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Notre rapport de force pour faire avancer nos conditions de travail

Aujourd'hui, on voit bien ce que ça donne quand un réseau aussi complexe que le réseau de la santé et des services sociaux est géré autoritairement par une seule personne.
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Cette semaine, je vous parle de quelques sujets qui concernent les membres de la FSSS-CSN. L'actualité des dernières semaines met les travailleuses et travailleurs que nous représentons à l'avant-plan, que l'on pense à la lutte des travailleuses de CPE ou encore à la mobilisation des travailleurs et travailleurs du secteur préhospitalier. Et dans le secteur public, c'est toujours la charge de travail et l'imposition des mesures d'austérité par le gouvernement qui continue de faire jaser. Et dire que certains voudraient qu'on réduise nos moyens de pression dans ce contexte !

Barrette et les paramédics

Le ministre Barrette a été interpellé à maintes reprises pour faire un suivi sur le dossier de la « désorganisation du travail » dans le secteur préhospitalier. Nous sommes intervenus à plusieurs reprises sur la place publique pour dénoncer le problème de manque d'ambulances. Plusieurs de nos syndicats dénoncent la situation. D'ailleurs, le président du syndicat à Québec a été très articulé sur le sujet.

Malgré les fluctuations de la population qui fait en sorte que les besoins dans certaines régions explosent, le ministre Barrette a toujours refusé jusqu'à maintenant de donner suite aux recommandations d'un comité qui a été mis sur pied par son prédécesseur, un dénommé Philippe Couillard. En effet, si le ministre avait fait un suivi, il n'y aurait pas de débats à l'heure actuelle sur la place publique.

Comme c'est devenu son habitude, le ministre tente de ridiculiser la position de ses adversaires.

Le ministre peut prétendre tant qu'il veut que nos dénonciations soient des tactiques de négociation. Mais depuis le dépôt du rapport le 2 octobre 2007, qui visait des moyens permanents pour ajuster le niveau de services selon l'évolution de la demande, il y a eu plusieurs périodes sans négociations où les ministres passés et présents n'ont pas bougé. Il ne s'agit pas de mettre une ambulance dans chaque rang au Québec. Comme c'est devenu son habitude, le ministre tente de ridiculiser la position de ses adversaires. Il s'agit plutôt de s'asseoir avec les ressources sur le terrain pour travailler à améliorer une situation déplorable !

Donc comme on a fait par le passé, nous allons profiter de la période de négociation pour faire avancer les services à la population. Demander aux paramédics de continuer dans les conditions actuelles, c'est de leur demander d'accepter l'inacceptable quant aux services. Ils ne feront pas ça. Que ça soit une surcharge à cause de manque du personnel ou un manque de services à cause des horaires de faction, le résultat est le même. Et on a bien vu cette semaine que les travailleurs du secteur sont déterminés à se faire entendre !

Encore le manque de préposés aux bénéficiaires (PAB), toujours le manque de PAB

Ça fait longtemps que la FSSS-CSN dénonce la dévalorisation du travail accompli dans le réseau de la santé et des services sociaux, y compris celui des préposés aux bénéficiaires (PAB). Nous avons indiqué lors des annonces du ministre Barrette sur l'embauche de PAB dans les CHSLD que le mal a déjà été fait. D'ailleurs, malgré la mise de l'avant de solutions par nos syndicats pour régler ce problème, les situations dramatiques, comme celle dénoncée en fin de semaine dernière en Estrie, continuent de se retrouver sur la place publique. Les excuses (surement de bonne foi) du CIUSSS ne suffisent pas. Il faut que les directions régionales arrêtent de défendre les choix malheureux du ministre Barrette.

Aujourd'hui, on voit bien ce que ça donne quand un réseau aussi complexe que le réseau de la santé et des services sociaux est géré autoritairement par une seule personne.

Malheureusement, avec les mesures d'austérité de ce gouvernement qui vont continuer malgré les annonces opportunistes de la mise à jour économique, ce n'est pas demain qu'on va voir la fin de ces situations. Bien sûr, comme à son habitude, le ministre Barrette va dire que c'est la faute des syndicats si les choses ne s'améliorent pas et si les dénonciations publiques se poursuivent. Pourtant, pendant ses 3 premières années comme ministre, il ne voulait rien savoir d'échanger avec nous sur les problèmes de fond dans le réseau. Il avait déjà toutes les réponses. Aujourd'hui, on voit bien ce que ça donne quand un réseau aussi complexe que le réseau de la santé et des services sociaux est géré autoritairement par une seule personne.

Régine Laurent prend sa retraite

Philippe Couillard prend la balle au bond, à la veille de 2 journées de grève dans les CPE. Selon le HuffPost, « M. Couillard a pris pour exemple la grève dans les Centres de la petite enfance, qui embête les parents plutôt que le gouvernement, selon lui. »

C'est bien plutôt la lutte des travailleuses qui a forcé ce gouvernement intransigeant à reculer sur ses demandes qui visaient à s'en prendre au réseau des services de garde.

Il est assez intéressant de constater que dans les 24 heures précédant l'utilisation de ces journées de grèves, le gouvernement a changé radicalement sa position de négociation, éliminant plusieurs concessions qu'il avait demandé jusque-là. Ce n'est malheureusement pas parce que le premier ministre a eu une révélation en fin de semaine à l'effet qu'il devait traiter avec plus de respect les travailleuses des CPE. C'est bien plutôt la lutte des travailleuses qui a forcé ce gouvernement intransigeant à reculer sur ses demandes qui visaient à s'en prendre au réseau des services de garde.

Madame Laurent soulève plusieurs points qui mériteraient un vrai débat sur l'exercice du rapport de force. Mais soulignons-en seulement un ou deux qui sont essentiels à mon avis. D'abord, c'est toute l'histoire syndicale qui nous démontre que lorsqu'il y a du rattrapage à faire, que ce soit pour les professionnels en soins ou pour tout travailleur et travailleuse, il faut mettre en place des moyens de pression dérangeants pour faire avancer les droits. L'histoire syndicale regorge d'exemples de ces luttes qui ont permis d'améliorer les conditions de travail du personnel. Qu'on le veuille ou non, ce n'est pas que des sorties publiques qui permettent d'obtenir des gains pour les travailleuses et travailleurs. Cela passe inévitablement par l'exercice d'un rapport de force.

Madame Laurent donne l'exemple de la dernière négociation où sa fédération n'a pas fait de mobilisation large, mais a plutôt ciblé quelques actions qui, selon ses dires, ont dérangé les ministres. Je peux vous garantir que si le Front commun avait recommandé une entente de principe avec une augmentation de 3 % sur 5 ans (comme l'a fait la FIQ), avec une clause remorque sur les gains salariaux supérieurs des autres groupes qui négocient, le gouvernement aurait été au 7 ciel. C'est les moyens de pression mis en place par le Front commun, en particulier grâce au leadership de la CSN, que nous sommes parvenus à faire reculer le gouvernement Couillard sur certains enjeux dans la dernière négociation.

Je ne sais pas si le changement de garde à la FIQ entrainera un changement de stratégie pour cette organisation. Mais elle veut parler de stratégie pour faire avancer l'ensemble des travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux, elle trouvera en nous une organisation prête à dialoguer sur les meilleurs moyens à mettre de l'avant.

Quant au gouvernement, il doit s'attendre à ce que nous restions combatifs dans les négociations, que ce soit celles qui sont en cours dans le préhospitalier et les CPE et bien sûr, lors des prochaines négociations du secteur public.

Avril 2018

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