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Négociations: les menaces pour le personnel, l’argent pour les médecins

Il faut mettre un terme à la médecine entrepreneuriale qui vide les coffres de l'État en laissant les patients et le personnel sur la touche !
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Cecilie_Arcurs via Getty Images

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Une autre semaine se termine où les réelles priorités des Docteurs Barrette et Couillard se retrouvent, malgré eux, sur la place publique. Vous savez, le monde ordinaire qui travaille dans le secteur public (le monde ordinaire étant tout le monde qui n'est pas médecin ou directeur général) est habitué à des négociations difficiles.

Chaque négociation du secteur public, nos politiciens dévalorisent sur la place publique le travail accompli par les travailleuses et travailleurs pour mieux expliquer pourquoi ils ne peuvent répondre à leurs préoccupations. Chaque fois c'est la même cassette : « les gras durs du secteur public en demandent trop et le gouvernement va se tenir debout devant les syndicats ! »

Rien que des miettes et des menaces pour le personnel du secteur public

Nos négociations sont tellement scrutées à la loupe que ça en devient presque ridicule. Il n'y a pas de marge de manœuvre pour faire des demandes qui pourraient être considérées comme étant exorbitantes. Repensons à nos demandes au début de la dernière négociation. Coiteux n'a pas attendu bien longtemps pour dénigrer les attentes du personnel du secteur public. Avant d'entamer une négociation, il faut qu'on se censure, qu'on négocie d'abord entre nous, afin d'éliminer toute demande qui peut sembler farfelue par notre establishment politique. On fait chaque fois un difficile travail pour arriver avec des demandes syndicales « raisonnables ».

Si nous faisions de telles demandes, nous serions ridiculisés en 2 temps, 3 mouvements.

Nous ne pourrions jamais par exemple oser demander des primes comme celles qu'ont les médecins. Ou encore moins de déterminer nous-mêmes comment investir les sommes que le gouvernement nous donnerait. Si nous faisions de telles demandes, nous serions ridiculisés en 2 temps, 3 mouvements. Le président du Conseil du trésor et le ministre de la Santé et des Services sociaux seraient rapidement devant les caméras pour dire qu'on vit sur une autre planète et que si nous ne revenons pas sur terre, il y a une loi spéciale qui est déjà à moitié prête et qui nous attend dans le détour !

Le beurre et l'argent du beurre pour les médecins

Imaginez un instant que nous utilisions la même « créativité » que les lobbys médicaux. Imaginez que nous demandions une prime importante pour le monde qui arrive à l'heure ou pour mettre une jaquette pour aller voir les patientes et patients. J'entends déjà les chroniqueurs s'époumoner !

La « créativité » du lobby médical est pas mal payante ! Et après avoir fait ka-ching, ka-ching sans arrêt, nous apprenons que le gouvernement du Québec, après une « difficile » négociation de quelques mois, va devoir faire un chèque de 500 millions de dollars au cours des prochaines semaines. Des millions qui s'ajoutent à ceux que les médecins ont obtenus depuis que les libéraux sont au pouvoir.

J'aurais tellement souhaité avoir des négociateurs aussi « durs » devant nous lors de nos dernières négociations. C'est vraiment hallucinant de les voir aller.

Sur le fond et sur la forme, le Parti libéral est en train de mettre à terre notre réseau de la santé et des services sociaux à force de tout donner aux médecins.

Je veux être très très clair. Les médecins méritent d'être bien payés. Mais sur le fond et sur la forme, le Parti libéral est en train de mettre à terre notre réseau de la santé et des services sociaux à force de tout donner aux médecins. Je pense qu'il commence à être temps de revoir la façon de rémunérer les médecins.

Ce n'est pas normal qu'ils soient capables d'empocher des sommes extraordinaires avec des primes et des frais insensés. Et leur rémunération à l'acte mène à de nombreux non-sens. C'est donc un bon moment de relancer le débat sur le statut des médecins et leur mode de rémunération. Est-ce qu'on doit continuer d'avoir des médecins entrepreneurs ou plutôt des salarié-es du réseau ?

Au nom de la sauvegarde de notre réseau public et accessible, il faut mettre un terme à la médecine entrepreneuriale qui vide les coffres de l'État en laissant les patients et le personnel sur la touche !

Avril 2018

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