et les citoyens au sommeil, nous pouvons voir une demande très faible mais une disponibilité immense de l'offre. Je n'entrerai pas dans les détails techniques, mais je peux affirmer que lorsque des "experts" parlent de surplus énergétique au Québec, je suis tenté de dire qu'ils ne comprennent pas tout à fait ce phénomène. Quand, nous pensons qu'en période de grand froid, la totalité des turbines québécoises doivent entrer en fonction.

J'en reviens donc à l'annonce imminente de Tesla Motor, grande entreprise technologique californienne, prévue à la fin du mois d'avril. Si les rumeurs sont exactes, le nouveau banc de batteries résidentiel sera, selon moi, une immense révolution dans le monde de l'énergie. L'idée de base de Tesla est de fournir une autonomie énergétique couplée à un réapprovisionnement par l'entremise des énergies vertes moins constantes (éolien, solaire, etc. souvent installées directement chez le client). Bien que cette idée soit excellente pour la Californie, elle ne s'appliquerait pas exactement de la même façon au Québec, tout en gardant un attrait incroyable pour nous. D'ailleurs avec l'installation des compteurs intelligents, nous avons déjà une partie du puzzle en place. En effet, bien que la première étape dans ce dossier soit de rendre possible la mesure à distance, ces compteurs pourraient, dans un contexte établie, créer la relation 2.0 client/fournisseur dont je parlais.

Par exemple, un client résidentiel équipé d'un banc de batterie et d'un compteur intelligent, serait en mesure de moduler sa consommation en fonction de l'offre et de la demande énergétique régionale. Un consommateur averti pourrait générer l'électricité requise pour sa résidence à l'aide de ses batteries durant la journée, où la demande est forte, pour ensuite retourner sur le réseau québécois durant la nuit. À grande échelle, cela viendrait libérer des quantités importantes d'hydroélectricité pour exportation, propulsant du même coup notre enrichissement commun. Vous me direz que les incitatifs pour le client ne sont peut-être pas à la hauteur des attentes et plutôt intangibles et je serais d'accord. Voilà pourquoi cette initiative pourrait être couplée à des crédits d'impôt pour l'acquisition d'un de ces bancs (semblable aux crédits pour voitures électriques). Ajoutez à cela une réduction directement appliquée sur la facture d'électricité en fonction de l'énergie non-consommée aux périodes de forte demande et nous avons un projet très intéressant.

Afin d'accélérer ce processus au potentiel immense, je propose aux autorités une idée téméraire. Aller directement à la rencontre de Tesla Motor afin de favoriser leur présence au Québec, permettant donc à leurs produits de trouver preneur dans la province. Comme vous le savez déjà, Tesla est un leader mondial dans la course à l'électrification des transports. Leur voiture Model S est d'ailleurs la voiture la plus vendue en Norvège, autre pays, qui comme le Québec, intensifie les efforts afin d'électrifier sa flotte de véhicules. Avec l'avènement d'un potentiel banc de batterie, voilà déjà deux raisons, pour nous, de favoriser les échanges dans ce sens. Allons plus loin ensemble, Tesla est à préparer la construction d'une immense usine dans le sud-ouest des États-Unis, cette dernière servira à la fabrication des batteries utilisées dans leurs produits. Pourquoi ne pas proposer à l'entreprise californienne la construction d'une telle usine sur notre territoire. Elon Musk et ses actionnaires ne pourront qu'être séduits par notre enthousiasme pour l'électrification des transports, nos immenses réserves d'énergie renouvelable (garantissant des tarifs préférenciels plus qu'intéressants) et finalement, notre expertise exceptionnelle dans ce domaine. Nul besoin d'ajouter qu'une présence au Québec serait aussi un atout majeur pour Tesla limitant ainsi leurs coûts de transport pour le marché de la côte-est.

Je suis conscient que je n'apporte pas de chiffres à l'appui de mes idées, je voulais garder le tout le plus simple possible, j'invite les intéressés à se préter à l'exercice. Pour mes détracteurs qui suggèreront de développer ces bancs de batteries ici, je répondrai simplement, que je suis plus pressé qu'eux à voir le Québec briller de tous ses feux.

Ce texte n'engage que mon opinion citoyenne et les sources sont majoritairement anglophones afin de fournir l'information la plus précise possible.

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