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Entre l'austérité et la violence, le PLQ préfère qu'on parle de violence !

Philippe Couillard n'a pas demandé avant les élections un mandat pour faire ce qu'il est en train de faire.
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Le nombre et l'intensité des manifestations contre le gouvernement Couillard commencent à augmenter. Samedi dernier, il y a eu quatre manifestations organisées par les syndicats de la Fédération de la santé et des services sociaux (CSN) dont la manifestation à Alma. À cela s'ajoutent deux manifestations à Québec, une organisée par le FRAPRU et une organisée par l'ASSÉ, tout comme celle de Montréal.

Je milite dans les mouvements sociaux depuis le milieu des années 80. J'ai participé à des centaines de manifestations. Avant la fin du mouvement étudiant du printemps 2012, je peux vous dire exactement dans combien de manifestations j'ai vu des interventions policières impliquant l'utilisation de gaz lacrymogène ou de balles de plastique, etc. J'ai vu ça une fois, le 21-22 avril 2001 lors du sommet des Amériques à Québec. Les interventions policières musclées étaient vraiment exceptionnelles avant la fin du printemps 2012. Dans toutes ces manifestations, je peux compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où la tension a monté de façon importante. Dans la plupart des cas, il y avait une présence policière plus ou moins importante.

Le printemps 2012, un changement de paradigme

Avec le printemps 2012, le gouvernement Charest a changé les règles du jeu. Afin d'éviter de parler de l'augmentation des frais de scolarité, le gouvernement libéral a maintenu un faux débat sur la violence des étudiants. Ce n'est pas le comportement des manifestants qui a changé en 2012. C'est le mot d'ordre donné aux policiers.

Jean Charest et Line Beauchamp (ex-ministre de l'Éducation) ont trouvé un moyen de ne pas parler des frais de scolarité. En privilégiant l'utilisation excessive de la force par la police, la discussion publique s'est concentrée sur la question de la violence. Charest a compris rapidement qu'il avait tout intérêt à garder la discussion sur la violence, et ce, malgré le fait qu'il y avait des milliers de manifestants pacifiques dans les rues chaque jour.

2015, le gouvernement répète l'histoire

Le premier ministre actuel a appris les leçons de son prédécesseur. Si je comprends bien, il a même décidé de perfectionner la stratégie. Samedi soir à Québec, la police a entouré un groupe de manifestant-es. Ça s'est passé devant la maison d'une blogueuse anglophone de Québec, Nora Loreto, qui a décrit la scène. Une centaine d'arrestations. L'objectif premier: faire peur au monde !

Mardi soir à Québec, une autre manifestation, cette fois dans le cadre de la grève étudiante. 274 arrestations ! Oui, j'ai bien écrit 274 ! L'objectif : faire peur au monde. Décourager le monde. J'avais pas mal fini d'écrire mon billet de cette semaine lorsque j'ai entendu à la radio de Radio-Canada qu'une étudiante de 18 ans s'était fait tirer une bonbonne de gaz lacrymogène à bout portant. Je suis allé voir la vidéo de Radio-Canada (en bas de la page). Ça donne des frissons. Pas une fois, mais à deux reprises, la police tire sur les manifestants à bout portant !

On le voit bien, M. Couillard a bien appris de 2012. Il ne voulait surtout pas attendre des manifestations de centaines de milliers de personnes avant de faire passer le débat public de son plan d'austérité à la question de la violence.

L'intimidation n'est pas que dans les rues. À l'UQAM, ils ont apparemment eu le mot d'ordre d'écraser les «radicaux» par tous les moyens, y compris celui d'expulser 9 étudiants militants.

Naomie Trudeau-Tremblay, la manifestante, victime de l'attaque policière à Québec, a dit au journaliste de la radio de Radio-Canada que cet incident n'allait pas la décourager à manifester de nouveau. Au contraire, elle se dit plus déterminée que jamais pour mener la lutte contre l'austérité.

Comme Naomie, JE REFUSE D'AVOIR PEUR ! Dimanche, j'espère être à la manifestation organisée par la Fédération des Femmes du Québec (FFQ) pour protéger l'accès à l'avortement, accès qui est menacé par le nouveau règlement du gouvernement du Québec. Je serai aussi à la manifestation du 2 avril organisée par l'ASSÉ pour protester contre les mesures d'austérité !

Maintenir le débat public sur l'austérité

Couillard n'a pas demandé avant les élections un mandat pour faire ce qu'il est en train de faire. Le monde commence à se lever pour dire qu'il n'a pas de mandat pour faire ce programme d'austérité extrême. Le gouvernement donne alors le mot d'ordre d'écraser le monde qui veut en parler. Il n'a pas voulu en parler avant les élections et une fois élu, il veut empêcher la contestation sociale contre l'austérité.

Et pendant qu'on tente d'écraser toute opposition à ce programme non annoncé, des bien-pensants comme Joseph Facal à l'émission de Marie-France Bazzo vendredi matin (7h36 pour le début de l'entrevue) dit que la majorité silencieuse est prête à accepter les mesures d'austérité. Il dit que ce n'est que les radicaux des groupes sociaux qui se lèvent. Selon lui, les casseroles resteront bien rangées.

Couillard ne veut rien laisser au hasard. Il veut faire peur à la majorité silencieuse pour que les casseroles restent bien rangées. Il faut qu'on trouve le courage de faire face à la répression utilisée par le gouvernement. Moi, je sors mes casseroles dès maintenant !

Il faut maintenir le message sur la question de l'austérité et éviter le piège du gouvernement sur la question de la violence. Il faut pratiquer une résistance non violente, même face aux mesures de répression violente privilégiées par notre gouvernement. C'est la meilleure façon d'élargir la lutte et de convaincre de plus en plus de gens d'y prendre part.

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